Les autorités routières américaines ont augmenté la portée d'une enquête préliminaire sur divers modèles Jeep, qui seraient susceptibles de prendre en feu lorsque embouties par derrière. Au début, l'enquête portait uniquement sur les Grand Cherokee mais a été étendue jeudi aux modèles Cherokee et Liberty. L'enquête de la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) porte donc sur 5,1 millions de véhicules immatriculés aux États-Unis.

Le nombre de véhicules concernés à travers le monde devrait être plus élevé.

Cela étant, une bonne partie des véhicules concernés par l'enquête pourraient ne plus être sur les routes, puisque les plus anciens ont été construits en 1992 et les plus récents, en 2007. L'enquête vise les Grand Cherokee des années modèles 1993 à 2004, les Cherokee 1993 à 2001 et les Liberty 2002 à 2007.

La particularité de ces modèles est leur réservoir à essence en matière plastique logé derrière l'essieu arrière

La NHTSA a reçu environ 25 signalements d'incendies survenus après des collisions arrière, peut-on lire dans documents internes de la NHTSA, mis en ligne sur son site internet. L'organisme note que les statistiques étudiées montrent que les incendies et les problèmes liés au réservoir d'essence sont plus fréquents sur les Jeep Grand Cherokee que sur les véhicules similaires d'autres marques. Par ailleurs, les statistiques de la NHTSA montrent aussi qu'il y a plus d'accidents mortels survenus à la suite d'impacts arrière à bord de Grand Cherokee, de Cherokee et de Patriot.

Chrysler qui dit avoir fait sa propre enquête, confirme le nombre d'accidents, mais dit que ses trois modèles ne font pas courir de risque plus grand que les modèles comparables d'autres marques.

La plainte originale remonte à 2009 et provient du Centre for Auto Safety, un organisme de sécurité automobile sans but lucratif. «Le CAS allègue que la position du réservoir de plastique derrière l'essieu arrière et sous le pare-choc, ainsi que l'absence d'un bouclier adéquat, rende le réservoir plus vulnérable à l'éclatement ou aux fuites» à la suite d'impacts arrière, peut-on lire dans les documents de la NHTSA. Le CAS allègue aussi que le tuyau d'amenée d'essence du réservoir est arraché lors de collisions arrière.

Le Bureau d'examen des défauts, un département du NHTSA, indique avoir trouvé 55 décès (survenus dans 44 accidents) dont la cause principale était le feu, entre 1992 et 2008. Par contre, la NHTSA est plus conservatrice: elle chiffre à «au moins 15 morts et 46 blessés» le nombre de victimes, après avoir analysé ses données sur la mortalité automobile.

L'enquête doit permettre de déterminer «si les véhicules en question ont un défaut présentant un risque de sécurité déraisonnable».

Une enquête préliminaire ne mène pas toujours à un rappel. Mais si c'était le cas, ce serait un des 10 plus importants rappels de l'histoire. Le plus grand rappel visait 10 millions de Toyota en 2009 et en 2010.

Chrysler, qui appartient maintenant à Fiat, a indiqué qu'elle collabore avec la NHTSA durant l'enquête préliminaire. Tous les véhicules visés ont été fabriqués avant l'achat de la compagnie par Fiat en 2009.

Chrysler se dit très confiant de la sécurité des véhicules identifiés dans l'enquête et estime qu'elle n'aura pas besoin de faire de rappel au terme de l'enquête.

À noter que la NHTSA a aussi ouvert un examen des réservoirs de Jeep Wranglers en 2010.