La voiture en libre-service arrive plus rapidement que prévu à Montréal. Initiateur d'un projet pilote destiné à évaluer sa pertinence, Communauto est en train de se faire doubler par un sérieux concurrent. La société Car2go, spécialisée dans le domaine, pourrait être la première à lancer ce service calqué sur le principe du BIXI.

L'entreprise montréalaise d'autopartage Communauto n'a pas seulement dévoilé hier les premiers résultats de son évaluation des véhicules en libre-service, elle s'est également inquiétée de l'initiative prise par trois arrondissements de créer des «vignettes universelles».

Cette vignette, qui permet de se garer en tout temps n'importe où sur le territoire d'un arrondissement - à l'exception des stationnements payants et des places de parcomètres -, est aujourd'hui utilisée de façon partielle sur le Plateau-Mont-Royal. Elle a pour but de permettre aux Nissan Leaf de Communauto - les voitures électriques choisies pour évaluer le libre-service - de se garer presque n'importe où.

À un mois de la fin de ce projet pilote mené avec la Ville de Montréal, Communauto regrette que les arrondissements d'Outremont, de Rosemont-La Petite-Patrie et de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce adoptent la création de ces vignettes universelles lors de leur prochaine séance du conseil, la semaine prochaine.

«La vignette universelle est un outil extrêmement puissant pour inciter les gens à utiliser une voiture en libre-service. [...] Le libre service doit être développé en collaboration avec les villes et pas autrement», assène Benoît Robert, président de Communauto.

Le principe de la voiture en libre-service est comparable à celui du vélo. À l'aide d'un téléphone intelligent ou du web, on repère une voiture libre et garée près de chez soi. On en bloque l'accès le temps de la récupérer et on la déverrouille au moyen d'une carte de membre. Une fois le trajet terminé, on stationne la voiture n'importe où grâce à la fameuse vignette universelle.

La concurrence arrive

Communauto n'est pas la seule à vouloir proposer ce service à Montréal. Filiale du géant allemand de l'automobile Daimler AG, Car2go est présente dans 23 villes à travers le monde. Ses 400 000 membres utilisent quotidiennement en libre-service ses modèles Smart, à essence pour la très grande majorité. Montréal est la prochaine cible territoriale de Car2go.

«L'accueil est extrêmement favorable à Montréal, il y a un engouement partout pour notre arrivée, soutient Jérémi Lavoie, directeur général de car2go Montréal. Une fois qu'on a les vignettes, on peut lancer le service rapidement.»

Après l'adoption de la résolution pour la création de ces vignettes, Car2go devra les acheter. Chaque voiture qu'il veut mettre à la disposition du public devra en posséder une, à un prix unitaire de 1000$.

La filiale de Daimler a officiellement le même objectif que Communauto. «On cherche à remplacer les voitures individuelles. On voit ailleurs que lorsque l'offre en libre-service est suffisante, les gens retardent l'achat d'un véhicule ou n'en achètent pas», dit M. Lavoie.

Si Communauto se fait le chantre de la voiture électrique pour un tel service, Car2go affirme être également très ouvert à l'utilisation de Smart électriques. «Quand l'offre de bornes de recharge à Montréal sera suffisante», précise M. Lavoie.

«C'est à la Ville de Montréal d'exprimer ses attentes et de tenter d'obtenir le mieux pour Montréal. Si la filière des voitures électriques s'avère prometteuse, pourquoi ne pas en faire une exigence pour l'obtention des vignettes de stationnement?», s'interroge Benoît Robert, de Communauto.

Conseiller municipal du Plateau-Mont-Royal, Alex Norris voit cette concurrence d'un bon oeil: «Les autres arrondissements veulent offrir le même service que nous à leurs citoyens. Ce sont de bonnes nouvelles. On ne peut pas discriminer tel ou tel fournisseur. On doit être équitable. Le fait qu'il y ait autant d'intérêt, c'est une excellente nouvelle pour les Montréalais.»

La création de vignettes universelles est à l'ordre du jour des réunions des conseils d'arrondissement d'Outremont et de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce lundi prochain. L'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie n'a pas confirmé si c'était à l'ordre du jour de son conseil.