Pour la première fois aux États-Unis, deux constructeurs allemands, Mercedes-Benz et BMW, se disputent la place de numéro un de la voiture de luxe, après onze ans de domination sans partage de Lexus, filiale haut de gamme de Toyota.

Le japonais a souffert des perturbations provoquées par le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars et Mercedes a enregistré un bond de 40% de ses ventes en novembre.

Celles de BMW ont progressé de 7% au cours du même mois, le laissant avec une maigre avance de 1500 voitures vendues sur l'année par rapport à son compatriote.

Au total, BMW a vendu 221 073 voitures entre janvier et novembre aux États-Unis, contre 219 491 pour Mercedes, et chacun espère pouvoir finir en haut du podium. «Les gens du marketing adorent ça, on peut utiliser (une place de numéro un) comme outil publicitaire, cela vaut le coup», explique l'analyste indépendant Joe Phillippi.

En public, les deux groupes minimisent l'enjeu.

«On ne va pas faire la course au titre en distribuant les ristournes», a assuré le nouveau patron de Mercedes Benz USA, Steve Cannon, lors d'un déjeuner avec la presse à Detroit (Michigan, nord des États-Unis). Mais il n'a pas manqué de relever que le groupe avait totalement renouvelé sa gamme dans le pays en 2011.

Les derniers modèles, le nouveau coupé de classe C et la classe M, viennent d'arriver chez les concessionnaires, laissant espérer de solides ventes en décembre.

Chez BMW, Ian Robertson, membre du conseil d'administration responsable des ventes et du marketing, assure que le groupe est satisfait: «Nous avons réalisé nos meilleures ventes pour un mois de novembre», a-t-il noté récemment.

En fait, les deux groupes ont bien cherché à donner un coup de fouet à leurs ventes à coup de ristournes et autres facilités financières.

Les ristournes ont augmenté de 57% chez Mercedes cette année, selon le cabinet TrueCar.com.

Et en novembre, BMW a commencé à proposer un rabais pouvant aller jusqu'à 2500 dollars sur certains de ses modèles les plus populaires, y compris les berlines de série 3 et 5 et le gros 4x4 de luxe X5.

Lexus, comme les autres marques japonaises, a souffert des catastrophes naturelles qui ont perturbé la chaîne logistique et ralenti la production.

Mais pour M. Phillippi, le japonais s'est aussi laissé distancer au niveau des investissements réalisés par Mercedes et BMW pour concevoir de nouvelles voitures adaptés à certaines catégories du marché. L'essor d'une troisième marque allemande, Audi, a aussi entamé la part de marché du japonais.

Au cabinet Edmunds.com, l'analyste Jessica Caldwell estime toutefois que Lexus pourrait refaire une partie du terrain perdu en toute fin d'année.

«Je prévois que Lexus poussera très fort son slogan traditionnel ''December to Remember'' («un mois de décembre mémorable») dans l'espoir de réduire l'écart avec Mercedes-Benz et BMW, même s'il n'a aucune chance de rester numéro un», dit-elle.

La plupart des analystes prévoient que Mercedes décrochera la couronne: «Nos prévisions de ventes pour décembre tablent sur une victoire à un millier d'unités près», précise l'analyste Aaron Lewis, d'Edmunds.com.

«Mais ce n'est pas un chiffre officiel, et pour l'instant c'est trop serré pour trancher», ajoute-t-il. «De toute façon, il est passionnant de voir que la course entre les deux reste disputée jusqu'au bout».