L'année 2012 s'est bouclée sur deux tendances fortes dans le domaine des ventes automobiles: les grands formats et le luxe ont la cote au Canada. Ce dynamisme n'empêchera cependant pas le marché de s'essouffler.

Pour la première fois de l'histoire, les Canadiens ont acheté plus de 100 000 unités d'un même modèle neuf en une seule année. Les camions légers de la Série F de Ford ont franchi la barre des 106 000 unités vendues. Les puristes de la statistique pourront toujours argumenter qu'on ne doit pas mettre dans le même sac un F-150 et un F-350, mais cette gamme surpasse tout de même largement celles du Ram (67 634) et du Chevrolet Silverado (35 943). Elle surclasse même la voiture la plus vendue au pays, la Honda Civic (64 962).

 

Le petit a beau être... économique, il n'est manifestement pas le plus attrayant sur le marché. On vend toujours plus d'utilitaires, de multisegments et de camions légers que de voitures - très exactement 17% de plus l'an dernier. Hier, sur fond de crise économique et d'inflation des prix de l'essence, les constructeurs ont parié sur de petits modèles. À tort aujourd'hui. Parce que, justement, ces deux paramètres ne se sont pas répétés.

 

Dans la même période, la richesse a continué à circuler. Un peu partout sur la planète, les riches sont devenus de plus en plus riches. Et de plus en plus nombreux.

 

Par conséquent, le marché du luxe et du haut de gamme ne s'est jamais aussi bien porté dans le domaine automobile. Rolls-Royce a vendu en 2012 plus de 3500 voitures dans le monde - un record dans son histoire. Autre exemple, Bentley a atteint pendant la même période des ventes mondiales inégalées de plus de 8000 unités.

 

Au Canada, ce phénomène s'est traduit par un essor du luxe du côté des utilitaires sport. Parmi toutes les catégories de véhicules, celles des VUS compacts et des VUS grand format - de luxe - ont affiché les plus importantes croissances de ventes l'an dernier, respectivement 34,1% et 25,1%. L'ensemble du secteur automobile de luxe a crû de plus de 10% l'an dernier et a franchi le cap des 162 000 véhicules vendus au Canada, ce qui correspond à presque 10% des ventes totales - une proportion significative.

 

Attention à l'essoufflement

 

Mais cet essor n'a pas suffisamment dopé les ventes l'an dernier, puisque le marché a progressé de 5,7% à l'échelle nationale, ce qui est relativement peu élevé. Cette faiblesse est attribuable à la croissance anémique des ventes dans les deux plus importantes provinces, le Québec ("2,1%) et l'Ontario ("5%).

 

Même si 2012 est l'une des meilleures années de la décennie pour les ventes au Canada, il n'en reste pas moins que la croissance n'est pas soutenue et reste fragile. Selon les prévisions de la firme américaine d'analyses économiques IHS, les ventes de véhicules n'augmenteront que de 1% cette année au pays. Comparativement à 2012, la croissance des ventes sera moindre dans tous les grands marchés: à peine 5% aux États-Unis, environ 2% en Russie, 3% à l'échelle de la planète. Les ventes reculeront même encore en Europe et au Japon. Seule la Chine affichera une croissance supérieure à celle de l'année précédente ("9%).

 

Le redressement du secteur automobile reste donc fragile.