Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a demandé mercredi la convocation « dans les prochains jours » d'un conseil d'administration de Renault pour désigner un successeur à son PDG Carlos Ghosn incarcéré au Japon.

« J'ai toujours indiqué, en rappelant la présomption d'innocence de Carlos Ghosn, que s'il devait être durablement empêché, nous devrions passer à une nouvelle étape. Nous y sommes », a reconnu le ministre sur LCI.

« Dans cette nouvelle étape, nous avons besoin maintenant d'une nouvelle gouvernance pérenne pour Renault », a-t-il ajouté, alors que plusieurs plusieurs émissaires du gouvernement français se trouvent à Tokyo pour parler du dossier Renault-Nissan.  

« J'ai demandé explicitement, comme actionnaire de référence, que le conseil d'administration de Renault soit convoqué dans les prochains jours », a-t-il aussi indiqué.  

« Nous souhaitons que ce conseil d'administration désigne une nouvelle gouvernance pérenne pour Renault », a souligné M. Le Maire. Alors qu'on lui demandait si cela signifiait que M. Ghosn allait être remplacé, il a répondu : « Tout à fait ».

Le ministre n'a pas précisé si le nouveau PDG prendrait aussi la tête de l'alliance avec les japonais Nissan et Mitsubishi : « Ce sera au conseil d'administration de lui dire exactement les contours de ses fonctions ».  

Il a rejeté clairement une redistribution des participations au sein de l'Alliance, qui est devenue avec M. Ghosn le premier constructeur mondial.  

L'ancien PDG de Michelin pressenti

« Nous souhaitons la pérennité de l'alliance. La question des participations au sein de l'alliance n'est pas sur la table », a-t-il assuré.

Les emblèmes de Renault et Nissan devant un concessionnaire des deux marques à Saint-Avold, entre Metz et la frontière belge. photo Reuters

Interrogé sur l'éventuelle candidature de Jean-Dominique Sénard, le président sortant de Michelin dont le nom circule dans la presse comme possible président non exécutif de Renault, M. Le Maire en a loué les qualités sans se prononcer pour autant.  

« C'est un grand industriel, un homme qui a une conception sociale de l'entreprise et qui l'a démontré à plusieurs reprises », a-t-il déclaré, soulignant qu'il était « un spécialiste du secteur automobile ».

Il a toutefois souligné que « l'État se prononcera sur la base des candidats qui lui seront soumis comme actionnaire de référence ».

L'État est le premier actionnaire de Renault, avec 15,01 % du capital. Nissan en détient 15 %, mais sans droits de vote en assemblée générale. Renault contrôle pour sa part 43 % de Nissan, qu'il a sauvé de la faillite il y a près de 20 ans.

Carlos Ghosn, mis en examen notamment pour abus de confiance, a vu sa demande de libération sous caution de nouveau rejetée mardi et pourrait rester des mois en prison, ce qui rendait difficile son maintien à la tête de Renault dont il est toujours PDG.

Jean-Dominique Sénard (à d.), le PDG sortant de Michelin pourrait remplacer Carlos Ghosn. On le voit ci-haut lors de son passage à Montréal quand Michelin a acheté le fabricant québécois de pneus agricoles Camso. Photo La Presse