Le Rogue reprend la main, mais conserve les atouts qui ont fait son succès. La mouture qui vient d'arriver dans les salles d'exposition le met au niveau d'une concurrence devenue fort active. Au premier coup d'oeil, l'offre de Nissan n'est plus aussi originale que la première génération, mais on soigne intelligemment les apparences et les places à bord. En effet, une option «7 passagers» est pour la première fois offerte.

Avant même son renouvellement, le Rogue occupait toujours le quatrième rang de la catégorie au chapitre des ventes au Québec. Une performance certes méritoire, mais Nissan se trouvait tout de même loin derrière les ténors que sont le Toyota RAV4, le Honda CR-V et le Mazda CX-5.

Pour se hisser au même niveau, un changement s'imposait, mais sans toutefois repartir d'une feuille complètement blanche. De toute évidence, Nissan cherche à recentrer ce modèle. L'objectif est de faire remonter les ventes.

Le Rogue se présente sous des atours fort différents de ceux du modèle qu'il remplace. Côté style, les changements ne manquent pas. La carrosserie s'est musclée, les ailes sont saillantes, les projecteurs s'allongent sur les ailes et l'espace qu'elle occupe dans la rue (et le ciel aussi) augmente.

Le véhicule est plus large, plus haut, mais étonnamment plus court d'une quinzaine de millimètres que son prédécesseur. On a peine à le croire: l'empattement, lui, progresse. Cette refonte en trompe-l'oeil s'explique par la réduction du porte-à-faux avant. Soulignons aussi que l'ouverture des portes arrière s'est accrue pour faciliter l'entrée et la sortie des passagers.

Les proportions nouvelles du Rogue permettent à ses concepteurs de clamer que ce modèle est beaucoup plus spacieux que la mouture précédente. Et, pour nous en convaincre, ils ont trouvé le moyen d'enchâsser une troisième rangée de sièges. Naturellement, ces deux places supplémentaires ne sont bonnes que pour de jeunes enfants. Et elles coûtent 2000$. Une offre séduisante, quoiqu'un tantinet trompeuse: sept personnes, d'accord, mais à la condition expresse de laisser les bagages sur le trottoir.

Elle assure à tout le moins à Nissan de se démarquer dans un segment aussi encombré. N'est-ce pas là le plus important?

Il faut savoir que le Rogue se décline en trois versions: S, SV et SL. La première (S) permet à Nissan de disposer d'un modèle d'accès un peu moins cher, mais je vous recommande de lever le nez sur cette proposition. La palette de couleurs est plutôt triste et il n'y a aucun moyen de profiter de toutes les innovations apportées à cette mouture, y compris la version 7 places.

Étonnamment, aux États-Unis, celle-ci est offerte sur cette livrée d'entrée de gamme. Une question de volume, sans doute, mais aussi de stratégie: le Rogue figure au deuxième rang des produits Nissan les plus vendus chez nos voisins.

À l'intérieur, les choix de matériaux ne sont pas toujours très heureux ou très gais. Que du noir à bord de la S. Cela ne vous empêchera pas de voir les progrès accomplis, surtout en matière d'habitabilité et d'aménagement de l'espace.

Le coussin de la banquette arrière coulisse et ses dossiers s'inclinent pour maximiser le confort de ses occupants. Même le dossier du siège passager avant se plie pour faciliter le transport de longs objets. Cette Nissan propose par ailleurs un système novateur appelé Divide-N-Hide. Celui-ci autorise 18 réglages possibles, dont un compartiment à l'abri des regards et une plateforme plus basse pour embarquer les articles de grandes dimensions. Le dossier de la banquette (configuration 5 places) se rabat en trois sections (40-20-40). Les espaces de rangement sont tout aussi nombreux et pratiques.

Sur le plan technologique, le Rogue en «beurre épais», comme disent les Japonais. Plusieurs technologies éprouvées sur d'autres modèles (y compris au sein de sa filiale de luxe Infiniti) s'invitent à bord. Du nombre, on retient le dispositif de visualisation du périmètre (chez Nissan, on dit Around View).

