Une refonte surprenante. Mercedes rafraîchira à l'automne sa populaire Classe E. Au menu, de nouveaux phares, des matériaux plus soignés, mais surtout un costaud moteur V6 suralimenté et un rouage intégral pour coller les AMG au sol, même en hiver.

On ne saurait dire si elle est belle, encore moins attester de l'authenticité de son Cx (coefficient de traînée aérodynamique) qui s'autoproclame l'un des plus effilés du monde. En revanche, sur route, cette Classe E aux hanches appétissantes, et dont les formes ne sont pas sans rappeler la Mercedes Ponton des années 50, nous impressionne autant que son regard expressif (et distinctif) qui signe la nouvelle identité visuelle de la marque. Et comme l'exige la tradition maison, un coupé Mercedes ne porte pas d'étoile saillante au bout de son capot. Ici, le symbole de la marque de Stuttgart est placé au milieu de la calandre.

Tout comme le coupé éponyme, le cabriolet est dénué de montants entre ses glaces latérales, ce qui épure le profil et ajoute à la luminosité de cet habitacle où quatre baquets joliment galbés vous attendent, vos passagers et vous. Assez spacieuses somme toute malgré une garde au toit limitée à l'arrière, chacune des places invite à des voyages au long cours. Et les bagages? Pas de souci, le coffre a suffisamment de volume pour ne rien laisser traîner sur le trottoir.

Une fois bien calé dans les sièges, on retrouve l'environnement familier des Mercedes avec un massif tableau de bord où courbes et angles droits se croisent. Dans le cadre de la refonte de cet univers luxueux, mais pas ostentatoire pour deux sous, la qualité des plastiques tranche agréablement avec la version précédente. À l'oeil, comme au toucher, cela fleure bon la qualité attendue sur une automobile de ce prix. On se laissera ensuite aller au plaisir (ou à la frustration, c'est selon) de manipuler ce bel objet truffé de plusieurs boutons, d'un système de reconnaissance vocale inutilement compliqué ou encore ce sélecteur de vitesses à impulsion qui n'aime visiblement pas se faire bousculer par une main nerveuse.

Du coupé, passons au cabriolet, lequel est en mesure de se décoiffer en 20 secondes. L'amateur, le vrai, appréciera aussi la possibilité de décapoter tout en roulant, à la condition que la vitesse n'excède pas 40 km/h. Et pour assurer le confort de ses passagers, Mercedes propose toujours deux petites douceurs: Aircap et Airscarf. Le premier consiste en un petit volet mobile niché au sommet du pare-brise destiné à atténuer les effets de turbulences dans l'habitacle. Le second diffuse de l'air chaud au niveau de la nuque des occupants des places avant.

Il faut patienter!

Pas de mystère ni d'habile jeu de meccano ici, la Classe E qui nous est destinée partage les mêmes motorisations. L'une consiste en un V6 3,5 litres, l'autre en un V8 de 5,5 litres. Ce sera vrai pour une courte période de temps. Au cours de la prochaine année modèle, le V6 cédera sa place à un autre V6 d'une cylindrée inférieure (3 litres). Dopé par deux turbocompresseurs, ce V6 3 litres est naturellement plus puissant, plus économique, mais surtout beaucoup plus fort en couple. Pour avoir eu l'occasion d'essayer ces trois moteurs, le 3-litres est celui avec lequel vous devez prendre rendez-vous. Puissant et énergique, il a très peu à envier au V8 et éclipse totalement le V6 3,5 litres actuel, et ce, dans tous les domaines.

Cela dit, peu importe la somme inscrite sur le chèque, seule la boîte semi-automatique à sept rapports entraîne les roues arrière. Pas la peine de farfouiller le bureau de votre représentant, l'option 4Matic existe, mais seulement pour le coupé... Mais revenons à cette transmission sept rapports qui n'offre curieusement que trois modes: Sport, Manuelle et Eco. À mon avis, il en manque un: Normal. En Sport, la boîte hache les rapports alors qu'en Eco, elle apparaît molle. Et Manuelle? On n'a pas toujours envie de jouer avec les - laides - palettes greffées au volant.

Dans des conditions routières idéales, le comportement de cette Classe E prête difficilement flanc à la critique à la condition de ne pas se méprendre sur sa nature plus bourgeoise que sportive. Cette Mercedes n'aime pas qu'on la bouscule dans les virages et encore moins de se faire conduire sur des routes sinueuses et étroites. D'ailleurs, sa direction distille trop les sensations pour inviter le conducteur à soigner les trajectoires et manque de rappel parfois dans les enchaînements sinueux. Peut-on lui adresser tous ces torts si on considère que la clientèle visée associe directement l'agrément de conduite au confort et n'en a rien à cirer des notions de survirage ou de sous-virage? Assurément pas. Alors, changeons de registre et délectons-nous plutôt de la qualité de son amortissement, de sa stabilité sans faille dans les courbes à grand rayon ou encore de son impeccable silence de roulement. Aucune de ses rivales n'a encore fait mieux dans ces trois domaines. Toutes chahutent plus leurs passagers, d'autres allant jusqu'à froisser quelques vertèbres.

Impeccable dans bien des domaines, la Classe E milite, seule dans cette fourchette de prix, en faveur d'une philosophie bourgeoise du grand tourisme. Plusieurs amateurs s'en désoleront, mais les aficionados de la marque n'auront pas à être convaincus: la voiture correspondra à leurs attentes. Par beau temps à tout le moins!

On aime

> Rouage intégral pour les AMG

> Qualité de finition en hausse

> Robustesse

On aime moins

> Apparition tardive du nouveau V6 3 litres

> Manque d'agilité

> Direction lourde

Ce qu'il faut retenir

> Fourchette de prix : 58 800 $ à 101 695 $ (2013)

> Garantie de base : 48 mois / 80 000 km

> Consommation obtenue lors de l'essai : 10,8 L/100 km

> Concurrentes : Audi A6, BMW Série 5, Jaguar XF

> Pour en savoir plus : www.mercedes-benz.ca

> Moteur : V6 3 litres suralimenté par turbocompresseurs

> Puissance : 333 ch. À 5500 tr/min

> Couple : 354 lb-pi entre 1400 et 4000 tr/min

> Poids : 1725 kg (Coupé)

> Rapport poids-puissance : 5,18 kg/ch

> Mode : Propulsion

> Transmission de série : Semi-automatique 7 rapports

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage : Crémaillère / 11,1 mètres

> Freins : Disque

> Pneus : 235/45R17

> Capacité du réservoir / Essence recommandée 74 litres / Super

AMG et l'hiver

Les produits de l'antenne sportive de Mercedes, AMG, sont assurément parmi les plus véloces et les plus désirables, sauf en hiver. En effet, l'absence d'un rouage intégral a largement profité à Audi qui le propose, même sur ses modèles RS, les plus racés. La marque aux anneaux a maintenant du souci à se faire, car un dispositif 4Matic (lire quatre roues motrices) épinglera désormais les créations d'AMG, comme cette berline de Classe E (notre photo).

Photo fournie par Mercedes-Benz