Des voitures vieillottes à peine distinctes les unes des autres avaient l'habitude de défiler sur les vastes avenues de Moscou, capitale de la Russie. C'était l'époque où l'on réservait des mois à l'avance sa Lada, sa ZIL ou sa Volga.

Aujourd'hui, les rues russes ne sont plus les mêmes. Les embouteillages sont devenus quotidiens dans la métropole moscovite et tous les grands constructeurs mondiaux sont désormais implantés en Russie, soit directement, soit par l'entremise des accords de partenariat avec les marques locales.

L'engouement des Russes pour les voitures «étrangères» a pris une dimension pour le moins étonnante: ces véhicules s'accaparent près de 75 % des immatriculations du marché, reléguant ainsi les «locaux» à des rôles de figurant. Puis la crise est venue... Les ventes se sont effondrées de 50%.

Soucieux de relancer son économie sur de nouvelles bases, le Kremlin a mis en place une série de mesures protectionnistes pour soutenir l'industrie automobile russe. Parmi celles-ci, on trouve l'instauration d'une prime à la casse. Celle-ci accorde 50 000 roubles (environ 2000$), mais seulement à l'acheteur d'une voiture neuve construite localement. Dans la foulée, le gouvernement russe a aussi augmenté les taxes à l'importation des véhicules neufs et d'occasion. Deux mesures qui suscitent la grogne en Russie, comme l'explique Avduyhova Svetlako, infirmière de 28 ans. «À l'heure actuelle, on achète des Lada un peu par dépit. Moi, je rêvais de me procurer le Jeep Wrangler, mais son prix d'achat équivaut ici à six Lada 4x4.»

Le Kremlin, lui, concrétise son rêve de relancer les 16 usines (bientôt 19) qui se trouvent actuellement sur son territoire. Si la tendance se maintient, la part de marché des «étrangers» ne sera plus que de 52% d'ici à la fin de l'année. Cela devrait encore s'aggraver l'an prochain puisque le gouvernement russe projette de durcir encore les conditions d'exemption de droits de douane. Pour en profiter, les constructeurs étrangers vont devoir afficher un taux d'intégration locale de plus de 70%, alors que seuls 40% sont exigés actuellement.

Un salon pour confirmer

Au salon automobile de Moscou, qui se déroulait il y a quelques jours, les constructeurs étrangers ont sorti le strass pour cacher leur stress. Présenté une fois tous les deux ans, ce salon automobile n'a certes pas encore l'aura des grandes manifestations internationales de Paris, Francfort, Genève, Detroit ou encore Tokyo, mais le rendez-vous moscovite est devenu, tout comme la Chine, un incontournable pour des constructeurs avides de points de croissance qui leur font défaut sur les marchés saturés. À ce sujet, malgré la conjoncture défavorable aux constructeurs étrangers, le constructeur Audi, par exemple, soutient que la Russie figure parmi ses 10 principaux marchés dans le monde. Pour comparaison, l'entreprise d'Ingolstadt classe le Canada au 15e rang.

Cette année encore, ce sont les constructeurs étrangers qui mènent le spectacle avec huit avant-premières mondiales. Porsche a levé le voile sur sa GT2 RS, Renault sur la Lattitude alors que Jaguar a présenté sa XJ Sentinel, une version blindée de sa berline haut de gamme. Plus modestement, Volkswagen a offert aux Russes la primeur de sa Polo berline, alors que Toyota a profité de son passage pour y dévoiler une version remaniée de l'Highlander. Sur le front local, Lada, qui détient 30% du marché russe, a présenté la version conceptuelle d'un futur modèle de série, la R90, une Renault (Dacia) Logan rebaptisée.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Lada a présenté la version conceptuelle d'un futur modèle de série, la R90.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Une nouvelle Tata a été présentée sur le plancher du salon de Moscou.