Les ventes de voitures ont reculé en septembre aux États-Unis pour la première fois depuis mai 2011, selon des données publiées mardi relevant davantage pour les experts de l'accident technique que d'un coup de frein durable.

Au total 1,14 million de véhicules neufs ont été vendus le mois dernier aux États-Unis, soit une baisse de 4,2% sur un an, a estimé le cabinet spécialisé Autodata.

Les analystes s'attendaient globalement à un recul du marché après un mois d'août particulièrement bon (+17%) et en raison d'un effet calendaire défavorable: septembre 2013 a compté deux jours de vente de moins que septembre 2012. Le déclin s'est toutefois avéré plus prononcé que ce qu'anticipaient des cabinets spécialisés comme Edmunds.com (-3,7%) ou le Kelley Blue Group (-1,8%).

Parmi les poids lourds du secteur, le numéro un américain General Motors (Chevrolet, Cadillac, Buick) accuse l'une des baisses les plus importantes: ses ventes ont chuté de 11% à 187 195 unités.

En fait, les deux autres grands constructeurs américains «Ford et Chrysler ont été les seules notes favorables dans un marché en baisse pour les constructeurs automobiles», a relevé Edmunds.com.

Chrysler, contrôlé par le groupe italien Fiat, a annoncé mardi une hausse de ses ventes de 1% à 143 017 unités, affirmant qu'il s'agissait de son meilleur mois de septembre depuis dix ans.

Le numéro deux américain, Ford, a parlé pour sa part du meilleur mois de septembre depuis 2006 et fait état d'une progression de 6% à 185 146 véhicules.

Ford, au coude-à-coude avec Toyota depuis plusieurs mois, a réussi du coup à repasser devant son concurrent japonais, dont les ventes ont reculé de 4,3% à 164 457 unités.

L'autre constructeur japonais Honda a aussi accusé une baisse de 9,9% avec 105 563 véhicules vendus, tandis que le premier constructeur européen, Volkswagen, a vu les siennes plonger de 12,2% à 31 920 unités.

Fondamentaux toujours solides

Pour les experts, le raté de septembre n'augure toutefois en rien d'une nouvelle crise.

«Entre les désastres naturels, les multiples faillites et un changement de la demande, les ventes de voitures ont traversé des turbulences ces dernières années. Mais maintenant que les constructeurs japonais sont complètement remis du tsunami de 2011 et que les Américains ont retrouvé leurs forces après leurs efforts de restructuration, le marché se stabilise», assure Karl Brauer, un analyste du Kelley Blue Book.

«Le secteur vend toujours plus de voitures par jour que l'année dernière», nuance aussi Jessica Caldwell, une analyste d'Edmunds.com. «Beaucoup des fondamentaux qui ont soutenu des ventes de voitures solides depuis l'année dernière sont toujours en place, et nous pouvons nous attendre à ce qu'ils participent à un bon dernier trimestre 2013».

Kurt NcNeil, vice-président en charge des ventes américaines de GM, a lui aussi prédit mardi «une fin d'année solide et davantage de croissance en 2014 grâce à de nouveaux modèles et à une économie plus saine».

Bill Fay, un responsable de Toyota, a évoqué pour sa part «des taux d'intérêt qui restent bas et des consommateurs qui restent confiants», jugeant dans l'ensemble que septembre a été un mois solide pour l'industrie automobile».

Même la paralysie partielle des services de l'État fédéral depuis mardi faute d'accord sur le budget entre Républicains et Démocrates n'inquiète que modérément les experts.

«Les Américains s'interrogent peut-être sur leur foi dans le gouvernement en ce moment, mais ils ont toujours confiance dans l'économie», assure Lacey Plache, chef économiste chez Edmunds.com. «Les acheteurs de voitures américains ont été remarquablement résistants vu le cirque au Congrès sur l'année écoulée. Il n'y a pas de raison de penser que les ventes de voitures souffriront dans les prochains jours et semaines tandis que Washington tente de résoudre ce problème».