Dans un univers marqué par le renouvellement accéléré des modèles, la SL de Mercedes est un cas à part. Elle n'a été profondément retouchée que cinq fois depuis sa création en 1954. Voilà la sixième. L'événement est rare et la diffusion de ce modèle l'est tout autant. Qu'à cela ne tienne, elle mérite que l'on s'y attarde, ne serait-ce que pour prendre la mesure des avancées techniques qui finiront un jour par améliorer les éléments de base de nos autos.

La SL symbolise ce que Mercedes sait faire de mieux. Certains de nos lecteurs ne manqueront pas de disputer de cette affirmation, arguant plutôt que la SLS - avec ou sans ses portes-papillon - est la plus évoluée des produits de la marque à l'étoile. Dans le domaine de la sportivité sans doute, mais pas de la sophistication. La SL (S pour Sport et L pour leicht,léger en allemand) va plus loin. La cinématique de son toit - à la fois rigide et escamotable - est autrement plus complexe. Et que dire du «Magic Vision Control» qui compte sur 320 buses intégrées aux balais d'essuie-glace. Celles-ci assurent non seulement un nettoyage complet du pare-brise, mais elles évitent aussi d'asperger les occupants lorsque l'auto circule sans couvre-chef. La SL regorge, depuis toujours, de petites attentions de la sorte et celles-ci ont largement contribué à augmenter son poids. Pas cette fois-ci.

La coque de cette Mercedes s'impose - une première - un régime à l'aluminium voire au magnésium pour certaines pièces. L'usage de ces matériaux a permis de sabrer une centaine de kilos. Bien vu, mais la firme à l'étoile aurait hélas pu faire mieux encore, ne serait-ce qu'en repensant toute la logique du toit en verre (très lourd) escamotable et de la quincaillerie qui l'accompagne. Le constructeur allemand avait-il le choix? Sans doute pas, au risque de se retrouver à la remorque de la SLK, l'autre roadster de la marque, vendue la moitié moins cher. Pour toutes ces raisons, un retour à la toile était inconcevable.

Au-delà de son poids conséquent, ce type de toit a un effet pervers sur la capacité du coffre. Celle-ci est difficilement exploitable une fois le «sandwich» constitué par les éléments du toit replié. Si les bagages se trouvent à l'étroit, pas question de faire subir le même traitement aux - deux - occupants. Ceux-ci se retrouvent dans une atmosphère baignée qui met en lumière - dans tous les sens du terme - le souci du détail apporté à cette réalisation. Il faut très certainement un temps d'adaptation pour passer en revue l'ensemble des commandes, mais rien de bien compliqué. Saluons - à deux mains - la réorganisation des branches ceinturant la colonne de direction. Désormais, il est impossible de confondre le levier du régulateur de vitesse avec celui des clignotants.

Difficile de trouver à redire sur le confort des sièges. Comme bien d'autres, ils vous réchauffent ou vous ventilent. En prime, ils vous massent et vous soutiennent dans les virages avec des ourlets mécanisés qui opposent une résistance dans le sens où pointent les roues directrices. Ainsi, dès que vous tournez le volant à droite, vous sentez une pression du côté droit au niveau de la cuisse et de la cage thoracique pour vous maintenir correctement en place dans votre fauteuil. À ces multiples douceurs, il convient d'en ajouter une autre - déjà vue chez Mercedes - et qui consiste grâce à un petit aérateur à souffler de l'air chaud sur la nuque de l'occupant. Idéal pour rouler à découvert en cette saison.

D'une infinie souplesse

Installée sous un capot interminable, une version profondément remaniée du moteur V8 à injection directe de 4,7 litres de cylindrée et suralimenté par deux turbocompresseurs. Cet ensemble affiche un ébouriffant couple de 516 livres pied, et ce, dès 1800 tours minute. Résultat: on passe de 0 à 100 km/h en tout juste quatre secondes. Une performance qui, encore l'année dernière, était le propre de la version AMG de ce modèle. Pas de dispositif de désactivation des cylindres, mais on note tout de même l'apparition d'un système de coupure automatique à l'arrêt. D'aucuns jugeront cependant son fonctionnement un peu brutal par rapport au caractère plutôt soyeux de la mécanique.

Des performances pour le moins intimidantes au moment de prendre place derrière le volant. Heureusement, Mercedes sait fabriquer des voitures qui se conduisent en douceur. La plus brève des accélérations de la SL est un moment de bonheur, y compris acoustique, et la précision de la nouvelle direction permet d'enchaîner les courbes sans jamais forcer. Il suffit d'une pression sur l'accélérateur pour mettre en alerte le «schnell» de sa mécanique.

Tout aussi saisissante est la stabilité dont fait preuve ce roadster qui, malgré la formidable poussée qui lui est appliquée, ne dévie pas d'un pouce de sa trajectoire. Ses voies avant plus larges y sont très certainement pour quelque chose. Il est plus juste d'accorder également une part du crédit à ses systèmes électroniques (antipatinage, contrôle de traction) et à sa suspension adaptative. Cette dernière offre le choix de s'adoucir ou de se raffermir, selon les aspirations de son conducteur (ou de sa conductrice, cela va de soi) et des conditions de la chaussée.

Sans surprise, la SL affiche un rendement largement supérieur à sa devancière. La puissance et les innovations sont en hausse et les émissions de CO2 et le poids reculent. Que demander de plus? Plus d'argent dans son compte bancaire!

 

ON AIME

> Stabilité remarquable

> Poids à la baisse

> Conception rigoureuse

ON AIME MOINS

> Volume du coffre

> Complexité et poids du toit

> Autonomie moyenne

CE QU'IL FAUT RETENIR

> Fourchette de prix : 123 900 $ à 229 900 $

> Frais de transport et préparation : 1995 $

> Garantie de base : 4 ans/80 000 km

> Consommation obtenue lors de l'essai : 12,2 L/100 km

> Pour en savoir plus : www.mercedes-benz.ca

> Visible dans les concessions : maintenant

> Moteur : V8 DACT 4,7 litres suralimenté

> Puissance : 429 ch à 5250 tr/min

> Couple : 516 lb-pi à 1800 tr/min

> Poids : 1792 kg

> Rapport poids/puissance : 4,1 kg/ch

> Mode : propulsion

> Transmission de série : semi-automatique, sept rapports

> Transmission optionnelle : aucune

> Direction/diamètre de braquage (m) : crémaillère/11

> Freins avant/arrière : disque/disque

> Pneus avant/arrière : 225/35R19 - 285/30R19

> Capacité du réservoir de carburant recommandé : 65 litres/Super

Photo fournie par Mercedes-Benz