Inutile de chercher un macaron bleu et blanc sur cette carrosserie de plus de 5 mètres de long. Il n'y en pas. N'en déplaise aux apparences, ce n'est pas une BMW de Série 7. C'est une Kia. Une Kia Quoris.

On ne s'y retrouve plus. Au cours des dernières années, les marques spécialistes et constructeurs généralistes se sont engagés dans un chassé-croisé plutôt paradoxal. Les premiers cherchent à faire le plein de nouveaux clients et lancent des modèles moins élitistes, comme en fait foi les Mercedes Classe B, BMW Série 1 ou Audi A3. Les seconds multiplient les tentatives pour se frayer un chemin au sein du cercle fermé des voitures de luxe. L'opulente Quoris de Kia y présentera sa candidature l'an prochain.

Longue (plus de 5 mètres) et élancée, la Quoris tentera de se tailler une place au sein de l'élite automobile. L'ascension s'annonce ardue, la crédibilité d'une Kia d'élite reste à établir en dehors de sa Corée natale. Voilà sans doute pourquoi la Quoris ne ressemble guère à l'idée que l'on peut se faire d'une Kia. Son style imaginé par l'allemand Peter Schreyer est loin du design complexe et musclé de BMW dont il s'inspire.

Les concepteurs de la Quoris ont appris par coeur les codes et rituels du luxe automobile. Kia n'a pas lésiné sur les équipements de haute technologie. Au préalable, vous m'excuserez ne pas dresser un inventaire complet des petites douceurs qui changent l'ordinaire de tout automobiliste. Attendons plutôt de connaître officiellement ce que Kia a l'intention de nous proposer. D'ici là, la version coréenne mise à l'essai avait de quoi en mettre plein la vue.

Outre un affichage «tête haute» qui projette sur le pare-prise des informations sans gêner la vision du conducteur, cette Quoris compte également sur un régulateur de vitesse actif et une série de caméras pour nous informer sur tout ce qui nous entoure. On ne retrouve rien d'innovant - pour cette catégorie s'entend -, mais Kia a soigneusement veillé à reproduire et à intégrer tout ce que la concurrence propose. Sur ce point, la Quoris n'a pas à rougir de sa dotation.

À son bord, les occupants seront choyés. À l'arrière surtout où les sièges moelleux réglables électriquement font face à un écran style iPad. Celui-ci promet non seulement de nous distraire, mais aussi de nous informer, par exemple, de la distance qu'il reste à parcourir avant d'arriver à destination.

L'habitacle se présente bien, mais il fait un tantinet vieux jeu. Des formes un peu figées du tableau de bord aux interrupteurs en plastique que l'on réserve généralement aux véhicules de grande diffusion en passant par les boiseries en «toc», la Quoris crée une ambiance assurément luxueuse, mais surannée tout de même. Cela dit, ça et là on note que ses créateurs n'ont pas lésiné sur le copier-coller. Le levier de vitesse par exemple semble provenir tout droit de chez BMW alors que le bloc d'instrumentation s'inspire des cadrans virtuels inaugurés sur la XJ de Jaguar.

À l'arrière, les sièges moelleux et réglables électriquement font face à un écran style iPad. Celui-ci promet non seulement de distraire les passagers, mais aussi de les informer, par exemple, de la distance qu'il reste à parcourir avant d'arriver à destination.

L'embarras du choix

Pour imposer une nouveauté sur le marché des voitures de luxe, le style ne suffit pas. Il faut aussi des chevaux sous le capot, et beaucoup. Sur ce point, la Quoris limite les dégâts. Pour ses débuts, cette berline comptera sur un V63,8 litres de 292 chevaux dont la puissance n'a rien de renversant.

Pour avoir mieux à nous mettre sous le pied (droit), nous serons contraints d'attendre quelques mois après la sortie de ce modèle pour se faire offrir une autre version de ce même moteur. Alimenté par un système d'injection directe, celui-ci verra sa puissance portée à 329 chevaux. Ses prestations s'annoncent, sur papier à tout le moins, plus en adéquation avec le standing et le poids de ce véhicule. Ouvrons ici une parenthèse pour faire écho à la rumeur voulant que Kia propose également le V85 litres de 429 chevaux.

Peu importe le choix mécanique, seule une boîte automatique à huit rapports est chargée d'entraîner les roues arrière. Un rouage intégral? Vraisemblablement pas à court terme. Mais cela viendra bien assez vite si la Quoris entend se poser en une menace sérieuse à l'establishment.

Pour l'heure, on aura compris que la Quoris mise d'abord sur le confort. Conducteur et passagers apprécieront le silence de fonctionnement et la suspension active dont la douceur engendre un subtil effet «tapis volant» que l'on peut raffermir en sélectionnant le mode d'amortissement «Sport». Souple, mais guère précise, la direction ne renvoie aucune sensation de pesanteur dans le volant de cette auto maniable et confortable à défaut d'être vraiment fougueuse.

Étonnante et agréable, la Quoris - conçue sur une plateforme dérivée de la Hyundai Equus - s'invite sur le marché des berlines de prestige, une spécialité en déclin, mais dont tout constructeur en quête de respectabilité doit disposer dans son catalogue. La Q6 ne prétend pas bousculer l'ordre établi dans la catégorie, mais son arrivée suggère plutôt que Kia veut en finir avec cette image bon marché qui lui colle encore à la peau.

L'essentiel

> Fourchette de prix : 55 000 $ à 65 000 $ (estimation)

> Frais de transport et préparation : nd

> Version essayée : 3.8

> Garantie de base : 5 ans/100 000 km

> Consommation obtenue lors de l'essai : 11,3 L/100 km

> Visible dans les concessions : Dans quelques mois

> Pour en savoir plus : www.kia.ca

Fiche technique

> Moteur : V6 DACT 3,8 litres

> Puissance : 292 ch à 6200 tr/min

> Couple : 265 lb-pi à 4500 tr/min

> Poids : 1910 kg

> Rapport poids-puissance : 6,54 kg/ch

> Mode : Propulsion

> Transmission de série : Automatique 8 rapports

> Transmission optionnelle : Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/nd

> Freins av.-arr. : Disque/Disque

> Pneus (av.-arr.) : 245/45R19

> Capacité du réservoir/Essence recommandée : 77 litres/Ordinaire

On aime

> Concentré d'accessoires

> Confort des suspensions

> Places arrière dignes d'une limousine

On aime moins

> L'image de marque

> Absence d'un rouage intégral

> Présentation intérieure peu originale

Photo fournie par Kia