La Mini Cooper gagne deux portes et soulève, tout comme la Focus de Ford, son capot à une mécanique trois cylindres. L'occasion était trop belle de les comparer. D'autant plus qu'elles commandent sensiblement le même prix de vente.

Avec ses trois portes, la Cooper «originale» était trop peu pratique. La joufflue Countryman alors? Trop chère. Consciente qu'il y avait un vide à combler, la direction de Mini y va d'une version cinq portes. Outre ses deux ouvrants supplémentaires, cette Mini est plus longue, plus haute et plus lourde que le modèle éponyme à trois portières.

Des dimensions revues à la hausse, mais qui ne font pas le poids par rapport à la Focus de Ford. Cette dernière est en effet plus massive encore que sa rivale germano-anglaise. Qu'à cela ne tienne, et contrairement aux apparences, la Mini n'est pour autant pas battue sur le plan de l'habitabilité. D'ailleurs, son empattement - allongé de 72 mm - bénéficie grandement aux occupants des places arrière, notamment au niveau des jambes. Même si la comparaison n'a rien de farfelu entre ces deux modèles dans plusieurs domaines, force est de reconnaître que l'on se sent moins coincé à bord de la Focus. Cette dernière offre en effet un bien meilleur dégagement au niveau des épaules et des hanches et permet à la rigueur d'envisager d'installer un troisième adulte à l'arrière sur de courtes distances. À bord de la Mini? N'y pensez même pas.

La longueur accrue de la Mini bénéficie également au coffre. Le volume gagne en espace, mais c'est largement insuffisant pour tenir la dragée haute à la Focus cinq portes. Hélas, cette carrosserie ne se marie pas à la mécanique trois cylindres. Le constructeur américain restreint ce choix à la berline seulement qui, en matière de volume utilitaire, est loin de représenter une référence. La hauteur de son coffre est plutôt limitée.

La Focus fait l'objet cette année d'une appréciable mise à niveau. Sa plastique bénéficie d'un capot plus stylisé, d'une calandre aux accents plus raffinés et d'une nouvelle signature lumineuse. À l'intérieur, la qualité des matériaux progresse, les rangements s'étoffent tandis que la liste des accessoires s'allonge. C'est bien joli, mais le tableau (de bord) demeure néanmoins triste avec ce bloc d'instrumentation aux couleurs des années 80 et certaines de ces commandes à l'ergonomie discutable.

De son côté, la Mini cinq portes reprend intégralement les atours de la trois-portes qui, rappelons-le, a été entièrement revisitée il y a un an à peine. Les grands changements s'observent surtout des places avant, toujours un peu problématiques à régler. Les nostalgiques ne manqueront pas de relever que la Mini n'affiche plus une présentation aussi rebelle (ou déjantée, c'est selon) qu'autrefois. L'immense indicateur de vitesse déménage sous les yeux du conducteur, tandis que les interrupteurs des glaces migrent de la console aux contre-portes. Qu'à cela ne tienne, la présentation reste très originale, mais les commandes demeurent en apparence toujours aussi fragiles, comme en témoigne le courrier reçu à La Presse. Elles n'ont pas juste l'air, elles le sont.

Six cylindres à eux deux

Le quatre-cylindres de demain en comptera trois. Voilà bien la preuve que la réduction de la cylindrée (communément appelé downsizing) ne touche pas que les gros moteurs! Dans cette optique, Ford fait preuve de plus d'audace et propose une cylindrée de 1 L contre 1,5 pour la Mini. Toutes deux sont suralimentées par turbocompresseur.

Naturellement, le 1,5 L de la Mini a plus de tonus que le 1 L et sa plage d'utilisation plus large, surtout à bas régime. Mais la motorisation américaine offre globalement une prestation plus convaincante. Mécanique volontaire, elle se révèle beaucoup «plus costaude que ce que laisse suggérer sa cylindrée», selon un testeur invité qui n'en revenait toujours pas du souffle de cette mécanique qui accepte de consommer de l'essence ordinaire contrairement à la Mini. Cette dernière exige l'indice d'octane le plus élevé et représente donc un paramètre à considérer quand vient le moment de chiffrer les coûts d'utilisation. Puisqu'il est question de budget, l'écart de consommation entre ces deux modèles n'est pas aussi grand qu'on aurait pu le prévoir. En effet, la Mini fait pratiquement jeu égal avec la Focus au terme d'un parcours de quelque 300 km.

La plus grande disponibilité du moteur de la Mini masque plus habilement que la Focus les «trous» entre les rapports de la boîte de vitesse ou si vous préférez son étagement plutôt long. Cela dit, rien à redire dans les deux cas quant à la progressivité de l'embrayage ou encore la douceur de la commande. Toutefois, Ford se prive d'une clientèle importante en ne permettant pas de greffer son 1 L à une transmission automatique. Mini, la propose, moyennant un supplément de 1400 $.

Sur la route, nos deux protagonistes offrent une expérience fort différente. Autant la Ford apparaît sereine, calme, autant la Mini incite à s'énerver un tout petit peu en raison de son comportement très enjoué. Sa nouvelle architecture lui procure une stabilité rassurante et ses éléments suspenseurs ne font plus tressauter ses occupants comme auparavant. Le meilleur compromis dans ce domaine est l'oeuvre des ingénieurs de Ford. Plus confortable, plus souple, la suspension de la Ford est cependant lourdement handicapée par des pneus d'origine (des Cooper Zeon) dans le cas présent aux prestations décevantes. Ces pneumatiques manquent d'adhérence et menacent de sauter en dehors des jantes dès le premier virage négocié rapidement. Dommage, car cette monte gêne également la précision de la direction et allonge beaucoup les distances de freinage. Correctement chaussée, la Focus n'en serait certainement que meilleure, sans pour autant parvenir à faire preuve d'une agilité comparable à la Mini.

Le moment est venu de les départager. La Mini Cooper remporte essentiellement ce duel pour la polyvalence de sa carrosserie, la possibilité d'une boîte automatique, son agrément de conduite, l'originalité de sa présentation. Elle pourrait cependant perdre ce duel en raison de la fragilité de certaines de ses garnitures, de la fiabilité parfois douteuse des générations antérieures, de l'obligation de l'alimenter en essence super et de ses places arrière étroites.

L'auteur tient à remercier Louis-Alain Richard pour sa participation à la réalisation de ce comparatif.