À l'occasion de la publication du guide L'Auto 2011, La Presse a demandé aux trois principaux auteurs de nous citer quelques éléments résolument in et autant d'éléments complètement out pour la prochaine année. Voici les prévisions de ces experts, des constats attristés en certains cas, des souhaits assumés en d'autres cas.

ÉRIC LEFRANÇOIS

IN

Le downsizing

Réduire notre dépendance au pétrole et diminuer les émissions de gaz à effet de serre font l'unanimité. Les avenues envisagées par l'industrie automobile et tout ce qui gravite autour (pétrolières, chercheurs, etc.) misent sur du connu: le bon vieux moteur à explosion. Malgré son ancienneté, son pauvre rendement énergétique et ses émissions nocives, son rendement ne cesse de s'améliorer grâce à plusieurs méthodes, dont la technologie du downsizing, qui consiste à réduire la cylindrée ainsi que la consommation, tout en préservant les performances. Cette année, les exemples abondent: la Série F soulève de nouveau -après un hiatus de plusieurs années- son capot à un moteur six cylindres alors que la Buick LaCrosse adopte dorénavant, en première monte, un moteur quatre cylindres.

Une nouvelle porte

«The Hatch is Back!» Le nombre de véhicules dotés d'un hayon suit une courbe ascendante. Les constructeurs ont visiblement un intérêt pour ce type de carrosserie qui attire les jeunes conducteurs et leurs dollars. Comme en Europe où la carrosserie à hayon est perçue comme étant plus sportive et plus dynamique qu'une berline et tout aussi fonctionnelle qu'une familiale. L'industrie de l'automobile veille maintenant, dès les premières étapes de la conception, à prévoir la présence d'un hayon. Une précaution qu'on ne prenait habituellement pas dans les années 70 et 80, où on se limitait à tailler simplement une ouverture arrière sur ses berlines et ses coupés.

OUT

Moins de responsabilités

In ou out, la conduite assistée? Pour un amateur de conduite, c'est out. Les garde-fous électroniques se généralisent et tous ont la même présentation: celle de mieux se conduire que nous. Ils n'ont pas tout à fait tort. L'industrie automobile s'ingénie à créer chaque année des dispositifs qui prétendent agir à notre place pour remettre la voiture sur la bonne trajectoire quand, à cause d'un revêtement trop glissant ou d'un virage abordé trop vite, elle tend à déraper du nez ou de l'arrière. On a beau s'insurger contre ces fées électroniques, mais un fait demeure: elles parviennent à suppléer, dans une certaine mesure, à l'inexpérience, à la maladresse ou au manque d'attention des automobilistes et, par conséquent, parviennent à sauver des vies et à économiser du carburant.

L'art de jouer sur les mots

Facile de s'égarer dans ce labyrinthe immense qu'est devenu le marché de l'automobile. D'un côté, l'industrie ne cesse de multiplier les modèles, tout en démultipliant, de l'autre, ses gammes grâce à l'utilisation de plateformes communes. Ce faisant, les constructeurs explorent ou créent de nouveaux créneaux et combattent ainsi une fatalité: «On ne peut pas plaire à tout le monde.» Mais était-ce vraiment nécessaire? Pas du tout.

Évidemment, la notion de catégorie, hier très claire, est plus floue. Fini les «trous» entre les petites et les moyennes, entre les intermédiaires et les «prestiges». Des «intrus» se sont insérés dans ces vides en s'inventant des noms: crossovers (multisegments), near-luxury (« luxe accessible?»), etc. Aujourd'hui, le nombre de segments est complètement dingue et je vous mets au défi de classer certains véhicules dans les catégories dites traditionnelles. Tout un casse-tête. Par exemple: qu'est-ce qu'un Juke (Nissan)? Une auto? Un camion?

Photo: Yoshikazu Tsuno, AFP

Qu'est-ce qu'un Juke (Nissan)? Une auto? Un camion?

