La guerre de prix déclarée par la Nissan Micra (9995 $) n'aura pas lieu. Du moins, pas encore. Toyota, première marque à revisiter sa classique Yaris cet automne, a été on ne peut plus clair sur le sujet. En titrant son communiqué: «Pas de sous-compactes dépouillées!», le numéro 1 japonais annonce qu'il n'entend pas répliquer à son concurrent sur la base du prix, mais sur la valeur ajoutée de son produit. Deux stratégies pour séduire une clientèle friande d'économies. Laquelle est la plus alléchante?

S'embourgeoiser, c'est le lot de toutes les voitures. On leur en fait même compliment. Mais lorsque tous les produits automobiles s'embourgeoisent alors que, globalement, la capacité de payer des consommateurs s'amenuise, il y a peut-être de quoi s'interroger.

Certes, grâce au marché de l'occasion, l'accès à l'automobile reste toujours possible. Ce qui est en cause, c'est le marché des véhicules neufs, dont le profil sociologique tend à s'écarter de celui de l'ensemble de la population adulte. Si le prix réel des voitures neuves n'a pas tellement augmenté (à équipement et prestations égaux), les constructeurs savent que leurs profits dépendent des modèles les plus rentables. Voilà pourquoi ils investissent en priorité dans les segments très rémunérateurs des modèles dits «de niche» (petits coupés, utilitaires urbains) sans trop se soucier de rajeunir les versions d'accès à la gamme.

Pas triste tout de même

À l'oeil, on jurerait le contraire. Pourtant, la Yaris occupe plus d'espace que la Micra. Cette dernière est certes plus haute, mais elle est néanmoins plus courte et plus étroite que la Yaris. Qu'à cela ne tienne, en dépit d'un empattement plus court, la Nissan offre un meilleur volume habitable - merci à la garde au toit surélevée - et un plus grand coffre.

Construite au Mexique, la Micra ne présente pas pour autant un habitacle très coloré. Triste et sombre, il est fait de plastique noir qui sonne creux et l'affichage à cristaux liquide trouble à peine l'ambiance spartiate qui règne à bord. La finition est correcte, sans plus.

La Yaris de Toyota fait moins austère. Il faut reconnaître que le numéro 1 japonais a soigneusement révisé sa copie cette année et investi une somme assez importante dans une refonte somme toute partielle. On a fait de louables efforts pour ce qui est de la qualité de fabrication et du souci du détail - sans pouvoir tout à fait biaiser avec les strictes contraintes de coût.

La présentation intérieure de la Yaris est certes moins décalée qu'autrefois - rappelez-vous l'époque où le bloc d'instrumentation était planté au centre de l'auto - , mais plus valorisante et originale que celle de la Micra. Elle compte aussi plusieurs rangements astucieux, dont une planchette destinée à recevoir des stylos et d'autres objets longilignes. Hélas, ce balconnet est dépourvu d'un tapis antidérapant, de sorte qu'il se vide de sa cargaison au premier virage.

Mais la Toyota n'a pas tout bon. Les sièges sont moyennement confortables et la présence de trois appuie-tête au sommet de la banquette arrière paraît un peu hypocrite. Hormis s'il s'agit d'enfants en bas âge, les occupants devront se serrer les coudes et les cuisses. Ce sera moins le cas à bord de la Micra, qui propose des assises plus confortables sur de longs parcours et des places plus spacieuses.

Offerte en version ultra dépouillée (9995 $), la Micra peut aussi s'enrichir d'équipements multiples et similaires à ceux de la Yaris (climatisation, disque de frein à l'arrière). Pour une analyse plus détaillée, consultez l'onglet «revue des gammes».

On sort de la ville ou non?

Les Nissan Micra, Toyota Yaris et leurs semblables élargissent la clientèle habituelle des acquéreurs de voiture neuve. Elles font aussi apparaître de nouveaux comportements d'achat beaucoup plus sensibles aux tarifs qu'aux caractéristiques techniques de l'automobile. Tant mieux car, dans ce domaine, ces deux autos n'en «beurrent pas épais». Pour l'heure, la mécanique qui les anime ne bénéficie pas d'une alimentation directe des injecteurs et les doigts d'une seule main suffisent à compter le nombre de rapports de la boîte de vitesses, que celle-ci soit manuelle ou automatique.

Qu'à cela ne tienne, l'expérience au volant de ces deux autos n'a rien de rustique ni de dépassé. La mécanique de la Toyota a sans doute une cylindrée inférieure, mais son rendement n'a rien à envier à celle de la Micra. Plus légère, la Yaris consomme aussi un peu moins et offre, grâce à la contenance supérieure de son réservoir, une autonomie plus grande.

