Objet d'un désamour en Europe, le diesel ressuscite aux États-Unis sous l'impulsion des constructeurs automobiles General Motors (GM) et FCA US, ex-Chrysler.

Selon les estimations, la croissance des ventes de véhicules diesel en 2014 a été quatre fois plus importante que l'ensemble du marché (5,9%), selon l'association Diesel Technology Forum (DTF), lobby du gazole.

Pour le cabinet IHS Automotive, les immatriculations de véhicules diesel ont bondi de 30% entre 2010 et 2013. À ce jour, le diesel ne représente que 3% des ventes automobiles aux États-Unis mais devrait s'élever à plus de 7% en 2017, selon le cabinet d'études J.D. Power.

Les Américains semblent avoir oublié les déboires de Cadillac (GM) et Oldsmobile, marque aujourd'hui disparue appartenant au même groupe, dans les années 80.

Le premier constructeur américain avait connu un échec cuisant en lançant un moteur V8 diesel qui fit très vite long feu car il était bruyant, polluant et peu fiable.

«Les consommateurs américains sont prêts à accepter les moteurs diesel qui ont beaucoup changé depuis la malheureuse expérience de GM», explique à l'AFP le professeur Martin Zimmerman de l'université du Michigan. «Toute personne qui a été en Europe et a loué une voiture diesel sait que ce n'est plus pareil.»

Deux raisons principales sont derrière ce nouvel essor du diesel sur le marché américain.

Tout d'abord, la réglementation plus sévère sur les émissions de CO2: le gouvernement Obama a fixé au «Big Three» (GM, Ford et FCA US) un objectif de consommation moyenne de 6,7 litres pour 100 kilomètres à l'horizon 2016 et de 4,3 litres d'ici à 2025.

Cette ambition est plus facile à atteindre grâce à la sobriété du moteur diesel, selon les experts. Ce dernier est également moins coûteux à développer que les solutions hybrides ou tout-électriques boudées par les principaux groupes automobiles américains.

Développement surprenant

Ensuite, il y a l'engouement du conducteur américain pour les grosses cylindrées (SUV et pickups) particulièrement adaptées à une motorisation diesel.

Actuellement 46 modèles diesel, dont 27 voitures de tourisme et VUS, sont disponibles sur le marché américain, selon DTF. Ce nombre devrait doubler d'ici à 2018, estime l'association.

Les clients «ne sont pas prêts à payer le supplément demandé pour les véhicules électriques ou hybrides et ne voient pas le gain qu'ils peuvent proposer», dit Bob Lee, un des responsables de Fiat Chrysler.

«Chrysler fait du bon boulot dans son marketing du diesel», commente Alan Bauer du cabinet éponyme Bauer & Associates. L'objectif du troisième groupe automobile américain est, selon l'expert, de doubler à 20% son catalogue de VUS et de camionnettes en motorisation diesel en 2015.

Déjà présents sur ce marché, les constructeurs allemands (Audi, Volkswagen, Mercedes, BMW) et japonais (Mazda) devraient profiter également de cette renaissance du diesel. Volkswagen est le leader du marché aux États-Unis avec notamment les berlines Passat TDI et Jetta, les compactes Golf TDI et Golf VI.

Pour l'instant, les groupes automobiles français sont absents alors que le savoir-faire d'un groupe comme PSA Peugeot Citroën est reconnu dans ce type de motorisation.

Or ce marché pourrait représenter un nouvel eldorado pour ces constructeurs malmenés en Europe avec un abandon programmé du diesel pour des raisons de santé publique et de pollution.

Vu d'Europe, ce développement du gazole peut paraître surprenant au moment où l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré cancérigènes les microparticules émises par les moteurs diesel. La ville de Paris souhaite par exemple interdire les véhicules diesel d'ici à 2020.

Toutefois, l'absence d'incitation fiscale ou d'aide publique, à l'image de ce dont bénéficient les véhicules électriques et hybrides, et la rareté des pompes diesel sur le territoire américain pourraient être autant de freins aux ambitions de GM et de FCA US.