Les constructeurs automobiles ont beau proposer une gamme de modèles diversifiée qui essaie de rejoindre autant de marchés que possible - parfois de niche -, il n'en reste pas moins que presque tous ont une véritable vache à lait.

Le cabinet d'analyses DesRosiers Automotive sort cette semaine une donnée statistique intéressante qui illustre la dépendance, parfois insoupçonnée, d'un constructeur à l'égard de l'un de ses modèles.

Jugez plutôt. On apprend par exemple que la Mazda3 représente à elle seule 55% des ventes du constructeur nippon au Canada, selon les chiffres de 2012. Que 50% des ventes de Honda reposent uniquement sur la Civic. Ou encore que la 200 a représenté à elle seule 56% des ventes de la marque Chrysler l'an dernier. Certaines proportions sont surprenantes. On connaissait la popularité de la Mazda3 et de la Civic, mais pas à ce point.

Le caractère porte-étendard d'un modèle est surtout criant dans le domaine du haut de gamme et du luxe. Bien que Lincoln ne possède pas une gamme étoffée, son MKX représente tout de même 62% de ses ventes. Chez Lexus, 47% des ventes sont le fait de la RX seule. Chez Cadillac, la SRX représente 47% des ventes.

Mais la proportion la plus surprenante et la plus significative - d'un changement d'orientation? - est celle du Cayenne. Le VUS représente 54% des ventes de Porsche.

Même les plus grandes marques affichent une certaine dépendance à l'égard d'un véhicule. La Corolla a représenté l'an dernier 24% des ventes de Toyota au Canada, la Série F presque 40% des ventes de Ford. On pourrait citer aussi Chevrolet, dépendant de son Silverado à hauteur de 26%.

On note que les modèles compacts représentent la vache à lait de marques comme Volkswagen, Honda ou Mazda. Les sud-coréens et les autres japonais sont plutôt alimentés par les intermédiaires. Les marques de luxe sont quant à elles dépendantes des multisegments.

La prédominance d'un produit dans une gamme n'est-elle pas dangereuse? Le succès d'un constructeur peut-il dépendre d'un seul modèle? «C'est à la fois dangereux et avantageux. On domine dans une gamme particulière, mais cela nous rend vulnérables. Notre force fait notre vulnérabilité. Il faut alors fidéliser sa clientèle autant que possible», analyse Benoit Duguay, professeur à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, spécialiste en consommation et en communication.

Plus dure est la chute si le modèle phare s'éteint.

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Auto-dépendance au Canada [modèles et proportion des ventes]

MKX : 62 % de Lincoln

Berline 200 : 56 % de Chrysler

Mazda3 : 55 % de Mazda

Cayenne : 54 % de Porsche

Civic : 49 % de Honda

RX : 47 % de Lexus

SRX : 47 % de Cadillac

Jetta : 45,5 % de Volkswagen

Série F : 39 % de Ford

Elantra : 37 % de Hyundai

Série 3 : 36 % de BMW

Silverado : 26 % de Chevrolet

Corolla : 24 % de Toyota

Rogue : 19 % de Nissan

Forte : 19 % de Kia

Selon les ventes de 2012

Source: DesRosiers Automotive