Le salon de l'automobile de Tokyo s'ouvrira mercredi avec une grande parade de constructeurs japonais rivalisant de technologies électroniques et écologiques face à des concurrents étrangers qui espèrent gagner davantage de clients dans l'archipel.

Cet événement biennal organisé du 20 novembre au 1er décembre dans la baie de Tokyo réunira les constructeurs japonais de voitures de tourisme, véhicules utilitaires et camions, ainsi que la plupart de leurs concurrents européens, mais pas les grands groupes américains qui boudent ce salon depuis la crise financière internationale.

Au total 177 exposants (y compris des fournisseurs) de 12 pays seront présents pour cette 43e édition, une affluence comparable à celle de la précédente.

Côté nippon, le premier constructeur mondial d'automobiles, Toyota, plastronnera après s'être remis d'une série de catastrophes ces dernières années (crise financière, rappels massifs de véhicules, séisme et tsunami au Japon). Il vient de présenter des résultats financiers flatteurs, gonflés, comme ceux de ses compatriotes, par la forte dépréciation du yen entraînée par la politique du gouvernement de Shinzo Abe.

Le numéro 2 nippon, Nissan, dont le français Renault est le premier actionnaire, aborde lui ce rendez-vous dans une position moins avantageuse, après avoir abaissé ses prévisions sur fond de ventes mitigées dans les pays émergents. Il vient en outre de décider une réorganisation de sa direction autour d'un PDG, Carlos Ghosn, apparemment fragilisé.

Les principaux constructeurs européens seront là aussi, bien que le marché de l'automobile japonais, le troisième du monde après ceux de Chine et des États-Unis, reste peu ouvert aux étrangers. En 2012, seuls 4,5% des 5,37 millions de véhicules neufs vendus dans l'archipel étaient de marque étrangère.

Les manufacturiers allemands, dont les modèles de luxe remportent néanmoins un succès appréciable au Japon, seront notamment présents en force, avec entre autres Audi, BMW, Mercedes-Benz, Porsche et Volkswagen. Les français, plus discrets dans l'archipel, seront toutefois bien présents à Tokyo avec Renault et Peugeot-Citroën, comme les britanniques Land Rover et Jaguar ou encore le suédois Volvo.

Comme en 2009 et 2011, ni le «Big Three» de Detroit (General Motors, Ford et Chrysler) ni les constructeurs sud-coréens (à l'exception des utilitaires Hyundai) ne feront en revanche le déplacement.

Voitures à l'hydrogène

Les constructeurs et fournisseurs présents devraient rivaliser pour présenter les technologies les plus avancées d'électronique embarquée, dont l'apport croissant constitue une véritable révolution pour l'industrie automobile.

«Voitures sans conducteur, assistance informatique à la conduite, radars, contrôles de la consommation de carburant: la coopération entre les mondes de l'automobile et de l'électronique se renforce encore et encore», souligne Tatsuya Mizuno, expert de l'automobile chez Mizuno Credit Advisory.

«La concurrence des groupes d'électronique au sein du marché automobile va augmenter, tout comme leur influence au sein de cette industrie. Cela va entraîner des changements dans les méthodes de production des voitures et dans la structure même des véhicules», ajoute-t-il.

Comme il y a deux ans, les automobiles «vertes», utilisant d'autres carburants que l'essence, occuperont une place de choix. Mais cette fois les voitures électriques pourraient laisser la vedette aux modèles à pile à combustible.

Le pionnier des véhicules hybrides (double motorisation à essence et électricité), Toyota, mettra en lumière un nouveau concept de véhicule à pile à combustible fonctionnant à l'hydrogène gazeux, deux ans avant la sortie espérée d'un modèle commercial. Honda montrera une voiture de ce type qu'il a déjà mise sur le marché à très petite échelle, le FCX Clarity.

«La voiture à pile à combustible coûte actuellement très cher, mais si les constructeurs parviennent à abaisser son coût, elle a plus de potentiel de développement (que l'électrique) car elle ne produit aucune émission de CO2», estime M. Mizuno, qui rappelle que l'électricité est souvent produite à partir d'énergie fossile.

Outre Toyota, qui travaille sur le sujet avec l'allemand BMW, des associations Honda-General Motors et Nissan-Ford-Daimler veulent sortir rapidement une voiture à hydrogène à grande échelle.

«Il y a quelques années, on pensait que les voitures électriques allaient connaître une croissance rapide, mais le fait est qu'elles restent chères à cause du coût de production des batteries rechargeables. Le développement des infrastructures de recharge dans le monde est en outre plus lent qu'escompté», explique M. Mizuno.

Nissan, dont les ventes de sa citadine électrique Leaf peinent à décoller, présentera un prototype de voiture électrique sportive, qui pourrait inspirer un nouveau véhicule commercialisable visant délibérément une clientèle aisée. Tesla, spécialisé dans ce créneau du «luxe électrique», sera d'ailleurs le seul constructeur américain présent à Tokyo.