Depuis deux ans, le groupe Chrysler se porte mieux, beaucoup mieux. Au point où celui-ci est le constructeur no 1 au Canada en terme de ventes à l'issue du premier trimestre de 2013. Ses chiffres officiels masquent cependant une tout autre réalité. Les marques Chrysler et Dodge doivent grandement leur salut aux grandes entreprises et aux institutions publiques, leurs plus importants clients.

On s'en doutait grandement, Polk&Co et DesRosiers Automotive Consultants nous le confirment. Chrysler et Dodge sont les marques les plus dépendantes des parcs de voitures.

Selon des données de l'industrie détenues par Polk&Co et analysées par DesRosiers Automotive Consultants, 49,6% des voitures neuves Dodge ont été vendus à des institutions publiques et à de grandes entreprises en 2012. Cette proportion est de 44,3% pour les voitures Chrysler. Parmi les marques les plus dépendantes, on trouve Smart avec 42% de ses ventes destinées aux parcs, et Volvo à hauteur de 39,6%.

Environ 18% des véhicules neufs vendus au Canada l'an dernier ont été livrés à des gouvernements, sociétés d'État ou grandes entreprises.

À l'autre bout du spectre, des marques sont presque totalement indépendantes des parcs de véhicules. Honda est ainsi celle qui a vendu le moins de véhicules neufs aux entreprises et institutions l'an dernier: seulement 3,2% de ses voitures. Scion n'est dépendant de ces parcs qu'à hauteur de 3,8% de ses ventes, et Mini, à hauteur de 5,7% seulement.

Les très fortes proportions des marques Chrysler et Dodge montrent à quel point le redressement du groupe observé depuis deux ans est dû à cette clientèle bien particulière, mais ô combien importante. Pour ne pas dire vitale.

«Les parcs de véhicules représentent un marché qui offre parfois des ventes lucratives, mais ils peuvent aussi se traduire par des marges faibles sur certains produits», commente Dennis DesRosiers.

«Les très importantes ventes aux parcs ont été un élément notable de la stratégie de restructuration des marques alors que la gamme de voitures Chrysler a eu du mal à avoir autant de succès que les Jeep et camions Dodge», ajoute le directeur du cabinet d'analyses DesRosiers Automotive.

Le bilan 2012 des ventes publié par Chrysler est par conséquent à relativiser. Le Groupe a déclaré des ventes au Canada de 242 224 véhicules, pour 14,5% de parts de marché, se positionnant au deuxième rang national des ventes.

Cette forte dépendance aux parcs, et non pas aux particuliers, n'est-elle pas le talon d'Achille d'un constructeur comme Chrysler? «Oui et non. Non, car cela permet de maintenir les volumes de ventes, répond Yan Cimon, professeur au département de Management de l'Université Laval. Oui, car les marchés publics sont parfois très incertains dans les périodes de restrictions budgétaires. Si l'économie ne s'améliore pas, ce pourrait être une source d'inquiétude dans les années à venir.»

Pour ce spécialiste du secteur automobile, cette dépendance n'est pas un signe systématique de faiblesse de la gamme. «Le signe de faiblesse serait de consentir des rabais importants», dit-il.

Un avis que ne partage pas tout à fait Dennis DesRosiers. «Cela montre la faiblesse de leur gamme de voitures chez Chrysler, mais pas de leur gamme de camions légers», nuance-t-il.

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Les plus importants acheteurs de véhicules

> Les agences de location de voitures

> Les corps de police

> Les gouvernements

> Les grandes entreprises et les sociétés d'État