La guerre prenante que se mènent les Ford Mustang et Chevrolet Camaro remonte au milieu des années 60, à une époque où ces pony cars étaient un puissant symbole de liberté. C'est probablement l'un des duels qui polarisent le plus les opinions, peut-être autant que le bipartisme en politique américaine, sans avoir la même envergure, évidemment. La Mustang 2015, la sixième génération, tente maintenant de conjuguer cet héritage avec le poids de la modernité, sans le toit pour l'essai estival de cette semaine.

SON DESIGN

Il ne fait pas de doute que la cassure est nette, peut-être trop nette aux yeux de certains. Cette Mustang ressemble très peu à sa devancière immédiate, qui jouait dans le néo-rétro. La partie avant est beaucoup plus consensuelle avec ses phares en trapèze inversés, un choix qui semble dicté par sa stratégie de diffusion mondiale. L'arrière est probablement la section la plus réussie, en raison de ses trois feux verticaux, clin d'oeil à la première génération, ainsi qu'à son aspect trapu. Soulignons également l'excellent travail des designers pour intégrer le toit en toile qui n'est plus apparent de côté lorsqu'il est rabattu.

PHOTO FOURNIE PAR FORD

À BORD

L'habitacle a aussi été complètement revu. Avec comme inspiration directe le monde de l'aviation, l'aménagement des commandes est original et efficace. L'espace à l'avant est plus abondant et les sièges sont mieux construits, autant pour le soutien que pour le confort. La voiture reste cependant un véritable 2+2 avec ses places symboliques à l'arrière. Pour la qualité générale des matériaux, c'est plutôt inconstant. Les plastiques sont nombreux et l'assemblage manque de rigueur à certains endroits.

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SOUS LE CAPOT

Outre le retour du quatre-cylindres turbo et le V6 proposé de série, la Mustang 2015 a toujours à sa disposition un V8, de 5 L de surcroît. Retravaillé légèrement par rapport à l'année-modèle 2014, le Coyote (c'est son nom) dispose de 435 ch et de 400 lb-pi de couple. On s'en éprend rapidement. Il adore autant les envolées en régime que la conduite urbaine, le tout accompagné d'une belle musique. Par ailleurs, sa boîte automatique s'y conjugue difficilement. Pas franche et plutôt lente en mode manuel, elle a du mal à suivre le rythme imposé par le V8. Bref, la manuelle est de loin plus agréable.

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DERRIÈRE LE VOLANT

Construite sur un nouveau châssis, cette cuvée se distancie également sur le plan technique de la cinquième génération. Les Mustang ont dorénavant droit à une suspension arrière indépendante multibras, chose qui polit beaucoup le comportement du train arrière, surtout sur tracé raboteux. Le châssis de la version décapotable affiche évidemment une moins bonne rigidité que le coupé, sans que cela soit dérangeant en conduite sur route. La direction est d'une belle précision, mais la progression imparfaite de la fermeté selon l'angle de braquage la rend un peu artificielle. Le freinage est très puissant et facilement modulable.

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LES TECHNOLOGIES EMBARQUÉES

Comme dans tous les modèles actuels de Ford, on y retrouve le système MyFordTouch. Disposant de boutons plus nombreux sous l'écran tactile, il reste assez désagréable à utiliser. Il comprend cependant de nombreuses fonctions et une belle présentation des menus. Ford promet un nouveau système d'ici la fin de l'année, complètement repensé avec l'aide de BlackBerry. Pour la sonorité, le système Shaker fait du bon boulot et s'ajuste si le toit est en place ou non.

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VERDICT

On ne s'attaque pas à une voiture aussi mythique sans prendre une part de risque. Le pari qu'a pris cette sixième génération de la Mustang est clairement celui de la modernité, les choix techniques à l'appui. Elle est donc moins pony car, plus sportive et posée dans son approche, sans être une sportive pure. Une meilleure voiture au bilan, donc, plus accessible, moins rude, mais peut-être légèrement moins charismatique que sa devancière. Attention également à la facture, qui peut rapidement grimper lorsqu'on coche trop de cases d'options...

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OBSERVATIONS

> Coffre

Le coffre de la Mustang décapotable est étonnamment spacieux avec ses 324 L. Le toit n'interfère également pas avec ce volume.

> Le toit 

Ford a diminué le temps que prend le toit pour se rabattre de moitié grâce à un l'utilisation d'un moteur électrique plus silencieux et d'une seule poignée pour le détacher.

> Freinage 

La Mustang GT est proposée de série avec de gros freins; des étriers à quatre pistons mordant dans des disques de 13,9 pouces et des étriers à simple piston à l'arrière avec disques de 13 pouces.

> Visibilité 

La ligne de toit plus basse est intéressante en vue latérale, mais coupe un peu la visibilité vis-à-vis la cuvée antérieure.

> Le châssis 

Ford affirme avoir augmenté la rigidité en torsion de la plate-forme de 13%, un gain qui est tout de même palpable lorsqu'on négocie des routes en moins bon état.