Vrai, le patronyme demeure le même, mais Chrysler nous invite cette année à reconsidérer notre point de vue sur sa 200. De berline tristounette taillée sur mesure pour les agences de location à court terme, cette Chrysler vise maintenant une place permanente dans l'entrée de garage des consommateurs.

Dans la catégorie des berlines intermédiaires, les modèles américains, les produits issus de chez Chrysler surtout, doivent encore montrer patte blanche. Voilà précisément la mission de la 200, qui, contrairement aux précédents modèles, a été élaborée selon un cahier des charges spécifiquement européen. Chez Chrysler, on considère que l'objectif est de parvenir à proposer une option crédible - et différente surtout - aux Honda Accord, Nissan Altima et autres Toyota Camry.

Bien qu'elle ait conservé le même matricule, la 200 marque un réel saut qualitatif. Débarrassée du côté fruste et un tantinet bâclé des anciens modèles «made in Detroit», cette auto dispose désormais d'une plateforme moderne, reconnue comme l'une des plus dynamiques du moment. Celle-ci reflète une fois de plus la synergie entre le constructeur américain et son nouveau protecteur, le groupe Fiat.

En effet, la 200 partage sensiblement la même architecture que les Dart (Dodge) et Cherokee (Jeep). Celle-ci, rappelons-le, provient originellement de l'Alfa Romeo Giulietta. Les responsables de la marque américaine ne diront pas combien de modèles ils comptent extraire de cette architecture, mais reconnaissent cependant que celle-ci est suffisamment flexible pour réaliser un véhicule plus imposant que la 200 (une 300?) et plus compact encore que la Dart.

Mais plus important à retenir, cette structure modulaire permet, à la 200 à tout le moins, de bénéficier et ce, dès sa mise en marché, du développement et des avancées des autres filiales du groupe. On pense notamment à l'aide au stationnement automatique - une première dans cette catégorie - ou encore au rouage à quatre roues motrices, deux composants issus du Cherokee.

Un habitacle valorisant

Impossible de se méprendre, la nouvelle silhouette de la 200 n'a rien conservé de l'ancienne. Plus effilée, plus aérodynamique, la forme extérieure de cette berline américaine ne casse cependant rien sur le plan du style, visiblement inspiré de celui de certaines concurrentes.

À défaut d'apporter une bouffée de fraîcheur au segment, la 200 marque néanmoins un pas en avant, même si le style prend ici l'ascendant sur la fonction. Expliquons-nous.

Le dessin très incurvé de la ligne de toit, par exemple, ne facilite pas l'accès et la sortie des passagers qui prennent place à l'arrière. Ils risquent fort de se cogner la tête contre l'arche décrite par son pavillon. Et puisque nous y sommes - derrière -, sachez qu'en dépit des gains réalisés par rapport à la génération précédente, le dégagement demeure compté.

En effet, comparativement aux créations récentes apparues dans ce segment - Honda Accord, Nissan Altima, Mazda6 - , les places arrière de la 200 n'ont rien d'une limousine. Sans être exceptionnelle, l'habitabilité se situe dans la moyenne, sans plus. En revanche, le coffre offre un volume plus que satisfaisant et sa forme très carrée permet de transporter aisément de volumineux objets. À noter que les dossiers de la banquette se rabattent (60/40) afin d'augmenter le volume utilitaire.

Un soin tout particulier a été apporté à la finition, au design et la qualité des garnissages de l'habitacle. Hormis quelques plastiques un peu «toc», la présentation intérieure marque elle aussi un (très) net progrès. Les rangements ne manquent pas - la console est très bien aménagée -, les sièges sont confortables, la position de conduite ne mérite aucune critique notable.

Comme on pouvait l'espérer, le niveau d'équipement ne déçoit pas, et ce, à tous les échelons de la gamme. Certains consommateurs seront ravis de profiter d'un - original - sélecteur de vitesse à commande rotative, similaire à celui proposé dans les Jaguar et Land Rover. Valorisant, mais surtout très pratique pour ménager des rangements adaptés à la réalité du monde moderne.

