Si les derniers chiffres de ventes de véhicules neufs de 2012 ont confirmé l'excellente année réalisée par l'industrie automobile au Canada, ils ont également révélé que le groupe sud-coréen Hyundai-Kia restait le quatrième constructeur au pays.

Avec 214 083 véhicules dits «légers» vendus à eux deux en 2012, Hyundai et Kia occupent le quatrième rang au Canada, derrière le célèbre trio américain composé dans l'ordre de Ford, Chrysler-Fiat et General Motors. Les deux marques de Hyundai Motor, actionnaire de contrôle de Kia à 34 % et propriété du conglomérat Hyundai, talonnent le troisième - General Motors, qui a vendu 226 825 véhicules - et devancent le Groupe Toyota (Toyota-Lexus-Scion), cinquième avec 192 058 unités vendues. À elle seule, Kia (77 800 unités vendues en 2012) devance aujourd'hui les marques Nissan (74 201) et Mazda (71 638).

«Les deux marques sud-coréennes ont établi de nouveaux records en 2012. Dans une certaine mesure, on peut dire qu'en 2012, les marques sud-coréennes - et européennes - ont pris d'assaut le marché. Les marques sud-coréennes se sont établies sur le marché de manière significative», a commenté l'analyste principal de DesRosiers Automotive, Dennis DesRosiers.

Hyundai et surtout Kia surfent depuis quelques années sur une vague de croissance presque sans précédent pour elles. Leur succès a d'une part pris racine dans un design qui contraste avec la frilosité des Japonais en ce domaine. Les rapports qualité-prix et les garanties de leurs voitures sont les autres explications à donner à cet essor. Mais leurs mécaniques restent quelque peu leur talon d'Achille. Elles manquent de muscles et ne sont pas les plus économes à la pompe.

Le groupe sud-coréen a produit 7,1 millions de véhicules en 2012, en hausse de 7,5 % par rapport à 2011. Il a déclaré un bénéfice net au troisième trimestre 2012 en hausse de 13 % à 1,9 milliard $ pour Hyundai et de 28 % à 750 millions $ pour Kia.

Entre autres stratégies, le constructeur automobile tente d'éviter les surcapacités de production en faisant tourner au maximum ses usines et en ayant ainsi recours aux heures supplémentaires s'il le faut. «Nous ne voulons pas de surcapacités, qui puissent peser sur nos prix de vente», a confié le mois dernier au portail électronique français La Tribune le vice-président de Hyundai Motor à l'international, Seung-Tack Kim.

Cette stratégie a connu des ratés cet été. Les arrêts de travail sporadiques se sont multipliés dans ses usines sud-coréennes au cours de la saison estivale, les ouvriers réclamant de meilleurs salaires et horaires de travail.

Ces mouvements sociaux sont venus rappeler au constructeur que la conjoncture socio-économique mondiale pourrait plomber sa croissance. Le groupe automobile sud-coréen table d'ailleurs sur une hausse de ses ventes en 2013 de l'ordre de 4 % seulement. En raison de la crise en Europe et de la hausse de la monnaie sud-coréenne sur les marchés.

S'ils veulent maintenir la cadence, Hyundai et Kia vont devoir continuer à améliorer leurs produits. «J'ai peur qu'ils s'assoient sur leurs lauriers. Il va falloir travailler fort pour continuer à séduire les Canadiens. Le marché change, le consommateur est plus exigeant, de plus en plus averti, et il veut un financement avantageux», estime Yan Cimon, professeur au Département de management de l'Université Laval et spécialiste de l'industrie automobile.