Le dernier clou a été planté dans le cerceuil de Pontiac il y a déjà plus d'une semaine, mais il est encore temps de se remémorer les bons et les moins bons coups de la marque, abandonnée par General Motors à la suite de la restructuration de l'entreprise, résultat de sa faillite de l'année dernière. Voici donc un survol des 84 ans d'histoire de Pontiac, qui a longtemps défendu le caractère sportif de GM.

Des débuts modestes

La marque Pontiac a vu le jour en 1907, mais ce n'est qu'en 1926 qu'elle fut vraiment commercialisée. Elle faisait alors partie de l'Oakland Motor Co., qui venait d'être rachetée par GM. Rapidement, Pontiac devint plus populaire qu'Oakland et GM décida d'éliminer celle-ci. Utilisant parfois des carrosseries de Chevrolet, parfois celles de Buick, la Pontiac, très souvent mue par un moteur à 8 cylindres en ligne, demeura une voiture robuste mais peu puissante et à l'image trop modeste.

C'est vraiment au milieu des années 50 que la marque prit son envol grâce à la fois à l'arrivée d'un nouvel ingénieur plus dynamique, John DeLorean, et à l'adoption du moteur V8 à culbuteurs. À cette époque, GM du Canada choisit une mécanique de Chevrolet pour ses propres Pontiac, dont la lignée serait spécifique au marché local, une approche qui allait durer plusieurs années. Aux États-Unis, la course aux chevaux-vapeur de l'époque incita DeLorean et son équipe à créer de gros moteurs de plus en plus puissants pour les nouvelles Pontiac Catalina et Bonneville.

La gloire des années 60

En 1964, DeLorean est devenu le directeur de la marque Pontiac et il eut la brillante idée de glisser un gros V8 très puissant de 389 pouces cubes à trois carburateurs sous le capot du modèle Tempest intermédiaire, dont le moteur à 4 cylindres original était la moitié d'un V8 (la boîte de vitesses automatique se trouvait à l'arrière du véhicule, alors que l'arbre de transmission était flexible!).

Pontiac baptisa la voiture GTO et, sans le savoir, créa le premier muscle car de l'histoire. En 1965, toute la lignée Pontiac reçut la mention «voiture de l'année» de Motor Trend. Pontiac offrait une mécanique tellement avancée qu'on y trouva même un 6-cylindres en ligne à arbre à cames en tête dans le catalogue d'options, une innovation pour l'époque. C'est d'ailleurs ce moteur qui allait se retrouver en équipement de base dans une toute nouvelle pony car de Pontiac, la Firebird, qui partageait sa carrosserie la Chevrolet Camaro.

En 1969, les ingénieurs de Pontiac transposèrent le nom du modèle Grand Prix sur une toute nouvelle auto, un coupé de luxe qui allait rivaliser avec les Ford Thunderbird et Buick Riviera du temps. Ce fut un grand succès commercial. Au Canada, c'était le modèle Parisienne (toujours avec mécanique Chevrolet) qui faisait la réputation de Pontiac.

Durant les années 70 et 80, la marque Pontiac diversifia sa production, mais dut subir les assauts répétés des offices gouvernementaux exigeant une réduction de la pollution et une augmentation des éléments de sécurité. Pontiac a quand même réussi à marquer cette époque grâce à des modèles spectaculaires comme la Trans Am qui allait devenir la vedette des films de Burt Reynolds (Smokey and the Bandit).

Malgré l'échec de la tristement légendaire Astre (jumelle de la non moins tristement célèbre Chevrolet Vega), Pontiac réussit à garder la tête haute avec le lancement du petit coupé sportif Fiero à deux places et à moteur central. En 1988, sauf pour la Firebird et la Fiero, toutes les Pontiac passèrent à la traction avant et le coupé Grand Prix connut un succès éclatant. Pontiac mit alors encore plus l'accent sur la performance et on pouvait voir des voitures de la marque en NASCAR, en NHRA, en SCCA et, plus tard, en Grand Am et dans d'autres séries de course automobile.





Photo fournie par GM

La marque Pontiac a véritablement vu le jour en 1926 avec le modèle Coach.

La descente aux enfers

C'est vers la fin des années 90 que la situation s'est gâtée. Les consommateurs commencèrent à bouder graduellement la marque qui nous offrit des voitures aussi «spectaculaires» que l'Aztek.

Les modèles les plus populaires de Pontiac, dont la Bonneville et la Grand Prix, disparurent au début du XXIe siècle, alors qu'aux États-Unis, on tenta de faire revivre le nom de GTO sur une Holden australienne à peine «déguisée» en Pontiac.

Ce fut un échec, tout comme l'arrivée de la berline G8, autre Holden rebaptisée Pontiac. Cependant, la petite Vibe, basée sur un produit Toyota (Matrix), réussissait assez bien sur le marché. Le prototype Solstice vit le jour sous la forme d'un petit roadster à moteur à 4 cylindres, mais sa vie fut de courte durée. Le 23 avril 2008, un rapport de GM a annoncé l'abandon de la marque.

La dernière voiture Pontiac à voir le jour fut la Wave G3 (un modèle strictement canadien, mais construit en Corée du Sud).

Photo fournie par GM

Le tristement célèbre Aztek n'a certes pas aidé la cause de Pontiac.

C'est sans cérémonie que General Motors a complètement retiré la marque Pontiac de ses livres le 31 octobre dernier. Le constructeur a même refusé de vendre le nom Pontiac à des indépendants. Toutefois, que les propriétaires de véhicules Pontiac se rassurent, ils peuvent toujours les faire entretenir chez les concessionnaires des autres marques du constructeur.

La dernière année de production complète des véhicules Pontiac est 2008. On y a alors vendu 267 000 véhicules, chiffre qui représente le tiers des ventes de la marque 20 ans plus tôt. C'était suffisant pour que GM justifie l'abandon de Pontiac.

Photo GM

La Solstice GXP Coupe 2009, passé presque inaperçu tellement la diffusion a été minime, a certes été le dernier modèle original créé par Pontiac.