Depuis plus d'un siècle, l'automobile traverse les décennies et marque chaque fois des générations entières d'automobilistes. Mais qu'est-ce qu'une voiture à 20 ans ou à 80 ans ? Quatre automobilistes, fort différents, répondent.

57 ans

Laval

Spécialiste en ressources humaines

Automobiliste depuis 39 ans

Norman Mc Kenzie est l'automobiliste lambda par excellence. La voiture qui résume le mieux sa philosophie est sans doute cette Corsica qu'il a possédée il fut un temps. Elle avait la particularité d'être rose.

Q. Quel rapport entretenez-vous à la voiture ?

R. « Je suis un homme qui s'assure d'avoir une voiture dans laquelle il n'a pas honte de s'asseoir. Cependant, ce qui est important pour moi, c'est la fiabilité de l'automobile. Je ne veux pas prendre la route et me dire que j'ai un souci. Je suis parfait pour être membre de CAA. Et parallèlement à ça, j'achète continuellement des autos d'occasion. »

Q. L'auto d'occasion est pour vous une dépense plus rationnelle qu'une voiture neuve à 25 000 ou 30 000 $ ?

R. « Exactement. Pour moi, l'automobile, ce n'est pas quelque chose qui est primordial en matière d'achat. J'aime autant acheter autre chose qui va être un luxe pour moi. L'automobile est vraiment un outil pour me rendre du point A au point B. Et de plus en plus, je regarde l'aspect économique. Un achat de 35 000 ou 40 000 $ n'est pas ce que je recherche. »

Q. L'esthétisme ne semble pas être un de vos critères d'achat d'une voiture.

R. « Non, effectivement. Je tente de faire durer les automobiles. Je n'ai pas eu une tonne d'autos au fil des 40 dernières années. Mes trois critères sont toujours le budget, la fiabilité et la consommation d'essence. »

Q. C'est quoi, une voiture, selon vous ?

R. « C'est quelque chose dont on a besoin pour notre train de vie quotidien. Étant banlieusard, étant quelqu'un qui se déplace souvent, c'est pour moi une nécessité. »

Q. Quelle est l'utilité de votre voiture, alors ?

R. « Je suis un homme qui tente de profiter au maximum de la vie : je veux aller dans le Nord, il me faut quelque chose pour m'y rendre. Pour aller au chalet, pour faire le magasinage. Je ne peux pas prendre les transports en commun. Mais je vais utiliser les transports en commun dès que je vais aller en ville à Montréal. Je laisse mon auto au métro à Laval et je prends les transports en commun pour éviter les problèmes de circulation. »

Q. Attachez-vous de l'importance à la voiture en général ?

R. « À ma voiture, oui, j'y attache quand même de l'importance. Car je veux qu'elle dure le plus longtemps possible. »

Q. Est-ce une obligation d'en avoir une ?

R. « Dans mon rythme de vie, oui, c'est une obligation. Mais on peut vivre sans automobile quand même. »

Q. Est-ce une corvée d'avoir une voiture ?

R. « Non, ce n'est pas du tout une corvée, c'est un outil tellement pratique. C'est un moyen de transport et un moyen de véhiculer des objets. »

Q. Est-ce un luxe ?

R. « De nos jours, avec le prix de l'essence et de l'entretien d'une automobile, oui. Mais peut-on se passer de ce luxe-là ? Je ne pourrais pas. J'ai vécu un an sans voiture pour des raisons de santé, ç'a été très pénible. »

Q. Est-ce un privilège ?

R. « Je viens d'un quartier fort défavorisé où beaucoup de gens ne peuvent pas se payer de voiture. C'est peut-être ces racines qui font en sorte que je n'ai pas besoin d'une auto qui vaut 45 000 $. »

Q. Quelle relation avez-vous avec une voiture ?

R. « Je vais la bichonner, y faire attention, pour maximiser éventuellement le prix de revente de cette automobile si je veux la changer. »

Q. Avez-vous constaté au fil des ans une évolution dans notre rapport à l'automobile ?

R. « Ce qui a le plus changé dans mon rapport à l'automobile est la consommation d'essence. Après, en ce qui concerne l'automobile en général, je constate l'évolution des VUS. Cela existait peu avant et, maintenant, un véhicule sur deux peut-être est un VUS. Alors que cela n'est pas nécessairement une utilité pour tout un chacun. »

Apprenez-en plus sur notre gars ordinaire Norman Mc Kenzie et sa génération en exclusivité sur La Presse+.

22 avril - Le passionné

29 avril - L'ambivalente

6 mai - Le « gars ordinaire »

13 mai - La « cow-boy »