La montée à bord «imminente» du géant américain General Motors dans PSA Peugeot Citroën s'est précisée mardi, des médias évoquant une prise de participation qui irait jusqu'à 7%, ainsi qu'une augmentation de capital du constructeur français.

Le partenariat entre Peugeot Citroën et le propriétaire de la marque Opel, évoqué depuis plusieurs jours, devrait être annoncé d'ici la fin de la semaine, selon des sources concordantes.

Selon le Wall Street Journal, qui cite une personne ayant accès aux discussions, Peugeot compte lever près d'un milliard d'euros, «le gros des fonds» devant venir d'une augmentation de capital qui serait réservée aux actionnaires existants.

General Motors souscrirait à une partie de cette levée de fonds, la famille Peugeot --actionnaire minoritaire mais au feu vert décisif-- ayant également l'intention d'y participer, selon le quotidien américain, dont les sources parlent d'une annonce dès mercredi.

L'entrée d'un constructeur au capital de PSA serait un changement de cap. Le français a jusque-là privilégié les coopérations technologiques (BMW pour les moteurs essence, Fiat pour les utilitaires légers, Ford pour les moteurs diesel, Toyota pour les petites voitures, etc.) sous la pression de la famille soucieuse de conserver sa mainmise.

«Ils avaient peur que l'ajout de sang neuf soit une dilution de l'identité», estime Bernard Jullien, directeur du réseau d'études Gerpisa qui souligne le temps mis pour rapprocher les marques Peugeot et Citroën.

Au-delà du montage financier, c'est la logique industrielle qui fait s'interroger les analystes.

Tant la division automobile de PSA qu'Opel, qui représentent à elles deux 20% des immatriculations du marché européen, sont nettement déficitaires. Le Vieux Continent est à la peine en termes de ventes automobiles, qui restent dans le vert ailleurs dans le monde.

Selon le Wall Street Journal, l'accord GM-Peugeot Citroën se limiterait à partager «des coûts de recherche et de développement» et fournir des fonds pour aider le constructeur français à réduire sa dette via des cessions d'actifs.

Le magazine économique L'Usine nouvelle évoque lui la possibilité d'une plate-forme commune «low-cost», qui serait baptisée «B-Popular», visant les pays émergents.

Un rapprochement permettrait dans tous les cas à GM «de redresser Opel en mutualisant certains coûts et à PSA de pénétrer de manière beaucoup plus rapide les marchés émergents», explique Yann Lacroix, analyste chez Euler Hermes.

En revanche, il n'est pas prévu de réduire les capacités de production tant du côté de GM ou d'Opel que PSA, selon le Wall Street Journal, alors que le marché européen est en surcapacité selon les industriels.

Une hypothèse qui se heurte de toute façon à un contexte politique: l'annonce d'une fermeture d'usine ou une réduction des effectifs français de PSA semble exclue à l'approche de la présidentielle. Côté Opel, la direction a démenti début février des rumeurs de fermeture d'usines ou de vente de la marque. GM s'est engagé à éviter tout licenciement économique ou fermeture d'usine en Europe d'ici 2014.

Après une restructuration-choc ces dernières années et une faillite retentissante, General Motors dispose désormais d'un important matelas de trésorerie, mais reste un colosse aux pieds d'argile.

Surtout, sa division européenne Opel-Vauxhall souffre des mêmes travers que PSA: une grande dépendance à l'Europe.

La perspective d'une augmentation de capital telle que dessinée par le Wall Street Journal a fait l'effet d'une douche froide sur le cours de Bourse de PSA: après avoir bondi jusqu'à 8% dans la matinée du fait de l'entrée possible de GM, l'action a fini la séance en hausse de 0,42% à 15,37 euros.