L'interdiction de parler au téléphone en conduisant sans utiliser de système mains libres diminue le nombre d'accidents en ville, mais pas à la campagne, selon une nouvelle étude américaine.

«La distraction que cause un portable ne semble augmenter significativement le nombre d'accidents qu'en ville, parce qu'il y a beaucoup d'autres voitures avec lesquelles on interagit», explique Sheldon Jacobson, ingénieur des transports à l'Université de l'Illinois, qui publie son étude dans la revue Transportation Research Part A. «Mais, à la campagne, on ne voit pas d'effets statistiquement significatifs.»

Le chercheur américain a analysé les données sur les accidents avec morts et blessés dans chaque comté de l'État de New York de 1997 à 2007 et les a comparées à la densité de conducteurs du comté. Cet État a été le premier à interdire le téléphone sans dispositif mains libres, en 2001.

«Quand la densité est inférieure à 40 conducteurs par kilomètre carré, ce qu'on trouve à Plattsburgh, il n'y a pas d'effet statistiquement significatif, dit M. Jacobson. Au-delà, il y a un effet sur le nombre d'accidents avec blessés. Plus la densité est élevée, plus une interdiction du portable réduit les accidents avec blessés. Mais, pour les accidents mortels, il faut qu'il y ait une densité de 3500 conducteurs par kilomètre carré.»

À titre de comparaison, l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal a une densité de 12 500 personnes par kilomètre carré. Si on suppose que la moitié d'entre elles ont un permis de conduire, on arrive à 6250 conducteurs par kilomètre carré. En appliquant le même calcul, cette densité est de 4500 conducteurs par kilomètre carré dans Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, de 2700 pour Ahuntsic-Cartierville et de 2500 pour Saint-Léonard.

L'effet de la surveillance policière

Comment tenir compte des conducteurs sans voiture et de la circulation de transit? «Si un territoire a une forte densité de conducteurs, cela signifie probablement que c'est une zone urbaine où beaucoup de gens n'ont pas de voiture, mais qui a une forte circulation de transit. Les deux effets s'annulent.»

L'ingénieur de l'Illinois veut maintenant affiner ses calculs pour tenir compte de l'effet de la surveillance policière et des autres types d'accident. «À New York, la proportion d'automobilistes qui utilisaient fréquemment leur portable sans dispositif mains libres a baissé de 2,3% à 1,1% dans les mois suivant l'instauration de l'interdiction, dit M. Jacobson. Mais elle a rebondi à 2,1% un an après, probablement parce qu'il n'y avait pas assez de surveillance policière. Par ailleurs, les accidents ne causant que des dommages matériels sont difficiles à prendre en compte parce que les compagnies d'assurances ne partagent pas volontiers ce type de renseignement. Une étude d'un institut de recherche financé par les compagnies d'assurances a publié un rapport il y a quelques années qui soutenait que les interdictions des portables sans dispositif mains libres ne donnaient rien. Mais, comme ce rapport ne figurait pas dans une publication évaluée par les pairs, on ne peut pas être certain de la méthodologie.»