La chancelière Angela Merkel s'est posée jeudi en protectrice de l'industrie automobile allemande face aux exigences environnementales de l'Union européenne, en inaugurant le salon de l'automobile à Francfort, à dix jours des législatives.

Détendue et souriante malgré des traits tirés, la chancelière, qui aborde la dernière ligne droite de sa campagne électorale, a parcouru les kiosques des constructeurs allemands, montant même à bord de l'e-Golf de Volkswagen, un véhicule 100% électrique qui marque les ambitions du numéro un européen dans ce domaine.

La chancelière, qui a récemment reconnu dans une interview télévisée qu'elle n'avait pas pris le volant depuis longtemps, s'est penchée sous le capot de plusieurs véhicules pour en admirer le moteur, au grand plaisir des patrons de Mercedes-Benz, BMW ou Porsche.

Dans un discours, Mme Merkel, favorite pour remporter un troisième mandat lors des élections du 22 septembre, a apporté un soutien indéfectible à l'industrie automobile nationale, un pilier de la première économie européenne dont elle a vanté les mérites en termes d'emplois et d'innovations.

Alors qu'elle défend bec et ongles ses constructeurs nationaux dans leur bataille pour faire modifier un texte en préparation réglementant les émissions de CO2 en Europe, la chancelière a appelé à trouver «un équilibre raisonnable» entre la protection de l'environnement et les intérêts économiques.

En termes de consommation et d'émissions polluantes, «beaucoup a été fait depuis (...) deux ans», a-t-elle affirmé. «Les constructeurs allemands proposent maintenant des véhicules qui sont plus efficients et plus économes que jamais et nous pouvons donc dire que la direction est la bonne», a-t-elle estimé.

«Cela n'a aucun sens de se limiter à une catégorie de voitures» en Europe, c'est à dire les petits véhicules sobres, a-t-elle jugé. L'industrie allemande considère en effet que le mode de calcul prévu par le texte européen sur les émissions de CO2 favorise les petits modèles construits par leurs concurrents, français et italiens notamment, et désavantage les grosses cylindrées allemandes.

«Nous sommes prêts à améliorer l'efficacité (des véhicules) de toutes les manières possibles mais nous ne pouvons pas changer les lois de la nature ni celles de la physique», a lancé Mme Merkel, très applaudie.

La chancelière est récemment intervenue auprès de ses partenaires européens pour tenter de modifier le texte qui prévoit la réduction des émissions de CO2 des voitures à 95 g/km pour les nouvelles voitures en 2020, quitte à en brusquer plus d'un.

Ce soutien sans faille à un secteur qui emploie quelque 750.000 personnes en Allemagne a été souligné jeudi par Matthias Wissmann, président de la fédération allemande de l'automobile (VDA).

«Vous avez toujours été et restez, comme chancelière, un partenaire fiable de l'industrie automobile et je veux vous en remercier de tout coeur», a-t-il salué.

«L'industrie automobile fournit une contribution importante» à l'économie allemande «et je souhaite l'en remercier», lui a répondu la chancelière.

«Angela Merkel a encore joué les gardiennes de l'industrie auto allemande», a critiqué dans un communiqué Jens Hilgenberg, de l'association écologiste BUND.

«Elle a déjà bloqué en juin une limitation plus forte des émissions de CO2 au niveau européen en réponse au lobby automobile», a-t-il dénoncé. «Cette politique ne nuit pas seulement à l'image de l'Allemagne sur le plan de la protection de l'environnement, mais aussi à l'industrie automobile elle-même», a-t-il estimé, affirmant que l'avenir des constructeurs allemands était dans les voitures plus légères et moins gourmandes en carburant.

La chancelière a par ailleurs confirmé son ambition d'avoir «un million de voitures électriques sur les routes allemandes d'ici 2020», un objectif jugé peu réaliste par nombre d'experts. Seules 7000 voitures électriques étaient en circulation en Allemagne en début d'année, contre 30 millions de véhicules à essence.