La longue silhouette aux éclats de métal se faufile en souplesse le long de la Méditerranée. Taillée comme le roc qui défile sur notre droite, retenant l'allonge du V8 qui ronronne de contentement, le coupé CL passe en revue les plaisanciers étendus sur les plages. À Cannes, cette Mercedes évolue dans son monde, celui de l'élégance de bon ton et de l'exclusivité à bon compte. Car, toutes proportions gardées, ce splendide coupé ne fait pas payer si cher (159 000$ pour la version 2010) ses performances hors série si l'on retient qu'aucun autre deux-portes ne dispose, dans sa catégorie, de quatre places, d'un réseau capable de le soutenir efficacement en cas de panne et d'un luxe haut de gamme.

Les mauvaises langues diront que Mercedes a fait une voiture à l'américaine. C'est vrai, mais seulement lorsque l'appellation CL se termine par un matricule. Mais à la manière du Dr Jekyll et de M. Hyde, en y ajoutant trois petites lettres au bout - comme AMG par exemple -, tout change.

Laissons de côté le rageur V12 de la CL65 qui transforme ce coupé en un véritable dragster ou encore la placide version de base et son moteur V8. Penchons-nous plutôt sur le cas du nouveau V8 suralimenté (536 chevaux) à la forme olympique.

D'une cylindrée inférieure à la motorisation qui siégeait autrefois sous le capot de ce coupé (5,5 litres au lieu de 6,2), ce nouveau moteur turbocompressé à injection directe délivre plus de chevaux ("19) et consomme moins d'essence (-10%), notamment par l'usage d'un dispositif de coupure automatique à l'arrêt. L'effet bénéfique induit est que le moteur gagne encore de la rondeur à bas régime et affiche des reprises encore plus musclées avec un temps de reprise (80-120 km/h) inférieur à trois secondes. Et c'est peu de le dire, car le vivre au volant est une expérience saisissante. Beaucoup de voitures paraîtront bien fades après cela tant ce V8 suralimenté sait se plier aux demandes de votre pied doit. Un chiffre encore, le couple est passé de 465 à 590 livres-pied...

Cela change évidemment tout surtout que, au-delà de ce seuil, ce V8 se révèle avec des harmoniques envoûtantes. Puissant et feutré à bas régime, mais avec un temps de réponse nul qui vous donne soudain la sensation de chevaucher un missile. Le son se fait plus clair au-dessus de 4000 tr/min et le V8 semble tout à coup redoubler d'ardeur, avec un souffle sans fin. Le secret réside dans la suralimentation, bien sûr, mais aussi dans la dizaine de puces qui gèrent la brillantissime mécanique Mercedes.

La boîte compte sept rapports et permet de profiter de tout le tempérament moteur et de reprises hors série. Et il est possible de l'exploiter vraiment si l'on ne redoute pas l'effet radar, car cette CL équipée par AMG est d'une redoutable efficacité. Le châssis est si précis et réactif qu'il parvient à faire oublier la taille et le poids respectables de la Mercedes qui se coule avec une réelle aisance d'une courbe à l'autre. Elle pourra être encore améliorée avec l'option «Performance Package» qui permet de gagner 27 chevaux supplémentaires (pour un total de 563) et - accrochez-vous - 74 livres-pied de couple additionnels (664). On aurait tort de s'en priver. Vous en avez les moyens...

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Les frais de transport et d'hébergement pour la réalisation de ce reportage ont été payés par Mercedes.