De nouvelles sanctions contre le surf de voiture (car surfing) et les courses de rue viennent d'entrer en vigueur au Québec. Seront-elles suffisamment dissuasives ?

Depuis le 25 avril dernier, toute personne déclarée coupable d'une infraction de course de rue au volant d'un véhicule ou d'une infraction de surf de voiture verra automatiquement 12 points d'inaptitude portés à son dossier de conduite. Autant dire que tout conducteur âgé de moins de 25 ans coupable d'une telle infraction verra son permis révoqué.

Auparavant, une course de voiture valait six points d'inaptitude à son auteur, alors que l'infraction pour surf sur voiture n'entraînait pas l'ajout de points.

Cette nouvelle sanction s'ajoute à celles déjà en vigueur. Ces deux pratiques « inacceptables et dangereuses », selon les termes de la SAAQ, sont également sanctionnées par une suspension immédiate du permis et une saisie immédiate du véhicule pour une période de sept jours dans le cas de la première infraction et pour une période de 30 jours dans le cas d'une récidive. De plus, ces pratiques sont passibles d'une amende pouvant varier de 1000 $ à 3000 $. Le montant de l'amende a été haussé l'an dernier. La définition légale du car surfing n'a pas changé (voir tableau).

La Société de l'assurance automobile du Québec rappelle que tous les participants à une partie de surf de voiture sont sanctionnés, tant le conducteur que le surfeur.

« Des poursuites criminelles peuvent aussi être intentées contre une personne impliquée dans une course de rue ou dans du surf de véhicule », signale la SAAQ. Le Code criminel prévoit ultimement la prison à perpétuité.

Reste à savoir si ces mesures auront un effet dissuasif auprès des jeunes automobilistes, les plus enclins à se livrer à ces pratiques.

Coroner à Drummondville, le Dr Martin Sanfaçon doute que ce soit la meilleure approche à adopter. Même s'il n'est pas « contre les efforts et les propositions qui sont faits », il croit plus à une campagne de sensibilisation des tiers, voire à l'influence des pères de famille. « Ils ont un effet plus important que les propos vertueux de gens auxquels les jeunes ne s'identifient pas », dit-il.

Ce directeur médical du Service d'intervention d'urgence du Centre-du-Québec estime qu'il n'y a pas de solution parfaite pour contrer ce genre de comportement au volant.

« La témérité au volant est un problème vieux comme le monde lié à l'être humain et non pas à notre société en particulier, dit-il. Dans toutes les sociétés, les jeunes hommes cherchent à crâner. »

D'après Jean-Marie De Koninck, le renforcement des sanctions va au contraire être « extrêmement dissuasif » auprès des jeunes.

« Pour un jeune, perdre son permis de conduire, c'est la pire chose qui puisse arriver. Les jeunes tiennent mordicus à leur permis. Ils ont effectivement besoin de tester leurs limites. Mais on espère qu'ils envisageront les deux, les limites et les sanctions », affirme le président de la Table québécoise de la sécurité routière.

Les campagnes de sensibilisation ont leurs limites, croit-il. « Les jeunes sont très peu attentifs, ils regardent moins la télévision qu'avant. »

La menace de perdre son permis sera-t-elle dissuasive ?

Définition légale du «car surfing»

- Prendre place sur un véhicule en mouvement (sur le toit, à l'arrière, sur le côté, etc.).

- Prendre place dans l'espace de chargement d'un camion ou d'un pick-up en mouvement.

- S'agripper à un véhicule en mouvement ou se faire tirer.

- Prendre place dans un canapé, sur une planche à roulettes, un traîneau ou tout autre objet relié ou attaché à un véhicule en mouvement.

Source : SAAQ

En chiffres

10: Une dizaine de cas de « car surfing » ayant fait des victimes ont été répertoriés de 2007 à 2011 au Québec.

1425: Un total de 1425 infractions de culpabilité pour course de rue ont été enregistrées de 2007 à 2011 au Québec.

Source : SAAQ