Il faut avoir les yeux braqués dans le rétroviseur pour se remémorer les heures de gloire de ces deux grandes berlines. D'ailleurs, elles se présentent avec des ambitions calculées au plus juste. Leurs concepteurs envisagent de ne les produire qu'à seulement quelques centaines d'unités par année sur le marché québécois.

Dans les embouteillages, il suffit de jeter un coup d'oeil autour de soi pour constater à quel point la forme du paysage automobile s'est diversifiée au cours des années. À travers cette mosaïque se dessine une ligne de fracture. Ces nouvelles variétés, adaptées aux attentes divergentes d'une société éclatée, menacent le règne de la berline classique telle que nous nous la représentions il y a 10, 20, 30 ou 40 ans. Encerclée, l'espèce automobile historiquement la plus produite est en déclin. Cela ne signifie pas qu'elle va disparaître, mais plutôt qu'elle perd progressivement son hégémonie, même aux États-Unis. Là-bas, elle est minoritaire depuis déjà plus de 20 ans, détrônée par les «light trucks», terme générique qui regroupe tout ce qui ressemble de près ou de loin à un camion. Et ceux qui ont rompu avec la berline - et ils reviennent rarement à leurs premières amours, selon les études - avancent des explications très concrètes. Ainsi, la hauteur des «camions» est unanimement appréciée. La vision de la route est beaucoup plus large et la protection est meilleure en cas de choc latéral.

Maintenant que la table est mise, abordons le service. Nos deux protagonistes s'adressent à ceux qui recherchent avant tout une automobile spacieuse et confortable. Aussi, faut-il vous en prévenir, certains critères d'évaluation de ce duel seront enrichis (confort de roulement et acoustique); d'autres, appauvris (agrément de conduite, qualités dynamiques). Dans un tel cas, on peut s'étonner de retrouver une déclinaison LTZ de l'Impala avec une suspension sport rattachée à d'immenses roues de 20 po. Voilà un groupe d'options que je vous suggère fortement de rayer de votre liste considérant l'état de la chaussée québécoise - et montréalaise surtout - et la nature «familiale» de cette Chevrolet. En privilégiant les éléments suspenseurs «de base», l'Impala impressionne davantage que la Toyota. Cette dernière talonne sur les petites imperfections et donne l'impression de perdre le contact au passage des grosses déformations. Ce ressenti est accentué par une direction engourdie. Celle-ci retrouve curieusement une certaine sensibilité lorsque la route se met à tournoyer.

L'Impala, pour sa part, offre un comportement plus neutre quelle que soit la nature du terrain. Sa suspension lisse mieux les trous et les bosses, prend peu de roulis et sa direction transmet avec plus de précision l'emplacement des roues directrices. En revanche, la conduite de l'Impala pourrait en intimider certains en raison de ses dimensions extérieures plus imposantes que la Toyota.

Quant aux performances, au tour de l'Avalon de surprendre. Son V6 3,5 L offre un rendement sans histoire et se distingue par sa faible consommation en carburant. Le V6 3,6 L de l'Impala est certes plus puissant et plus démonstratif que le V6 japonais, mais la boîte automatique brise son élan en raison de ses étourderies. En effet, cette transmission hésite à choisir le rapport adéquat. Ce que l'on ne ressent pas à bord de l'Avalon. Cette dernière au contraire fait transiter adroitement et sans discontinuité la puissance et le couple aux roues avant motrices.

Vie à bord

Ces deux berlines, qui font plus ou moins 5 m de longueur, se contentent d'une robe consensuelle, voire banale, en tout cas sans nulle aspérité. L'habitacle présente quelques signes d'originalité vite réprimés par des appliqués de faux bois ou de similicuir, mais on ne peut que louer la qualité de fabrication dont ils témoignent et le choix des matériaux qui les composent. D'un point de vue subjectif, l'Avalon apparaît la plus valorisante - même si elle paraît un peu kitsch.

À l'intérieur de ces deux véhicules règne une impression de grands espaces où cinq adultes peuvent prendre place sans trop avoir à jouer du coude. Surtout à bord de la Chevrolet, dont la banquette arrière a des airs de limousine. Et que dire de l'impressionnant volume du coffre de l'américaine? ÉNORME. Celui-ci offre la possibilité d'empiéter sur l'habitacle pour en accroître la capacité en rabattant en tout ou en partie les dossiers arrière. Une commodité que l'on retrouve également chez Toyota.

Grâce à de nombreux réglages, les assises avant - celle du conducteur, surtout - permettent de se mitonner une position de conduite confortable. Les sièges de la Chevrolet procurent toutefois un meilleur support que ceux ancrés à bord de la Toyota. Le bloc d'instrumentation de ces deux véhicules affiche complet, mais ce qui retient surtout l'attention, ce sont les commandes - certaines surdimensionnées pour une manipulation plus aisée - de la Chevrolet. Cette façon de faire n'est pas forcément très esthétique, mais tellement plus simple que l'approche favorisée par Toyota, qui fait un peu désordre avec tous ces commutateurs dans l'habitacle.

Et la gagnante est?

Considérant les critères recherchés par la clientèle de cette catégorie, l'Impala remporte la victoire. Sa fourchette de prix la rend plus attrayante et son volume intérieur en fait une automobile parfaitement taillée pour les familles nombreuses. De plus, son confort de roulement et la simplicité de ses commandes contribuent aussi au plaisir. Tout cela est vrai pour peu que vous limitiez vos dépenses. En effet, à prix égal, l'Avalon offre une meilleure valeur à la revente, une consommation plus raisonnable et, enfin, un groupe motopropulseur plus finement affûté.

Fiche technique - Chevrolet Impala

Prix: 28 445 $ à 39 645 $

Frais de transport et préparation: 1950 $

Garantie de base : 3 ans/60 000 km

Consommation obtenue lors de l'essai: 11,4 l/100 km

Pour en savoir plus: www.gm.ca

Moteur: V6 DACT 3,6 litres

Puissance: 305 ch à 6800 tr/mn

Couple: 264 lb-pi à 5200 tr/mn

Poids: 1717 kg

Rapport poids-puissance: 5,62 kg/ch

Mode: Traction

Transmission de série: Semi-automatique 6 rapports

Transmission optionnelle: Aucune

Direction/Diamètre de braquage: Crémaillère/11,8

Freins avant/arrière: Disque/Disque

Pneus avant-arrière: 235/50R18

Capacité du réservoir de carburant: 70 litres

Essence recommandée: Ordinaire

Fiche technique - Toyota Avalon

Prix: 36 995 $ à 39 050 $

Frais de transport et préparation: 1620 $

Garantie de base: 3 ans/60 000 km

Consommation obtenue lors de l'essai: 10,8 l/100 km

Pour en savoir plus: www.toyota.ca

Moteur: V6 DACT 3,5 litres

Puissance:
268 ch à 6200 tr/mn

Couple:
248 lb-pi à 4700 tr/mn



Poids:
1590 kg

Rapport poids-puissance:
5,93 kg/ch

Mode:
Traction

Transmission de série: Semi-automatique 6 rapports

Transmission optionnelle: Aucune

Direction/Diamètre de braquage: Crémaillère/12,2 mètres

Freins avant/arrière: Disque/Disque

Pneus avant-arrière:
255/45R18

Capacité du réservoir de carburant: 64 litres

Essence recommandée: Ordinaire