Aux fins de ce duel, nos deux protagonistes étaient équipés d'une boîte automatique à quatre rapports. C'est peu, mais pour une utilisation urbaine ou périurbaine, rien à dire. La gestion des rapports ne pose pas de problème; les passages sont francs, directs, parfois même un peu secs, mais sans ce que cela compromette la longévité à long terme. À ce sujet, la fiabilité n'est pas un sujet de préoccupation. Dans un cas comme dans l'autre, on a affaire ici à des composantes éprouvées.

Ni l'une ni l'autre ne prend la précaution de se protéger des stigmates de la ville par des baguettes latérales, mais toutes deux ont le mérite d'être agiles. La Micra surtout, qui offre un diamètre de braquage plus contenu encore que la Yaris. Non seulement la Micra se gare plus aisément, mais elle lisse mieux les imperfections. Cela peut paraître curieux étant donné son empattement plus court, mais cela est tout à l'honneur des ingénieurs qui ont peaufiné ce produit sur les routes québécoises avant sa mise en marché. Le résultat est probant. la Yaris a certes bénéficié de multiples améliorations dans ce domaine, mais son train arrière encaisse avec plus de difficulté l'état de décrépitude du réseau routier montréalais.

Dès que la ville se trouve dans le rétroviseur, la Micra s'avère une routière plus accomplie que la Yaris. Cette dernière offre un comportement plus dynamique et plus amusant que la génération antérieure et que la Micra, mais le confort n'a hélas pas suffisamment progressé pour la rendre entièrement à l'aise sur de longs tronçons autoroutiers.

Autre particularité observée et mesurée dans ce duel, la qualité du freinage. Celui de la Micra est apparu plus progressif et plus stable que la Yaris dans les manoeuvres d'urgence.

Et on achète laquelle?

La Toyota Yaris représente toujours une valeur sûre sur le marché en raison de sa fiabilité et de la réputation de son constructeur. Qui plus est, la refonte partielle dont elle a fait l'objet l'a rendue plus attrayante avec ses jolies moustaches, et plus valorisante grâce à la qualité de l'exécution. C'est du sérieux. En revanche, la Yaris ne tire pas pleinement profit de ses avantages - de ses dimensions supérieures notamment - pour prendre l'ascendant sur la Micra. La petite Nissan débarque dans ce marché avec une volonté très ferme de s'imposer. Son prix d'achat suscite certes la curiosité, mais au-delà de cet aspect, on retient sa polyvalence supérieure et son confort accru.

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Les déclinaisons sous la loupe

Au premier coup d'oeil, la cause semble entendue. La Micra représente à tous les niveaux de la gamme, une meilleure affaire que la Yaris. Vrai, mais pas autant qu'il n'y paraît. En effet, dans sa version SV, par exemple, la Micra doit s'enrichir d'un groupe d'options de 500 $ pour offrir des caractéristiques comparables - et non pas identiques - à celles de la Yaris LE. Il est donc plus réaliste de parler d'un écart de 1767 $ plutôt que de 2267 $ comme le laisse entendre notre tableau.

Les différences se révèlent aussi dans les similitudes. Prenons par exemple l'écran multimédia. Celui de la Yaris est plus grand (6,1 po) que celui de la Micra (4,3 po). Vous avez de bons yeux ?

Enfin pour expliquer l'écart de prix, il importe de tenir compte du lieu de construction des deux voitures (Mexique pour la Micra, France pour la Yaris), du nombre d'unités produites, du nombre de composantes qu'elles partagent avec d'autres véhicules de la gamme, des investissements consentis, de la volonté du constructeur de s'implanter dans un segment et de la perception qu'il a de lui-même.

Mentionnons enfin que Nissan propose une version d'entrée de gamme, la Micra S, à 9998 $. À ce prix, vous n'avez droit ni à la boîte automatique ni au climatiseur. Pour les obtenir, il faut prendre un groupe d'options vendu 3300 $. Aux deux accessoires précités s'ajoutent le régulateur de vitesse et des garnitures satinées à l'intérieur.

De son côté, la Yaris s'offre aussi à meilleur prix que les modèles présentés dans notre tableau. Mais elle a alors trois portes, et non cinq. Ce modèle, uniquement livrable en version CE, s'affiche à 14 545 $.

