Aux amateurs de ces véhicules sécurisants, mi-utilitaires, mi-sportifs, qui défient la neige et la gadoue, il y a les Nissan Juke et Mini Countryman. Ils ont beaucoup en commun. Et tous les deux offrent un supplément d'âme et une bonne dose d'originalité. Le plus dur sera de choisir entre le coeur et la raison.

L'hiver approche avec son traîneau de contrariétés et les utilitaires, petits et gros, se rappellent tous à votre bon souvenir. Ce n'est pas le choix qui manque et souvent les consommateurs ont peine à s'y retrouver. Cela ne risque pas de se produire ici. L'appréciation du style décalé des Nissan Juke et Mini Countryman est un sujet dont nous vous laissons le soin de débattre entre vous. En revanche, reconnaissons l'audace de ces deux constructeurs à donner des formes aussi singulières - le Nissan surtout avec ses yeux de crocodile - à une catégorie de véhicules qui finissent par se ressembler. Avec ces deux-là, pas de souci: on les repère aisément.

Peut-être n'avez-vous jamais osé comparer ces deux véhicules, en raison sans doute du rang qu'ils occupent dans la perception populaire. En clair, Mini appartient à une caste supérieure à Nissan en raison de sa filiation avec BMW d'abord, mais également au positionnement de la marque (prix et garantie) dans l'échelle de valeurs.

Au-delà des perceptions

Peu importe le rang que vous attribuez à ces deux marques, il reste que ces deux produits se ressemblent techniquement. Les versions les plus équipées, surtout. Il suffit de jeter un oeil à la fiche de ces deux modèles pour s'en convaincre. Les deux font appel à la même cylindrée et chacun est doté de la suralimentation par turbocompresseur. La puissance, comme le poids, est pratiquement identique de sorte que Countryman et Juke signent sensiblement les mêmes performances. Nous y reviendrons.

Physiquement, Juke et Countryman ont aussi une taille similaire. Le Nissan est plus long, mais le Mini n'en demeure pas moins celui qui offre le meilleur volume intérieur en raison de son empattement supérieur. Et cela saute aux yeux dès qu'on s'assoit à l'arrière. Sans être une limousine, le Countryman soigne mieux les occupants, pourvu qu'ils ne soient que deux... Trois? Impossible. Le Countryman assoit tout son monde sur des sièges individuels. Pas de chicane.

Étonnamment, en regard des ses lignes extérieures, le Juke n'offre pas une telle fantaisie. On y trouve une étroite banquette au coussin bien (trop) plat qu'on ne saurait qualifier de confortable et une hauteur sous plafond qui laisse à désirer. À ces incommodités, ajoutons-en une autre: l'accès et la sortie aux places arrière sont difficiles en raison de la faible ouverture des portières. Le Juke est donc un strict deux-places? Non, mais on a envie de le considérer ainsi après avoir soulevé son hayon. Le volume de chargement a la taille d'une boîte d'allumettes. J'exagère, bien sûr, mais chose certaine, il faut carrément rabattre en tout ou en partie les dossiers de la banquette avant d'envisager une virée dans les magasins. Étrangement, le Mini fait beaucoup mieux dans ce domaine.

Installons-nous maintenant à l'avant. Rien à redire du Countryman, si ce n'est des commandes inutilement complexes et parfois difficilement accessibles des sièges. Une fois trouvée, la position de conduite est parfaite. On retrouve avec le même bonheur la présentation hors norme des Mini: le gros compteur bien rond au centre du tableau de bord, bien sûr, sans oublier les commutateurs de style aviation. Le Juke, pour sa part, ne va pas aussi (assez?) loin. Le bloc d'instrumentation n'a rien pour vous chavirer et sa seule excentricité est cette console empruntée à l'univers des motos. Celle-ci est offerte en rouge ou en gris, selon la teinte extérieure choisie. Hélas, elle est souvent grise. L'autre originalité de cette Nissan se cache derrière l'écran de la commande de climatisation. Actionnez le bouton «D» et, soudainement, il n'est plus question de température, mais bien de contrôle dynamique du châssis. Il reste à choisir entre les modes «Économie», «Normal» ou «Sport». Faites votre choix, mais sachez que cela modifiera la course de l'accélérateur, le débit de la climatisation, le tarage de la direction et la programmation de la boîte de vitesses. Une fois la sélection faite, vous pouvez faire apparaître à l'écran de nouvelles données comme la pression de suralimentation ou la distribution du couple entre les essieux. Ne les consultez que brièvement, car ceux-ci vous obligent à quitter la route des yeux.

