Leur besoin de différenciation leur fait choisir de brandir la mode comme l'étendard de leur liberté d'expression. Mais au-delà de ces facteurs d'ordre esthétique, et donc très subjectifs, les BMW X4 et Range Rover Evoque avancent d'autres arguments pour séduire.

En raison du partage des architectures et de la similitude de l'offre des équipementiers, l'apparence de la voiture devient le principal terrain d'affrontement des constructeurs d'automobiles. Il ne s'agit pas seulement de design, mais aussi de configuration générale, de «concept» de véhicule. De fait, aujourd'hui plus que jamais, ce qui importe, c'est incontestablement la singularité. Cette effervescence, qui donne naissance à des autos au style toujours plus raffiné, découle d'une évidence : les différences en matière de confort, de tenue de route, de consommation, de sécurité et même de performance se sont considérablement atténuées. Dans ces conditions, l'apparence extérieure de la voiture devient capitale.

Les vedettes montantes sont les modèles de série capables de susciter l'émotion. Des nouveautés un peu hors normes sans doute, mais qui, dans le cas présent, n'imposent pas de sacrifices en matière d'habitabilité ou de confort.

Au-delà du style

Les formes finement travaillées des BMW X4 et Range Rover Evoque trahissent leur aspiration à jouer les cartes de mode. Naturellement, nous vous laisserons seul juge du dessin de ces deux carrosseries. En revanche, il importe de préciser que l'Evoque pousse l'originalité un peu plus loin en déclinant une version deux portes, laquelle sera peut-être suivie d'un cabriolet. Pour mémoire, le constructeur britannique a dévoilé, il y a bientôt trois ans, une version «plein air» de l'Evoque. Si l'on prête foi à la rumeur, la version définitive sera présentée au salon de l'automobile de Genève, le mois prochain. Pour l'heure, le X4 n'existe qu'en une seule configuration (5 portes), mais il propose cependant deux moteurs - 4 et 6 cylindres - et une pléthore d'options. Le catalogue de l'Evoque, pour sa part, limite son offre à un seul propulseur et offre, à des fins de personnalisation, plusieurs livrées allant de Pure à Autobiography.

Si l'approche diffère sur le plan du style, ces deux véhicules font tourner bien des têtes sur leur passage. Ils occupent sensiblement le même espace, s'offrent à des prix assez similaires et s'animent tous deux, aux fins de ce duel, d'une mécanique de cylindrée identique (2 L).

Charme ou rigueur?

Spectaculaires ou inusitées, c'est selon, les formes extérieures du X4 se cassent la figure contre les portières. En effet, la présentation intérieure de la BMW se limite à un copier-coller d'autres produits de la marque. Aucune fantaisie, rien qui puisse vous faire dire que vous vous trouvez à bord d'un véhicule dont la plastique extérieure est aussi décalée. C'est triste, c'est sombre, c'est noir. BMW a beau dire qu'il est possible d'égayer le tout avec des appliqués ou une sellerie de couleur différente, ces transformations ont un prix. Après tout, Land Rover pratique la même formule, à la différence que la marque britannique parvient, même dans la configuration de base de l'Evoque, à rendre l'expérience plus valorisante, plus chaleureuse, avec une habile mixité des matières, ses traitements bicolores et son sélecteur de vitesses rotatif. À cela, il convient d'ajouter (en option ou sur les versions les plus chères) un toit panoramique qui illumine l'habitacle

Au-delà du coup d'oeil, il y a l'ergonomie, le confort, la fonctionnalité, voire la connectivité. Dans plusieurs de ces domaines, la BMW reprend l'ascendant sur la Range Rover. Dans les longues randonnées, la fermeté des assises du X4 se fait apprécier, mais les ourlets plus détaillés de l'Evoque assurent un meilleur maintien au niveau des cuisses.

Nouvelle lubie des automobilistes, la connectivité imaginée par BMW s'avère plus efficace et plus rapide, mais pas forcément plus facile à utiliser. Les réglages des paramètres de conduite du X4 sont certes plus nombreux, mais nous préférons - un peu vieux jeu, diront certains - la convivialité des touches de la Range Rover.

D'un point de vue plus factuel, X4 et Evoque offrent suffisamment d'espace pour asseoir confortablement quatre occupants. Grâce à ses dimensions imposantes, le X4 s'avère le plus spacieux. En revanche, au chapitre du volume utilitaire, l'Evoque reprend la main et offre un compartiment légèrement plus logeable grâce aux formes moins fuyantes de son hayon. En contrepartie, le X4 offre une modularité supérieure en raison de son dossier fractionnable en trois.

Routes et chemins

On trouve plusieurs points communs dans l'offre des deux constructeurs, mais sur le plan dynamique, tout les oppose. Enfin presque. Alors que BMW joue à fond la carte du plaisir de conduire, Range Rover mise sur les capacités tout-terrain de son produit. Chose certaine, dans un cas, comme dans l'autre, peu d'automobilistes seront en mesure d'utiliser ces deux véhicules à leur plein potentiel dans leur environnement de prédilection: la piste pour le X4, les sentiers pour l'Evoque. Alors, jugeons-les sur un terrain neutre: la route.

La cylindrée est la même, non le rendement. Au fil des évolutions dont il fait l'objet, le 2-L de BMW ne cesse de gagner en rondeur, en souplesse et en raffinement. Et contre toute attente, il sied plutôt bien à la nature de ce véhicule, qui, rappelons-le, boxe dans la catégorie des mi-lourds. Comme en font foi nos mesures de consommation, le moteur du X4 consomme moins et offre une autonomie nettement supérieure au Range Rover.

Plus sonore, le moteur de l'Evoque ne manque pas de «pédale», pour reprendre une expression populaire. Volontaire, doté d'une boîte automatique à neuf rapports savamment étagés (le premier rapport est plutôt court), le 2-L suralimenté par turbocompresseur de l'Evoque n'a pas le même raffinement que celui du X4. L'explication tient sans doute au fait que cette mécanique d'origine Ford cédera bientôt sa place à une motorisation «maison».

Dans le cadre d'une évaluation dynamique, le comportement du X4 ne surprend guère. Il s'agit bien d'un BMW. Il vire bien à plat, la direction lui assure d'épingler les virages avec la précision d'un violoncelliste et le freinage est terriblement efficace. En revanche, le roulement est plus ferme et le diamètre de braquage ne permet pas toujours de le garer aisément.

Le Range Rover offre un autre type d'expérience. Le débattement plus prononcé de ses éléments suspenseurs procure un toucher de route plus souple. La plus grande légèreté de sa direction se fera davantage apprécier en milieu urbain. Sur une portion de route plus rapide, on lui reprochera d'être un peu trop aseptisée, pas assez ferme. Le freinage est adéquat, sans plus.

Tout bien considéré, le X4 remporte ce duel sur le plan de la raison. Outre les qualités évoquées, il convient d'ajouter le nombre accru de points de service, la valeur de revente et parfois même les conditions de financement plus avantageuses. Cela dit, côté coeur, l'Evoque a beaucoup pour attendrir en raison de son charme et son caractère plus exclusif. Alors qui l'emportera, le coeur ou la raison?