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Nissan Micra: fiche technique

> Prix: 9998 $ à 15 748 $

> Frais de transport et préparation: 1400 $

> Garantie de base: 3 ans / 60 000 km

> Consommation obtenue lors de l'essai: 7,7 L / 100 km

> Pour en savoir plus: www.nissan.ca

> Moteur: L4 DACT 1,6 litre

> Puissance: 109 ch à 6000 tr/mn

> Couple: 107 lb-pi à 4400 tr/mn

> Poids: 1067 kg

> Rapport poids-puissance: 9,78 kg/ch

> Mode: Traction

> Transmission de série: Manuelle 5 rapports

> Transmission optionnelle: Automatique 4 rapports

> Direction/Diamètre de braquage: Crémaillère / 9,3

> Freins avant/arrière: Disque/Tambour

> Pneus avant-arrière: 185/55R16 (SR) - 185/60R15 (S et SV)

> Capacité du réservoir de carburant: 41 litres

> Essence recommandée: Ordinaire

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Photo fournie par Nissan

Toyota Yaris: fiche technique

> Prix: 14 545 $ à 17 665 $

> Frais de transport et préparation: 1495 $

> Garantie de base: 3 ans / 60 000 km

> Consommation obtenue lors de l'essai: 7,4 L / 100 km

> Pour en savoir plus: www.toyoya.ca

> Moteur: L4 DACT 1,5 litre

> Puissance: 106 ch à 6000 tr/mn

> Couple: 103 lb-pi à 4200 tr/mn

> Poids: 1050 kg

> Rapport poids-puissance: 9,90 kg/ch

> Mode: Traction

> Transmission de série: Manuelle 5 rapports

> Transmission optionnelle: Automatique 4 rapports

> Direction/Diamètre de braquage: Crémaillère/11 mètres

> Freins avant/arrière: Disque/Disque (tambour - 3 portes)

> Pneus avant-arrière: 195/50R16 (175/65R15 - 3 portes)

> Capacité du réservoir de carburant: 42 litres

> Essence recommandée: Ordinaire

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Photo fournie par Toyota

Du côté de la concurrence

Et si la Micra et la Yaris ne vous plaisent pas? Elles sont sept à s'offrir de prendre leur place.

CHEVROLET SONIC

Fourchette de prix: 14 495 $ à 25 445 $*

Coût de transport et de préparation: 1650 $

Nombre d'unités vendues en 2013 au Québec: 2819

Les raisons de la considérer: La disponibilité de la technologie 4LTE (oui, internet à bord), son habitacle spacieux et son bloc d'instrumentation original.

* prix du modèle 2014

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FORD FIESTA

Fourchette de prix: 14 394 $ à 22 638 $

Coût de transport et de préparation: 1565 $

Nombre d'unités vendues en 2013 au Québec: 3214

Les raisons de la considérer: Le contenu technologique plus poussé (moteur trois cylindres turbo, boîte à double embrayage) et la présence d'une version sportive très amusante (ST).

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HONDA FIT

Fourchette de prix: 16 023 $ à 23 968 $

Coût de transport et de préparation: 1528 $

Nombre d'unités vendues en 2013 au Québec: 3754

Les raisons de la considérer: Modèle entièrement remodelé pour 2015, la Fit est sans contredit la reine du rapport espace/encombrement. En plus d'être fort astucieux, ce véhicule figure assurément parmi les plus amusants à conduire.

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HYUNDAI ACCENT

Fourchette de prix: 13 899 à 19 149 $*

Coût de transport et de préparation: 1595 $

Nombre d'unités vendues en 2013 au Québec: 9899

Les raisons de la considérer: Modèle éprouvé, l'Accent est l'une des plus spacieuses de la catégorie. Elle bénéficie d'une généreuse garantie.

* prix du modèle 2014

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KIA RIO

Fourchette de prix: 14 495 $ à 22 795 $

Coût de transport et de préparation: 1485 $

Nombre d'unités vendues en 2013 au Québec: 7798

Les raisons de la considérer: Tout comme l'Accent (elle partage la même architecture technique), la Rio ne manque pas d'espace et assure la tranquillité d'esprit du consommateur avec une garantie de 5 ans / 100 000 km.

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MAZDA 2

Fourchette de prix: 14 450 $ à 18 300 $

Coût de transport et de préparation: 1495 $

Nombre d'unités vendues en 2013 au Québec: 1589

Les raisons de la considérer: Contrairement à la Fiesta dont elle dérive, la 2 n'innove guère sur le plan technologique, mais plusieurs consommateurs y voient là un gage de fiabilité. Modèle en fin de carrière, promotion intéressante sans doute à venir.

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MITSUBISHI MIRAGE

Fourchette de prix: 12 498 $ à 15 998 $

Coût de transport et de préparation: 1200 $

Nombre d'unités vendues en 2013 au Québec: 327*

Les raisons de la considérer: La Mirage ne fait peut-être pas l'unanimité, mais elle a l'avantage de faire preuve d'une grande sobriété à la pompe et de bénéficier d'une garantie rassurante.

* La commercialisation de ce véhicule n'a débuté qu'à l'automne 2013