Après avoir été boudé par tous les grands constructeurs automobiles d'Occident en 2009, le Salon de l'auto de Tokyo va subir une restructuration majeure: il va déménager dans des locaux plus petits et il aura lieu en décembre et non plus en octobre, donc bien après la rentrée automobile d'automne.

C'est ce qu'annonce sur son site internet l'Association des constructeurs automobiles du Japon (connue sous son acronyme anglais JAMA), organisatrice de l'évènement. Le déménagement survient après que le Salon de Tokyo 2009 eut pris l'allure d'un salon régional, avec seulement les constructeurs japonais (les seules exceptions étaient les européens Alpina et Lotus, deux petits constructeurs de voitures exotiques). Les General Motors, Ford, Peugeot, Fiat, Mercedes-Benz, Volkswagen, BMW et mêmes les coréens Hyundai (pourtant voisins des Japonais) ont tous annulé leur présence au salon japonais en raison de la crise financière.

Devant toutes ces annulations, la JAMA avait sérieusement envisagé d'annuler purement et simplement l'événement, mais avait en fin de compte d'aller de l'avant. Le salon a eu lieu dans un hall de foire aux deux tiers vide. Par exemple, seulement 11 modèles de voitures avaient été exposés, trois fois moins que les 35 de 2007 (le salon de Tokyo a lieu à tous les deux ans).



La crise financière et l'eldorado chinois


Le Salon de l'auto de Tokyo 2011 quittera le grand hall de foire Makuhari Messe et aura lieu au Big Sight, un centre de conférence de Tokyo plus petit.

Les constructeurs automobiles non japonais avaient expliqué leur décision par leur souci d'économiser. Déplacer et installer une exposition automobile coûte des millions de dollars.

Mais la pertinence d'être présent à Tokyo était déjà remise en question depuis plusieurs années dans l'industrie et la crise financière de 2009 a juste précipité un déplacement un peu plus à l'Ouest, vers la Chine.

Les diverses restrictions et barrières qui compliquent la vente de voitures étrangères sur le marché japonais ont fait beaucoup pour rendre le Salon de l'auto sans intérêt pour les constructeurs autres que japonais. Pourquoi dépenser des millions pour impressionner un marché fermé? Depuis longtemps, les constructeurs automobiles américains et européens trouvaient que c'était cher payé pour aller jouer les faire-valoir de Toyota, Honda, Nissan, Mitsubishi, Mazda et Subaru.

Quelques mois après avoir boudé le Salon de Tokyo, en octobre 2009, et avant même que ne soit amorcée la reprise, les constructeurs internationaux ont investi des millions dans des activités promotionnelles en Chine, marché en pleine expansion et relativement ouvert (le gouvernement chinois permet aux constructeurs étrangers d'exporter et de produire en Chine si elles ont un partenaire chinois). Les Salons de l'auto de Shanghai et de Pékin sont maintenant des rendez-vous obligés.

Avec la vitalité et l'ingéniosité des constructeurs automobiles japonais, le Salon de Tokyo ne sera pas un salon régional sans importance. Mais en déménageant dans un centre de conférences plus petit, la JAMA semble prendre acte du fait que le Salon de l'auto de Tokyo est promis à un avenir beaucoup plus modeste.