L'alliance automobile Renault-Nissan prendra d'ici deux ans le contrôle du russe Avtovaz, fabricant de la célèbre Lada, ce qui lui permettra de renforcer sa présence sur le marché automobile russe et de s'imposer parmi les plus grands constructeurs mondiaux.

Le deuxième groupe français et son partenaire japonais ont signé jeudi un protocole d'accord pour la création d'une coentreprise avec la société publique russe Russian Technologies, qui détient actuellement 36% d'Avtovaz.

Renault et Nissan investiront par étapes 750 millions de dollars pour obtenir 67,13% de cette coentreprise qui détiendra à son tour 74,5% d'Avtovaz, selon un communiqué. «La transaction devra être finalisée à l'horizon 2014», est-il précisé.

Le constructeur français avait déboursé en février 2008 un milliard de dollars pour acquérir 25% plus une action du russe. Renault apportera 300 millions supplémentaires, tandis que Nissan paiera 450 millions.

La dette d'Avtovaz sera restructurée à l'initiative de Russian Technologies, qui percevra le produit de la cession anticipée d'actifs non stratégiques du constructeur russe.

L'encours de prêts sans intérêts atteindra in fine environ 1,56 milliard de dollars avec une échéance «à très long terme».

Avtovaz se retrouvera ainsi à la tête d'un bilan «solide» et «sans problèmes de liquidités», selon le communiqué.

La coentreprise rachètera aussi «à l'horizon 2014» la part de 20% détenue par la société d'investissement russe Troika Dialog, qui est actuellement le troisième grand actionnaire d'Avtovaz après Russian Technologies et Renault.

La prise de contrôle du premier constructeur automobile russe par Renault et Nissan était en discussion depuis l'automne 2010 mais les parties intéressées ont eu du mal à se mettre d'accord sur le prix, selon une source proche du dossier.

Profiter de la santé du marché russe

En mettant la main sur Avtovaz, l'alliance Renault-Nissan veut accroître encore un peu plus son poids en Russie, devenue un marché essentiel pour elle.

En 2011, les deux constructeurs et Avtovaz y ont écoulé 878 990 unités (moins qu'en Chine et en Amérique du Nord mais plus qu'en France), s'adjugeant un tiers du marché. Cette part doit monter à 40% en 2013.

Renault seul veut faire passer sa part de marché de 6% l'an dernier à 8% en 2016. Profiter de la croissance du marché russe, encore attendu en hausse de 8% cette année, est d'autant plus important pour le français que dans l'Hexagone, les ventes de voitures sont attendues en baisse.

Les volumes de ventes d'Avtovaz sont aussi essentiels pour les constructeurs français et japonais s'ils veulent s'imposer dans le trio de tête mondial, occupé pour l'instant par l'américain General Motors, le japonais Toyota et l'allemand Volkswagen.

Avtovaz, pour sa part, continuera à profiter de «transferts de technologies vers les usines russes», assure le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, cité dans le communiqué.

Le succès d'Avtovaz a pendant longtemps été bâti sur le succès de la Lada 2107, voiture emblématique de l'époque soviétique, dont il vient d'annoncer la fin de la production.

En 2011, Avtovaz avait transféré sa fabrication dans l'usine d'Ijavto, à Ijevsk (1130 km à l'est de Moscou), pour pouvoir produire d'autres modèles dans son usine géante de Togliatti (sud-ouest).

Il a entrepris d'y moderniser ses infrastructures et y a inauguré début avril une ligne de production commune avec Renault-Nissan pour y produire un nouveau modèle, la Lada Largus, version locale de la Dacia Logan, modèle à faible coût de Renault. Un autre modèle de Lada suivra, puis un Nissan et deux Renault.

La capacité de production annuelle de cette ligne est de 350 000 unités, ce qui porte à près d'un million celle de l'usine.