C'est bientôt la neige?

Les modèles d'entrée ne sont que des tractions. Pour retenir les services du rouage intégral, il faut y mettre le prix. Est-ce que cela vaut le coût exigé? Sans doute, pour peu que vous aimiez conduire dans toutes les conditions. Les rouages proposés ici sont temporaires, car les roues antérieures sont entraînées seulement lorsque les roues motrices (à l'avant) manquent d'adhérence. Voilà, c'est dit.

Sur papier, les mécaniques se ressemblent, mais à l'usage, le rendement diffère un peu. Même si Nissan assure qu'il n'y a aucun problème à alimenter le Juke d'essence ordinaire, mieux vaut lui offrir une essence à indice d'octane plus élevé. Les performances s'en portent mieux, la consommation aussi, selon les mesures enregistrées lors de cet essai. Avec l'essence Super, le Juke atteint les 100 km/h plus rapidement (trois dixièmes de seconde) que le Countryman et signe également les meilleurs temps de reprise. En revanche, il consomme davantage. Et se montre aussi plus bruyant. Cette dernière faute est en grande partie due à la boîte à variation continue (CVT) qui l'accompagne, la seule offerte avec le rouage intégral. Le Mini propose une boîte manuelle ou semi-automatique. Les deux comportent six rapports.

Nonobstant ces impairs, le Juke s'avère drôlement amusant à conduire. Agile et incroyablement maniable, ce Nissan nous surprend par sa légèreté. Tout le contraire du Mini, qui semble lourd et pataud en plus d'être étonnement déplaisant à garer en raison de son fort diamètre de braquage. Même s'il ne se comporte pas exactement comme un kart (prétention qu'ont toutes les Mini), le Countryman se fait apprécier au fil des kilomètres. Plus confortable que le Juke, plus stable dans les changements abrupts de trajectoire, le Mini s'immobilise aussi beaucoup plus rapidement.

Au final, on est déchiré. Le coeur dit Juke, la tête dit Contryman. Tranchons. En considérant la catégorie visée, le prix et l'usage au quotidien, la raison l'emporte. C'est le Mini!

Photo fournie par MINI

La Mini Countryman.

FICHES TECHNIQUES

MINI COUNTRYMAN

Prix: 26 450$ à 32 400$

Frais de transport et préparation: 800$

Garantie de base: 4 ans/80 000 km

Consommation obtenue lors de l'essai: 9,4 L/100 km

Pour en savoir plus: www.mini.ca

Moteur: L4 DACT 1,6 litre - Turbo

Puissance: 181 ch à 5 500 tr/min

Couple: 177 lb-pi entre 1600 et 5000 tr/min

Poids: 1455 kg

Rapport poids-puissance: 8,03 kg/ch

Mode: intégral (4 roues motrices)

Transmission de série: manuelle 6 rapports

Transmission optionnelle: semi-automatique 6 rapports

Direction/diamètre de braquage: crémaillère/11,6 mètres

Freins avant/arrière: disque/disque

Pneus avant -arrière: 205/50R17

Capacité du réservoir de carburant: 47 litres

Essence recommandée: super

Photo fournie par MINI

NISSAN JUKE

Prix: 19 998$ à 27 078$

Frais de transport et préparation: 1560$ (préparation en sus)

Garantie de base: 3 ans/60 000 km

Consommation obtenue lors de l'essai: 9,8 L/100 km

Pour en savoir plus: www.nissan.ca

Moteur: L4 DACT 1,6 litre turbo

Puissance: 188 ch à 5500 tr/mn

Couple: 177 lb-pi entre 2000 et 5200 tr/min

Poids: 1428 kg

Rapport poids-puissance: 7,6 kg/ch

Mode: intégral (4 roues motrices)

Transmission de série: automatique CVT (4 roues motrices)

Transmission optionnelle: manuelle 6 rapports (seulement avec le modèle à traction)

Direction/diamètre de braquage: crémaillère/11,5

Freins avant/arrière: disque/disque

Pneus avant -arrière: 215/55R17

Capacité du réservoir de carburant: 50 litres

Essence recommandée: super

Photo fournie par Nissan