Depuis plus d'un siècle, l'automobile traverse les décennies et marque chaque fois des générations entières d'automobilistes. Mais qu'est-ce qu'une voiture à 20 ans ou à 80 ans ? Quatre automobilistes, fort différents, répondent.

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33 ans

Montréal

Chargée de comptes

Automobiliste depuis 17 ans

Marie-Noëlle Carey l'avoue: son rapport à la voiture la laisse perplexe. Elle ignore si elle est une automobiliste, une cycliste, une piétonne ou (peut-être) tout cela à la fois... Explications.

Q. Quel rapport entretiens-tu à la voiture?

R. «J'adore mon auto, j'ai besoin d'une auto pour me déplacer, aller à l'épicerie, sortir le week-end. J'ai besoin de savoir qu'elle est dans ma cour, que je peux la prendre n'importe quand. Mais j'ai aussi ma carte OPUS de transports en commun 12 mois par année, et je suis abonné au BIXI, donc je fais 10 000 km par année avec ma voiture.»

Q. La voiture et les transports en commun ne sont-ils pas incompatibles?

R. «J'aime avoir le choix de mon transport le matin quand je me lève. S'il pleut, ça va être la voiture. S'il fait beau, le BIXI. Si je sais que je vais rester au centre-ville avec des amis le soir, je ne vais pas prendre ma voiture. S'il y a une grosse tempête de neige à venir, je laisse ma voiture trois jours au stationnement au travail et je la ramène quand ma rue est déneigée.»

Q. C'est un rapport complexe à la voiture...

R. «On dirait [rires]. En fait, j'aime conserver le choix. J'ai vraiment le choix, le matin.»

Q. En habitant dans le quartier Rosemont, à Montréal, on n'a pas forcément besoin d'une voiture, non?

R. «Tout à fait.»

Q. À quoi la voiture sert-elle, alors?

R. «Elle sert la fin de semaine. Elle sert à me déplacer plus rapidement. La fin de semaine, les transports en commun sont beaucoup plus lents. Il y a moins d'autobus. Je sais que j'ai la chance de pouvoir me le permettre, de pouvoir me payer une voiture et de garder cette liberté-là. Alors, je le fais.»

Q. C'est pourtant facile de se passer d'une voiture à Montréal. À preuve, ta carte OPUS et ta clé BIXI...

R. «J'ai essayé pendant trois mois. Ça n'a pas marché. En raison de la complexité à réserver une voiture, à organiser mes déplacements différemment, surtout pour la fin de semaine. Cela m'enlevait de la flexibilité, de la liberté. Je ne veux pas à avoir à me casser la tête la fin de semaine.»

Q. Qu'est-ce que c'est, une voiture, pour toi?

R. «Je pensais avant qu'une voiture était simplement un mode de transport pour aller du point A au point B. Jusqu'à ce que j'aille vers des voitures un peu plus haut de gamme comme Acura. Et là, j'ai apprécié un certain luxe que cela peut offrir, une meilleure tenue de route, un meilleur confort. Je me suis donc rendu compte que j'aimais particulièrement les plus belles voitures.»

Q. Tes voitures successives représentent des choix précis...

R. «Je suis tombée amoureuse d'Acura quand j'ai changé ma dernière Mazda. Je ne me suis pas cassé la tête, je voulais un 4x4, avec la neige. Car avec la Mazda, j'étais toujours prise dans la neige. Les amis venaient m'aider pour me sortir. Je me suis dit: c'est assez.»

Q. Quand tu as acheté ta voiture, savais-tu ce que tu voulais?

R. «Je savais ce que je voulais, mais j'avais plus d'exigences sur les accessoires. Je suis très, très feeling. Les performances exprimées en chiffres ne me disent rien. Moi, c'est l'impression.»

Q. Attaches-tu de l'importance à la voiture en tant que telle?

R. «Oui, j'y attache de l'importance. J'en ai besoin pour le travail pour aller rencontrer des clients.»

Q. La voiture, une obligation ou une corvée?

R. «Une obligation.»

Q. Un luxe?

R. «Une nécessité.»

Q. Un mal nécessaire?

R. «C'est extrêmement pratique.»

Q. Un inconvénient environnemental?

R. «Oui. J'aurais pu choisir une voiture un peu plus écoénergétique, mais je me dis que je fournis ma part en prenant autant le BIXI et les transports en commun, je me dis que j'ai acheté comme des points bonus en faisant cela et que je peux me permettre d'utiliser un peu plus ma voiture la fin de semaine.»