Avec ses quatre petites caméras montées à l'avant, sur les côtés et à l'arrière du véhicule, il nous permet d'avoir des yeux tout le tour de la tête. On trouve également le système de surveillance des angles morts, essentiel en raison de l'épaisseur des piliers arrière, et un autre de détection de sortie de voie. Mais toutes ces douceurs ont un coût.

Banales en apparence, les technologies de connectivité et d'intégration des téléphones intelligents et la navigation avec écran tactile demeurent les plus efficaces. Ces deux éléments fonctionnent merveilleusement bien et sont d'une désarmante simplicité. On ne peut en dire autant de l'ergonomie de certaines commandes placées à la gauche de la colonne de direction. Celles-ci sont difficiles à repérer et leur manipulation exige de quitter la route des yeux. Pour un constructeur qui ambitionne de réduire les accidents, il y a lieu de revoir cette disposition.

Comportement sans histoire

Désormais assemblé à Smyrna, au Tennessee, le Rogue de Nissan est le premier véhicule construit sur la nouvelle plateforme que Nissan a conçue avec Renault.

Cela dit, en dépit de l'utilisation accrue de matériaux plus légers - le capot est maintenant en aluminium -, le Rogue pèse une soixantaine de kilos supplémentaires. Ça s'annonce mal, puisque le moteur, lui, affiche le même rendement. En effet, la puissance et le couple du quatre-cylindres 2,5 L - une vieille connaissance - sont demeurés les mêmes et Nissan refuse d'alimenter le moteur au moyen d'une injection directe.

L'une des grandes nouveautés touche la boîte de vitesse qui accompagne cette motorisation. Il s'agit toujours d'une CVT, mais celle-ci a fait l'objet d'une profonde révision destinée à lisser ses sources d'irritation et la rendre ainsi beaucoup plus agréable à vivre au quotidien. C'est plutôt réussi.

L'ajout du mode Sport contribue à améliorer les accélérations et les reprises, même si celles-ci, chronomètre en main, sont légèrement inférieures à celles du Rogue de première génération. Doit-on s'en plaindre, étant donné les limitations de vitesse? Il y a cependant tout lieu de se réjouir des gains en consommation par rapport au modèle antérieur. On regrettera seulement l'absence de palettes au volant.

De joli petit camion pour quartier résidentiel, le Rogue est devenu une familiale idéale pour partir aux sports d'hiver et prendre d'assaut la montagne. Son rouage à quatre roues motrices (une option) s'avère plus réactif que par le passé et d'une motricité supérieure au moment des départs. Il va sans dire qu'il n'est pas le seul à contribuer au meilleur équilibre de ce véhicule, notamment sur une chaussée à faible coefficient d'adhérence. Le Rogue bénéficie également de plusieurs contrôles actifs (virage-freinage-suspension).

Toutes ces «aides» facilitent la conduite. Ils ne la rendent hélas pas plus excitante. Dans ce domaine, l'amateur déplorera le manque de sensation de la direction, le freinage un peu spongieux et l'amortissement un peu trop souple. Bien des automobilistes n'y verront que du feu.

Ce qu'il faut retenir

> Fourchette de prix : 23 498 $ à 32 228 $

> Frais de transport et préparation : 1630 $

> Garantie de base : 3 ans/60 000 km

> Consommation réelle : 9,8 L/100 km

> Chez les concessionnaires : Maintenant

> Pour en savoir plus : www.nissan.ca

Fiche technique (version SL)

> Moteur (essence) : L4 DACT 2,5 litres

> Puissance : 170 ch à 6000 tr/min

> Couple : 175 lb-pi à 4400 tr/min

> Poids : 1639 kg

> Rapport poids-puissance : 9,64 kg/ch

> Mode : Intégral

> Transmission de série : Automatique à variation continue (CVT)

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/nd

> Freins (avant-arrière) : Disque/Disque

> Pneus (avant-arrière) : 225/65R18

> Capacité du réservoir/Essence recommandée : 55 litres/ordinaire

On aime

> Polyvalence intérieure

> Comportement sans histoire

> Connectivité simple et efficace

On aime moins

> Version S inintéressante

> Ergonomie à revoir

> Statu quo technique