Nissan Altima 2013: Prière de ne pas la modifier

Prendre des risques. Voilà une voie qui n'est plus guère fréquentée par les constructeurs devenus de plus en plus frileux. Nissan n'échappe pas à la règle. Sa refonte de l'Altima en témoigne, hélas, avec éloquence.

Forte du succès qu'elle remporte sur le marché tant canadien qu'américain, l'Altima invite ses concepteurs à la remanier avec prudence. Pas question de connaître un passage à vide, encore moins de trébucher à l'heure où la concurrence se renouvelle elle aussi. Nissan, dont l'Altima figure au quatrième rang des intermédiaires les plus vendues au Québec, partage cette année les feux des projecteurs avec les Malibu (Chevrolet), Fusion (Ford), Accord (Honda) et 6 (Mazda). L'opposition est forte et en apparence très douée. Mais, Nissan fait le pari - et le constructeur n'est pas le seul -, que l'acheteur d'une berline intermédiaire est plus conservateur qu'on ne le croit. Cela reste à voir.

Pour qui redoute le changement, l'Altima se fait rassurante. Cette Nissan conserve sensiblement la même allure que la génération précédente. Bref, disons qu'elle scintille davantage sous ce chrome qui décore sa carrosserie. Cette dernière est plus longue que la précédente, plus large aussi. En revanche, l'empattement est demeurée le même. Qu'à cela ne tienne, cette Altima est la plus spacieuse jamais produite en raison notamment d'un meilleur dégagement au niveau des épaules.

Évoluer sans avoir l'air

Au premier regard plus enveloppée, cette Altima a été quelque peu allégée. Oh, pas de beaucoup - une soixantaine de kilos -, mais suffisamment tout de même pour le souligner, parce qu'elle compte dorénavant plus de pièces en aluminium, notamment le capot, le toit et le couvercle du coffre.

Sur le plan mécanique, Nissan est resté dans sa zone de confort. Le constructeur japonais renouvelle sa confiance en ses quatre et six-cylindres existants. Pas question de courir le risque de la concurrence, qui parfois élimine le V6, même si celui-ci ne représente que 10% des ventes. Frileux, dites-vous? Et comment!

Néanmoins, ce n'est pas le statu quo technique pour autant. Le quatre-cylindres 2,5 litres reçoit un dispositif de calage variable des soupapes à l'admission. Autrefois, seulement celles de l'échappement en étaient dotées. C'est toujours cela de pris.

Pour transmettre les 182 chevaux (11 de plus que l'an dernier) de cette mécanique à traction, Nissan limite son offre à une seule boîte: à variation continue (CVT). Honnie de nombreux automobilistes qui lui reprochent de faire «tourner le moteur dans le vide», cette boîte se prête plutôt bien à une intermédiaire aussi placide. Pour s'assurer de la meilleure économie d'essence possible, les rapports préencodés (ou virtuels, selon votre définition) ont été espacés et la friction interne réduite de quelque 40%. Fait à noter, les versions quatre-cylindres conservent une courroie en caoutchouc, alors que les modèles V6 adoptent une chaîne métallique. Une solution visant à résoudre les problèmes de fiabilité rencontrés par le passé, estiment les techniciens oeuvrant chez les concessionnaires.

Quant au châssis, il se greffe d'une suspension arrière à bras multiples aux réglages revisités. La suspension comporte également un dispositif visant à corriger le sous-virage (tendance à tirer tout droit dans les virages), susceptible d'affecter la stabilité du véhicule. Ce système permet de rendre la conduite régulière plus souple et non, prévient Nissan, de transformer l'Altima en voiture de course. Le système mis au point par Nissan conjugue plusieurs aides à la conduite (antipatinage, correcteur de stabilité électronique, ABS) pour faciliter le passage en courbe, sans nécessiter la moindre intervention du conducteur. Maintenant, est-ce que ça fonctionne? Oui et plutôt bien d'ailleurs. Ce dispositif ne laisse en aucun temps soupçonner sa présence. Pour juger de la pertinence de cette «innovation», il faut se glisser au volant d'une Altima de précédentes générations. Le nouveau modèle apparaît autrement plus stable et plus sécurisant à conduire. Bien vu!

En revanche, les personnes qui n'ont jamais pris le volant d'une Altima découvriront une berline agréable, mais sans saveur. Une auto qui nous mène du point A au point B, sans plus. Une auto comme il existe déjà trop dans ce segment: fade, incolore et sans saveur. C'est l'avis d'un pilote d'essai qui place l'agrément de conduite au sommet de ses critères d'achat. L'acheteur traditionnel de ce type de voitures n'en demande pas tant. D'ailleurs, il a peu de chance qu'il ne remarque l'assistance exagérée et le manque de précision de la direction, ou encore la faiblesse du freinage qui peine à immobiliser la voiture aussi rapidement que plusieurs de ses concurrentes. En revanche, on aura tôt fait d'apprécier le compromis réalisé par les ingénieurs entre confort et tenue de route et la stabilité du véhicule sur les voies rapides.

Dans la norme

Quant à l'aménagement intérieur, il a subi ce qui ressemble davantage à un coup de plumeau qu'à un réaménagement complet.

Il faut s'attarder aux détails pour mesurer la qualité du travail accompli par ses concepteurs. Les baquets avant dont le dessin s'inspire de recherches réalisées par la NASA ne sont ni plus ni moins confortables que ceux de la concurrence. Même sur de longs trajets. Peut-être auriez-vous davantage souhaité que le fruit de ces recherches soit également appliqué à la banquette arrière? Celle-ci, à défaut d'être aussi moelleuse que les sièges avant, offre un dégagement très appréciable.

Pour bien des acheteurs qui verront en l'Altima une berline familiale sans histoire, cela suffit.

ON AIME

> Comportement sûr

> Fiabilité éprouvée

> Places arrière spacieuses

ON AIME MOINS

> Direction endolorie

> Boîte CVT ou rien

> Refonte timide

CE QU'IL FAUT RETENIR

> Fourchette de prix: 23 698$ à 32 598$

> Frais de transport et préparation: 1695$

> Version essayée: 2,5 S

> Garantie de base: 3 ans /60 000 km

> Consommation obtenue lors de l'essai: 9,2 L/100 km

> Visible dans les concessions: Maintenant

> Pour en savoir plus: www.nissan.ca

> Moteur: L4 DACT 2,5 litres

> Puissance: 182 ch à 6000 tr/min

> Couple: 180 lb-pi à 4000 tr/min

> Poids: 1412 kg

> Rapport poids-puissance: 7,75 kg/ch

> Mode: Traction

> Transmission de série: Automatique CVT

> Transmission optionnelle: Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m): Crémaillère / 11

> Freins av-arr: Disque/Disque

> Pneus (av-arr): 215/60R16

> Capacité du réservoir / Essence recommandée: 68 litres / Ordinaire