Un illustrateur commercial de Waco, au Texas, a trouvé une idée pour faire parler de son entreprise et du réalisme saisissant des photos haute résolution sur vinyle qu'il applique sur des véhicules commerciaux et privés. Le coup publicitaire a fonctionné, mais pas exactement comme il le souhaitait.

La compagnie texane Hornet Signs a conçu un appliqué en vinyle avec une photo presque grandeur nature d'une femme ligotée. La photo-vinyle a été collée sur la portière arrière du pick-up d'un employé, avant qu'il ne rentre chez lui. Le trompe-l'oeil est tellement convaincant que plusieurs automobilistes ont appelé la police pour signaler qu'une femme kidnappée était couchée et attachée dans la boîte de la camionnette.

Quelqu'un a aussi appelé le journal de Waco et la télé locale. Comme Hornet Signs avait aussi mis son expérience de marketing sur son internet, le propriétaire Brad Kolb s'est retrouvé en quelques heures avec une controverse nationale sur les bras : son site internet et sa page FaceBook ont reçu des dizaines de milliers de clics et presque autant de messages indignés.

Tollé de protestations

«Je ne m'attendais pas aux réactions que nous avons eues et nous n'encourageons en aucune façon ce genre de choses. C'est une photo qu'on a testée dans le public, plus ou moins pour voir qui la remarquerait», a déclaré Brad Kolb, propriétaire de Hornet Signs, en entrevue à la station de télé KWTX de Waco.

La photo est l'idée d'un employé et la photo prise est celle d'une employée qui a accepté de poser.

M. Kolb n'a pas voulu critiquer le dérapage créatif de son personnel et a inscrit sur son site internet une citation de l'écrivain et poète T.S. Eliot, mort en 1965 et qui serait bien surpris d'être cité par une entreprise d'accessoires et de publicité automobiles: «Seuls ceux qui risquent d'aller trop loin découvrent jusqu'où ils peuvent aller.»

Devant l'avalanche de plaintes et des menaces, il a retiré la photo de son site internet et des médias sociaux.

Pieds et poings liés

L'image a déclenché la colère de nombreux internautes de partout aux États-Unis, mais aussi de Waco, où certaines personnes ont appelé à boycotter Hornet Signs. Des organismes luttant contre la violence conjugale ont fait valoir que cette image et son utilisation comme décoration d'auto banalisaient la brutalité et la violence faites aux femmes. Par contre, une minorité de commentateurs ont félicité M. Kolb pour la créativité de son équipe et invité Hornet Signs à remettre la photo sur sa page Facebook.

De nombreuses autres créations utilisant la technique du trompe-l'oeil sur la porte de la benne de camionnettes ont été réalisées par Hornet Signs. L'une donne l'impression qu'un zombie ensanglanté gît dans la caisse, une corde attachée au cou. Une autre montre un fantassin américain en tenue désertique couché derrière sa mitrailleuse, tenant en joue le conducteur de la voiture suivant la camionnette.

En fin de compte, devant la controverse croissante au sujet de la photo de la femme ligotée, M. Kolb a fini par rappeler les médias locaux pour l'arracher publiquement de la camionnette. Puis, devant les caméras, il l'a roulée en boule, lancée dans une brouette, imbibée d'allume-feu et l'a fait brûler.

Il a souligné que la photo sur vinyle n'a jamais été offerte comme produit par Hornet Signs.

Impact favorable pour les affaires

Il a aussi fait don publiquement de 2500 $ à un organisme d'aide aux femmes violentées et mis sur son site internet les adresses de quatre organismes du Texas ayant une vocation semblable.

M. Kolb a reconnu que la réaction du public avait été essentiellement très négative, mais quand on lui a demandé comment allaient les affaires, il a indiqué que les affaires avaient augmenté appréciablement depuis la controverse.