Un puzzle

On l'a déjà indiqué, la 200 n'est pas issue d'une feuille complètement blanche. Personne ne s'en plaindra dans la mesure où cela peut représenter pour plusieurs - et avec raison - un gage de fiabilité.

Côté moteur, la gamme comprend deux mécaniques à essence (2,4 litres, 3,6 litres). Souple, le quatre-cylindres 2,4 litres (184 chevaux) affiche - naturellement - le meilleur niveau de consommation et devrait représenter, au Canada à tout le moins, le plus gros des ventes de ce modèle.

Hélas, ce moteur se trouve un peu à la peine dans ce véhicule. Aussi bien les accélérations que les reprises sont laborieuses et la boîte à neuf rapports (fortement surmultipliée) ne permet pas de tirer aisément le maximum de performances de cette motorisation dotée de la technologie Multi-Air.

Au cours de cette prise en main, ce moteur est apparu légèrement moins audible que le quatre cylindres de la Camry - présente lors de cette présentation à des fins de comparaison -, mais réservons notre jugement définitif sur cette question dans le cadre d'un duel du mois que nous réaliserons dans les prochains mois avec nos instruments de mesure habituels.

En revanche, il est clair que la monte pneumatique a une influence certaine sur le comportement de ce véhicule. À ce propos, Chrysler a homologué plusieurs d'entre eux, mais les pneus de notre véhicule d'essai - des Nexen - n'étaient visiblement pas les mieux assortis à cette auto pour favoriser le silence et le confort de roulement. Mais indépendamment de la qualité ou de la taille de ces pneumatiques, le diamètre de braquage demeure atrocement grand.

Le V6 3,6 litres est très certainement la plus envoûtante de deux mécaniques offertes. L'ennui, elle ne correspond pas forcément aux attentes d'économie de carburant recherchées par les acheteurs de cette catégorie. Chrysler devrait cependant accélérer le développement de son dispositif de désactivation des cylindres - technologie promise à ce 3,6 litres lors de sa conception - en plus de greffer un système d'arrêt automatique (Stop&Start) à l'arrêt. Cela dit, le 3,6 litres séduit par son silence de fonctionnement et son rendement, tous deux en parfaite adéquation avec l'idée que l'on se fait de ce type de véhicule.

Dans sa version S, la 200 ouvre notamment les portes au groupe Sport Mode, lequel permet de raffermir les éléments suspenseurs et de «pianoter» sur des boutons au volant pour sélectionner manuellement les rapports. La conduite gagne en sportivité, mais n'efface pas pour autant l'effet de couple ressenti dans le volant lors de brusques accélérations.

Au final, Chrysler réactualise une berline qui n'aura aucun mal à se dégager des bas-fonds du classement des ventes (chez des particuliers), mais sans pour autant aspirer à jouer les trouble-fête pour autant auprès des ténors de la catégorie.

- Avec Éric Descarries

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Les frais de transport et d'hébergement ont été assumés par Chrysler Canada.

L'essentiel

> Marque/Modèle: Chrysler 200

> Fourchette de prix: 22 495 $ à 27 995 $

> Garantie de base:  3 ans/60 000 km

> Consommation réelle: 11,1 L/100 km (estimée V6)

> Rivales à surveiller: Ford Fusion, Nissan Altima

> Pour en savoir plus: www.chrysler.ca

Fiche technique

> Moteur (essence):  V6 DACT 3,6 litres

> Puissance:  295 ch à 6 350 tr/min

> Couple:  262 lb-pi à 4 250 tr/min

> Poids:  1 575 kg

> Rapport poids-puissance: 5,33 kg/ch

> Mode: Traction

> Transmission de série: Automatique 9 rapports

> Transmission optionnelle: Aucune

> Direction / Diamètre de braquage (m): Crémaillère / 11,9

> Freins av-arr: Disque / Disque

> Pneus (av-arr): 235/45R18

> Capacité du réservoir / Essence recommandée: 60 / Ordinaire

On aime

> Finition en net progrès  

> Gamme complète et diversifiée  

> Rapport équipements/prix

On aime moins

> Dégagement à l'arrière  

> Image à refaire  

> Diamètre de braquage decevant