En hausse de 4% en avril au Canada, le marché des ventes de véhicules neufs s'essouffle. Le premier trimestre avait été bien meilleur. Alors que Ford se porte relativement bien, certains ont du souci à se faire.

Ford est manifestement le constructeur qui a le vent dans les voiles en Amérique du Nord. Numéro un au Canada, il annonce des ventes en hausse de 24,7% au mois d'avril, comparativement à la même période l'an dernier. Mais encore une fois, ses camions légers ont nettement plus progressé (+27,5%) que ses voitures (+14,4%). Un rapport du simple au double. Dans l'absolu, Ford a vendu au Canada, en avril, 18 496 camions légers et... 4945 voitures.

Soit presque quatre fois plus. Depuis le début de l'année, Ford enregistre une augmentation totale de ses ventes de 27,7%.

Hyundai (+15,6% en avril), Kia (+18,3%) et, surtout, Volkswagen (+25,7%) surfent sur la même vague que Ford. L'Allemand progresse même de 34,6% depuis le début de l'année.

Chrysler est la surprise du mois avec un bon de 35% de ses ventes au Canada - en hausse de 25% aux États-Unis soit dit en passant.

À contrario, les grands perdants de ce mois d'avril au pays ont été Toyota (-16,8%), sa filiale Lexus (-15,5%), Honda (-4%) et General Motors (-20,4%).

Les difficultés de ces trois-là ont permis aux autres cités ci-haut d'avoir le champ libre.

Il faut néanmoins relativiser la baisse de GM. N'oublions pas qu'il est en train d'écouler ses derniers exemplaires de Saab, Pontiac, Saturn et Hummer.

Toyota et Lexus encaissent le contrecoup des rappels alors que leur politique de rabais a été finalement insuffisante. Numéro quatre au Canada, Toyota a perdu sa place de numéro deux aux États-Unis (au profit de Ford).

Honda-Acura n'a pas opté pour cette stratégie du rabais à outrance. Ce qui explique ses moins bons résultats. Même si on peut y voir une certaine sagesse.

Cette hausse des ventes de 4% est inquiétante, selon l'analyste Dennis DesRosiers, de DesRosiers Automotive Consultants. D'une part, parce que l'on a battu ce mois-ci tous les records en matière de rabais offerts. Ce qui montre que «cela n'a clairement pas marché», dit-il.

D'autre part, parce qu'avril 2009 a été le pire mois d'avril depuis 2001. Autant dire que la comparaison n'est pas flatteuse. On pourrait ajouter que le redressement de l'économie canadienne - si redressement il y a - ne se reflète pas dans les ventes de véhicules. Et quand on y regarde de plus près, on note que les mois de janvier (+6,2%), février (+24,9%) et mars (+14,1%) ont été bien meilleurs. Inquiétant, donc?

Ce qui est sûr, c'est que la bataille fait rage dans le domaine du luxe. Particulièrement entre les trois Allemands. Depuis le début de l'année, Audi affiche une progression de ses ventes de l'ordre de 52,9%. BMW suit à 33%, Mercedes-Benz à 28,3%. Mensuellement, les résultats d'Audi sont tout aussi spectaculaires avec des ventes en hausse de 38,5% en avril dernier, à 1733 exemplaires. Avec 2681 unités vendues, en hausse de 38,8%, BMW talonne Mercedes-Benz (+22,5%) qui a écoulé le plus de voitures au cours de ce dernier mois, soit 2777. Mercedes-Benz domine encore ses deux concurrents sur l'ensemble des quatre premiers mois de l'année. En terme de volume.

«Il y a une guerre des primes et rabais parmi les marques de luxe et cela pousse les ventes de la plupart de ces marques significativement à la hausse», commente Dennis DesRosiers.

La plupart des autres marques de luxe ayant de bons résultats, il vaudrait mieux scruter les ventes de tout ce beau monde en terme de revenus plutôt qu'en terme d'exemplaires vendus. «Y'en a-t-il parmi eux qui gagnent réellement de l'argent? C'est la question à poser», dit M. DesRosiers.