Un rapport publié l'an dernier dans l'indifférence générale par les autorités environnementales de Californie, a eu une deuxième vie plus mouvementée durant la dernière semaine de la campagne électorale américaine.

Un chroniqueur du quotidien USA Today a suggéré que le gouvernement fédéral interdise complètement la vente au détail de l'huile à moteur, invoquant les quantités inouïes d'huile à moteur sale jetées dans la nature par des Monsieur Bricole automobiles qui se foutent des règlements environnementaux.

Selon un rapport du ministère californien des Ressources, du recyclage et de la récupération, près de 40% de la pollution des lacs et rivières des États-Unis vient d'huile à moteur usagée qui se retrouve dans la nature. Beaucoup de gens font un petit détour pour déverser l'huile de vidange dans un dépôt de recyclage, mais il y a plein de malpropres qui jettent ça à la poubelle ou dans les fossés le long des routes.

«La solution? L'interdiction», a écrit le chroniqueur Chris Woodyard, un vieux pro du journalisme automobile qui savait certainement ce qu'il faisait en écrivant son brûlot en pleine campagne électorale. L'automobile, l'environnement et l'idée même que l'État intervienne dans l'économie sont un mélange polémique aux États-Unis. Les mécaniciens du samedi qui font eux-mêmes la vidange d'huile dans leur entrée sont montés au front sur l'internet, faisant remarquer avec justesse que sans la compétition des bricoleurs, le prix du changement d'huile augmenterait dans les garages.

«Il faut empêcher la vente au détail d'huile à moteur et de filtres à huile. Ou bien exiger des dépôts élevés, remboursables seulement si on ramène la vieille huile vidangée», poursuit le chroniqueur, qui fait remarquer que plus personne ne se plaint, maintenant, quand il faut payer un dépôt de ce genre à l'achat d'une batterie (ou de pneus, dans certaines provinces et États).

Ce n'est pas demain que les quincailleries cesseront de vendre de l'huile à moteur à qui veut en acheter, mais la minipolémique déclenchée par le journal a relancé le débat sur les méfaits environnementaux de ce produit.

La Californie, l'État des autoroutes à perte de vue, a lancé l'an dernier une campagne visant à changer l'habitude ancestrale créée et entretenue par les vendeurs d'huile à moteur et les garagistes de changer l'huile à tous les 5000 km. Certains constructeurs automobiles recommandent maintenant de changer l'huile seulement après 10 000 km.

En attendant, notent les autorités environnementales de Californie, cet État consomme 430 millions de litres d'huile à moteur par année et a la capacité de recycler seulement une fraction de ce lac d'huile à moteur qui correspond à 173 piscines olympiques.