JACQUES DUVAL

Tout un défi que d'être limité à seulement deux nominations par catégorie. En un rien de temps, j'ai démasqué une bonne douzaine de in et presque autant de out. Bon, sabrons et voyons ce qui est «bon chic, bon genre» à l'aube de 2011.

IN



Le diesel propre

Conduire une voiture dotée d'un diesel propre avec la technologie Bluetec ou autre et en faire l'apologie à tout venant. Il faut distinguer dans ce groupe les vrais et les faux écolos. Ces derniers font semblant d'être préoccupés par l'environnement alors que ce sont tout simplement des grippe-sous ou des «suce-la-cenne».

Les camions

Imitant en cela les États-Unis, le Québec a fait du camion le véhicule in par excellence. Les environnementalistes pleurent pendant que les constructeurs se réjouissent d'empocher des profits deux fois plus élevés qu'avec une automobile. Alors que le véhicule le plus vendu au Japon est la Toyota Prius, ce rôle est assumé ici par le camion Ford F-150. Il n'y a pas de quoi se réjouir.

OUT



Inversement, dans un monde en constante évolution, les attractions de la veille deviennent tout ce qu'il y a de plus kitsch en très peu de temps.

Les hybrides

On en parle beaucoup, mais on en vend peu. Il s'est écoulé environ 1000 Prius et Insight au Québec l'an dernier, un chiffre de vente équivalent à celui de la Dodge Avenger. Peur et prix limitent la commercialisation des hybrides à grande échelle.

Les transmissions CVT

On a fait beaucoup état de ces transmissions à rapports continuellement variables, principalement pour leur effet bénéfique sur la consommation. À l'usage, toutefois, leur fonctionnement lent empiète sur le plaisir de conduire.

JEAN-FRANÇOIS GUAY

Il est évident que l'année 2011 ne passera pas à l'histoire. Certes, il y a des modèles révolutionnaires comme la Chevrolet Volt et la Nissan Leaf. Toutefois, avant de me prononcer sur la Leaf, il faudra attendre de faire un essai en situation réelle, surtout en hiver, pour évaluer correctement tout son potentiel. Quant à la Volt, depuis le temps que GM nous fait languir, j'ai l'impression qu'au moment de son introduction, elle ne sera plus considérée comme une nouveauté, mais comme un plat réchauffé!

IN



Des moteurs plus petits

Concernant les bons coups de l'industrie automobile en 2011, je m'en voudrais de ne pas souligner la disparition des gros V8 sous le capot des Cadillac STS et Volvo S80, qui confient dorénavant leur déplacement à des moteurs six cylindres. Une nouvelle tendance à grande échelle? Sans aucun doute.

Déjà, Ford donne l'exemple en remplaçant complètement la gamme des moteurs de sa camionnette F-150. Ainsi, le véhicule le plus vendu en Amérique du Nord abandonne ses V8 de 4,6 litres (à 16 et 24 soupapes) et 5,4 litres pour faire place à un moteur V8 de 5,0 litres et (oh surprise!) à deux moteurs V6, l'un de 3,7 litres et l'autre de 3,5 litres à double turbo.

On trouve un peu le même phénomène chez Hyundai et Kia, qui ont abandonné tout V6 dans les berlines Sonata et Optima et les multisegments compacts Tucson et Sportage, pour s'en remettre exclusivement à des quatre-cylindres à aspiration atmosphérique ou turbo.

OUT



La technologie hybride

Plus le temps avance, plus je me demande dans quelle direction les constructeurs s'en vont avec la technologie hybride. L'essai de la BMW Série 7 à motorisation hybride m'a laissé sur ma faim, alors que le prix astronomique du X6 ActiveHybrid me laisse extrêmement perplexe. La venue de moteurs fonctionnant au diesel m'apparaît comme une voie plus rentable et intéressante. Donc, pourquoi la plupart des constructeurs s'obstinent-ils à ne pas l'emprunter?

Photo fournie par Mercedes

In: un moteur diesel Bluetec.