Généralement, BMW se pose en visionnaire du monde automobile. Pas cette fois-ci. En créant le GranCoupe, jonction entre une berline et un coupé, la marque munichoise accuse près de 10 ans de retard sur Mercedes et sa CLS, pionnière du genre. Un décalage qui risque de faire mal?

BMW a en mis du temps à réagir. Beaucoup de temps. Au point où il faut se demander si les stratèges de la marque avaient vraiment envie de formuler une réponse à ses concurrents (Audi A7 et Mercedes CLS), tous deux inscrits dans cette catégorie.

Sans doute pas, à en juger par la présentation consacrée à ce modèle lors de son lancement de presse. À peine une douzaine de minutes ont été nécessaires à ses concepteurs pour décrire cette nouveauté qui s'ajoutera au catalogue BMW à l'automne. Une fois évacuée la provenance de ses principales composantes - toutes issues du coupé de Série 6 -, la firme à l'hélice bleu et blanc s'est limitée à dresser sans enthousiasme le panégyrique à la manière d'un agent immobilier vantant les caractéristiques exceptionnelles d'une propriété.

J'hésiterai toujours à égrener ici l'interminable liste de douceurs qui agrémentent cette voiture. D'abord, par peur d'en oublier. Ensuite, parce que le GranCoupe n'innove nullement. Pour une BMW, s'entend. Toutes les technologies installées sur les modèles les plus prestigieux (lire les plus chers) de la marque trouvent une place à bord pour peu - dans bien des cas - que vous acquittiez la facture en conséquence.

Au Canada, le choix apparaît moins difficile qu'aux États-Unis où la GranCoupe se décline en plusieurs versions: 6-cylindres ou V8, propulsion ou intégrale. Pas chez nous. Un seul modèle pourra circuler sur nos routes. Celui-ci compte un rouage à quatre roues motrices animé par moteur V8. Libre à vous ensuite de l'enrichir selon vos goûts et, surtout, votre budget.

Belle ligne

Conscient que le contenant a ici autant, sinon plus d'importance que le contenu, BMW habille donc la GranCoupe d'une robe splendide, sans doute la plus finement taillée de la catégorie. L'arrière est moins bombé qu'une Panamera et moins mou qu'une A7 ou une CLS.

Par rapport à la Série 6 dont elle dérive, la GranCoupe affiche 115 millimètres de plus en empattement, et 100 millimètres de plus en longueur totale (5 m). Le plus impressionnant de cette mutation de 2 à 4 portes est cependant la légère prise de poids. À peine 100 kilogrammes.

Comme sa concurrente, la CLS, l'accès et la sortie aux places arrière exigent un minimum d'attention. L'angle d'ouverture des portières est réduit et la garde au toit, assez basse. On s'y habitue. À l'arrière toujours, seuls deux passagers sont accueillis confortablement dans des sièges très enveloppants. Un troisième occupant pourra prendra place, mais il devra s'accommoder du tunnel de transmission qui se trouve à ses pieds, empiétant du coup sur l'espace - adéquat tout au plus - de ses deux voisins.

Les meilleures places, c'est naturellement à l'avant qu'elles se trouvent. Plus enveloppants encore, les baquets procurent confort et soutien. La présentation générale ne s'éloigne guère d'une Série 6, mais la qualité des matériaux lui est supérieure. L'alcantara surtout. Les garnitures couleur vanille égayent l'habitacle aussi, mais leur texture lustrée s'apparente trop à celles que l'on retrouve dans une Chevrolet Volt...

 

Tenue cintrée

Même si elle ne pèse tout au plus que 100 kilogrammes de plus qu'un coupé de Série 6, la GranCoupe indique tout de même plus de deux tonnes à la pesée. C'est beaucoup, mais cette BMW a le mérite de ne pas laisser paraître son poids sur la route. À l'image de la Série 6 toujours, cette auto file en toute sérénité sur la route pour peu que celle-ci dessine des lignes droites ou de grands arcs. Les chemins étroits et les virages à l'équerre ne sont pas son truc.

Réactives, sans être trop brutales, les suspensions maîtrisent les mouvements de caisse à la perfection pour peu que le tracé ne ressemble pas au réseau routier québécois. C'est non seulement dur pour les vertèbres, mais aussi pour les jantes qui ne sont guère enrobées pour encaisser les chocs.

Avec tout l'électronique à bord, on peut tout bonnement, à l'aide d'un bouton, intimer l'ordre aux éléments suspenseurs de se faire plus souples, plus rigides ou de commander un savant mélange des deux. On peut notamment modifier, toujours sans quitter son siège, l'empressement de la boîte de vitesses à escalader ses - huit - vitesses ou le niveau d'assistance de la direction. Une véritable conduite «à la carte».

Toutefois, peu importe les réglages adoptés, la GranCoupe s'élance avec majesté. Son moteur suralimenté à huit cylindres projette cette BMW avec force vers l'horizon. Comme le laisse deviner son rapport poids-puissance, la GranCoupe met un peu moins de cinq secondes pour atteindre les 100 km/h. Il faut tenir compte de cette performance pour mieux positionner ce véhicule dans son environnement. De fait, cette BMW se classe aisément parmi les Porsche Panamera V8, Audi S7 et Mercedes CLS AMG.

En résumé, cette GranCoupe ne réinvente pas sa catégorie initiée par Mercedes, mais l'habille plus joliment cependant. Ses performances - que personne ne sera en mesure de pleinement exploiter, comme celles de ses concurrentes d'ailleurs - impressionnent tout autant.

Mais au final, cette GranCoupe est avant tout un coupé qui se prend pour une berline et non l'inverse, comme c'est le cas de la concurrence. Cela lui suffira-t-il pour se démarquer?

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par BMW Canada.

 

Photo fournie par BMW

Seuls deux passagers sont accueillis confortablement dans des sièges arrière très enveloppants de la BMW GranCoupe.

ON AIME

> Profil élégant

> Comportement équilibré

> Présentation intérieure originale

ON AIME MOINS

> Banquette taillée pour 2 personnes

> Pneus et jantes sensibles

> Version haut de gamme ou rien

L'ESSENTIEL

> Prix: 105 000$ (estimation)

> Frais de transport et préparation: nd

> Consommation mesurée: 13,1 L/100 km

> Garantie de base: 4 ans/80 000 km

> Lieu d'assemblage: Allemagne

> Pour en savoir plus: www.bmw.ca

> Moteur: V8 DACT 4,4 litres Turbo

> Puissance: 445 ch. entre 5500 et 6000 tr/mn

> Couple: 480 lb-pi entre 2000 et 4500 tr/mn

> Poids: 2089 kg

> Rapport poids/puissance: 4,69 kg/ch

> Mode: Intégral

> Transmission de série: Semi-Automatique 8 rapports

> Transmission optionnelle: Aucune

> Direction/Diamètre de braquage (m): Crémaillère/nd

> Freins avant/arrière: Disque/Disque

> Pneus (avant/arrière): 245/35R20 - 275/30R20

> Capacité du réservoir/carburant recommandé: 70 litres/Super

Photo fournie par BMW