Il en va des sportives comme des fleurs, elles se fanent rapidement. Les Nissan 370Z et Hyundai Genesis Coupe en sont de parfaits exemples: elles n'aimantent plus les regards comme autrefois. En révisant fortement à la baisse le prix d'entrée de la 370Z, Nissan non seulement rallume l'intérêt des consommateurs, mais encore trouve sur sa route de nouveaux compétiteurs, dont le coupé Genesis de Hyundai.

Soucieuse de faire du neuf avec du vieux, la direction canadienne de Nissan rend financièrement plus accessible la 370Z. Le coût du ticket d'entrée du modèle de 2016 a été réduit de près de 10 000 $. Nissan souhaite ainsi non seulement relancer la carrière de ce modèle (85 unités vendues au Québec en 2014), mais surtout le positionner plus agressivement face aux coupés issus de marques dites généralistes comme Scion (FR-S), Subaru (BR-Z), Volkswagen (GTi) et naturellement Hyundai (Genesis Coupe), sa rivale d'un jour.

Forces en présence

Pour bénéficier d'une réduction aussi importante, l'acheteur doit cependant accepter certaines concessions. Ainsi se voit-il limiter à six couleurs extérieures et à une teinte intérieure (noir). En outre, seule la boîte manuelle à six rapports se charge d'entraîner les roues arrière motrices. Et celle-ci ne compte pas le dispositif «Rev Match», lequel réalise à votre place la technique talon/pointe. Pas d'automatique à ce niveau de gamme. On retrouve également un freinage moins musclé, des amortisseurs destinés à un usage plus «routier» et des jantes de plus petite taille (18 po au lieu de 19).

La stratégie commerciale de Nissan ressemble à un calque de celle de Hyundai. Le constructeur sud-coréen applique en quelque sorte les mêmes «contraintes» à l'acheteur d'un Genesis coupé de base. La boîte automatique n'y figure pas, mais contrairement à Nissan, la navigation et les phares au xénon non plus. En revanche, la Genesis Coupe adopte une monte pneumatique plus généreuse (19 po) et un système de freinage plus costaud.

Égoïste ou pas?

Alors que son gabarit aurait permis de réaliser un coupé 2+2 comme elle l'a jadis proposé, Nissan a opté pour la solution, plus radicale, d'une deux-places, moins fonctionnelle. Hyundai, de son côté, offrent deux assises supplémentaires, mais celles-ci - ou ce qui en tient lieu - s'inscrivent toujours dans le domaine du symbolique. On se demande si y transporter des enfants ne risque pas d'attirer les foudres des autorités.

Hyundai aurait sans doute mieux fait de se tourner, elle aussi, vers une configuration biplace qui aurait peut-être présenté l'intérêt de l'envelopper d'une carrosserie plus courte. En revanche, les proportions plus massives de la sud-coréenne ont des retombées positives sur sa fonctionnalité. En effet, le volume du coffre est pratiquement deux fois plus grand que celui de la japonaise. Et modulable par-dessus le marché puisqu'il est possible de rabattre les dossiers arrière.

Le premier sentiment qui vous habite à bord de la Z est qu'elle donne l'impression d'avoir été moulée sur soi. Son baquet très enveloppant contribue à cette perception de faire davantage corps avec cette auto. Un ressenti que l'on éprouve moins aux commandes de la Genesis Coupe en raison sans doute du dégagement supérieur que son habitacle procure au niveau des hanches et des épaules. On s'y sent moins confiné et plus confortable ne serait-ce qu'en raison d'une colonne de direction qui s'articule sur deux axes. Celle de la Nissan se déplace seulement en hauteur.

La présentation demeure une affaire de goût, mais dans un cas comme dans l'autre, cela manque de fraîcheur. Plus moderne sans doute, l'habitacle de la Hyundai tente de convaincre de sa sportivité à l'aide d'artifices devenus aujourd'hui banaux comme un pédalier métallisé ou encore une série de jauges alignées comme à la parade au pied de la console et donc difficiles à lire. Nissan propose sensiblement la même chose, mais les positionne au sommet du tableau de bord, ce qui rend possible de les consulter sans devoir quitter la route des yeux.

L'essence d'une fiche

Techniquement, le coupé Genesis avance des solutions plus fraîches. Son moteur 3,8 L s'alimente via un système à injection directe et son dispositif de calage variable des soupapes agit aussi bien sur celles de l'admission que de l'échappement. Celui de la Nissan intervient seulement sur les soupapes d'admission.

La fiche technique du coupé Genesis fait état d'une puissance de 348 chevaux. Son constructeur ajoute cependant que cette cavalerie se manifeste seulement si le coupé s'abreuve d'essence Super. Dans le cas contraire - l'essence ordinaire est ici acceptée, - le 3,8 L délivre 4 chevaux de moins. L'utilisation d'une essence à indice d'octane moins élevé a également des répercussions sur le couple. Celui-ci s'établit alors à 292 lb-pi. Les régimes de rotation demeurent cependant les mêmes, peu importe le carburant utilisé. Pour sa part, Nissan recommande exclusivement l'usage d'essence Super.

On prend seulement conscience du déficit de chevaux-vapeur du 3,7 L de Nissan sur papier. Profitant de sa structure plus légère, la «Z» propose un rapport poids/puissance légèrement supérieur (voir nos fiches) que la Hyundai.

Plaisirs défendus

Au-delà des chiffres, il y a le verdict de la route. Et celle-ci tranche en faveur de la Nissan qui s'arrache de sa position statique plus rapidement que la Hyundai et atteint les 100 km/h en 5,2 secondes et franchit le quart de mille en 13,6 secondes à la vitesse de 170,5 km/h selon notre accéléromètre électronique. La Hyundai pointe immédiatement après avec un 0-100 km/h en 5,5 secondes et le quart de mille en 13,9 secondes à 167,3 km/h.

Performances similaires, mais le plaisir de les réaliser n'est pas tout à fait le même. Le 3,8 L sud-coréen s'avère plus rond que son homologue japonais, mais s'arrime, hélas, à une boîte au guidage moins précis et à un embrayage peu progressif. Celui de la Nissan ne l'est guère davantage, il faut le dire, et ces deux autos ont la particularité d'être plutôt exténuantes dans la circulation lourde.

Du point de vue dynamisme, encore là, l'expérience diffère. La 370Z est étonnante par sa stabilité et sa vivacité. Ce coupé vous met plus rapidement en confiance. En raison de la rapidité de la direction, des mouvements de caisse remarquablement bien maîtrisés et du niveau d'adhérence des pneumatiques, la 370Z s'avère un bel instrument de précision qui incite à un pilotage coulé.

Moins agile et un brin plus paresseux en entrée de virage, le coupé Genesis exige pour sa part une conduite plus en force pour donner sa pleine mesure et plus encore que la 370Z, il apprécie de se faire piloter «à l'ancienne», c'est-à-dire de contrôler la glissade du train arrière à l'aide de l'accélérateur et du volant.

Pour vivre au quotidien?

D'un point de vue rationnel, le coupé Genesis intègre tous les ingrédients nécessaires pour mériter la victoire. Outre ses - symboliques - places arrière, son confort accru et le rendement convaincant de son moteur, il convient d'ajouter une garantie plus généreuse.

La dimension première (ou particulière, c'est selon) d'un coupé sport n'est-elle d'ordre émotionnel plutôt que rationnel? Dans un tel cas, la 370Z représente le meilleur choix. Égoïste peut-être (seulement deux places), mais plus en phase avec l'image d'un coupé résolument sportif.