À peine un an après l'ajout d'une version mue par un moteur V10 à son catalogue, la R8 perd la tête. Cette troisième déclinaison de ce modèle est assemblée à l'usine allemande de Neckarsulm à raison de 20 exemplaires par jour.

Aussi plate qu'un galet, la R8 Spyder diffère des versions «couvertes» à maints égards. D'abord par son poids plus élevé - maintien de la rigidité de la caisse oblige - mais aussi sur le plan esthétique. Outre la capote en toile, on note la disparition des - très discutables - panneaux latéraux «Sideblade» et du capot moteur en plexiglas qui permettait aux amateurs de belles mécaniques de contempler le V10 dans toute sa splendeur sans même demander la permission. Avec la R8 Spyder, il faudra demander à son propriétaire pour se rincer l'oeil.

 

> Consultez la galerie photo complète de l'Audi R8 Spyder.

 

Si l'on est en droit de se demander pourquoi Audi n'a pas cru bon, à l'instar de son cabriolet A5, intégrer les petits aérateurs dans les baquets pour prolonger l'expérience de conduite lorsque les conditions climatiques sont plus fraîches, on se réjouit cependant de l'attention prêtée à nos communications téléphoniques... En effet, trois micros ont été épinglés dans la ceinture de sécurité pour bien nous faire entendre de notre interlocuteur à l'autre bout du (sans) fil...

 

Le toit de la R8 Spyder met à peine 20 secondes pour regagner son cagibi. Une opération qu'il est possible d'exécuter en roulant, à la condition expresse de ne pas dépasser les 50 km/h. Tout de même, cela demeure assez rare dans ce groupe pour être souligné.

 

Si l'on descend plus que l'on monte à bord de la R8, il reste que l'exercice se révèle beaucoup moins astreignant que celui auquel nous soumettent d'autres sportives de cette catégorie. Le volant, dont la partie inférieure est parfaitement plane, et la colonne de direction inclinable dans les deux axes facilitent l'entrée et la sortie.

 

La position de conduite à demi allongée pose le décor d'un cockpit étonnamment spacieux et richement doté à la condition, bien sûr, qu'Audi limite les options. Rien n'est moins certain. Au cours de cette prise de contact, le distributeur canadien ne pouvait encore détailler les caractéristiques de série, encore moins les options et leurs prix. Attendons voir, mais considérant le prix qui sera sans doute demandé (environ 190 000$), ce ne sont pas quelques options à 4000 ou 5000$ qui vont faire fuir la clientèle visée.

 

 

Stricte 2-places, la R8 Spyder n'autorise pas de longues escapades. Avec seulement 100 litres de volume de chargement, le coffre affiche complet en un rien de temps. Les rangements à bord ne sont pas légion, eux non plus. Alors pour son déménagement, votre belle-mère devra voir ailleurs.

 

Par son architecture à moteur central arrière, la bête frappée des quatre anneaux renvoie immanquablement à Lamborghini, marque ralliée à Audi. Si les points communs avec la Gallardo, l'un des pur-sang de la marque italienne, sont nombreux, à commencer par la structure en aluminium, la boîte séquentielle et la transmission intégrale par viscocoupleur, la R8 vise plutôt une clientèle soucieuse de l'état de ses vertèbres.

 

Au volant, la R8 mêle les cartes. Elle s'avère suffisamment rageuse pour tenir en respect ses rivales sur le plan des performances pures, mais veille aussi à rendre nos déplacements quotidiens agréables. C'est là sans doute sa plus grande force. Elle se pilote ou se conduit du bout des doigts. Elle procure une douceur d'utilisation rare dans cette catégorie où les suspensions de bois abondent. En fait, quelle que soit la suspension choisie (classique ou pilotée), la R8 ne tabasse pas ses occupants.

 

Bien que ce pur-sang ne requiert aucun mode d'emploi particulier, il faut se garder, toutefois, de l'amener avec insouciance à ses limites. Ses pneumatiques adhèrent au pavé comme du velcro et la motricité que lui procure son rouage intégral est d'une rare efficacité, mais la R8 Spyder commande le respect. La direction est rapide, mais s'allège avec la vitesse, rendant la tenue de cap aléatoire à des vitesses inavouables, faut-il l'admettre.

 

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Stricte 2-places, la R8 Spyder n'autorise pas de longues escapades. Avec seulement 100 litres de volume de chargement, le coffre affiche complet en un rien de temps.

Le V10 qui grogne dans votre dos n'émet sans doute pas des sons aussi âpres et rudes que son «équivalent» chez Lamborghini, mais assurez-vous de bien visser votre casquette, ça déménage. En moins de 4 secondes, vous êtes déjà à 100 km/h. Le party est fini, sur notre réseau routier à tout le moins. Si vous étiez ailleurs, comme nous l'étions dans le cadre de cet essai, peut-être pourriez-vous vérifier (et apprécier) que pendant qu'une Smart atteint la vitesse légale permise sur le réseau autoroutier québécois, la R8 Spyder file déjà à 250 km/h...

 

Les reprises sont tout aussi impressionnantes. La boîte R-Tronic claque ses six rapports comme autant de coups de fouet. Les passages sont brutaux et considérant le prix demandé (12 000$), nous lui préférons la boîte manuelle, plus efficace et moins sensible à la surchauffe, comme nous avons été en mesure de le constater lors d'une escapade en ville. En revanche, avec la boîte manuelle, la R8 Spyder consomme 1 litre de plus aux 100 kilomètres.

 

Les freins surdimensionné comportent des disques ventilés dotés de huit pistons à l'avant. Assez musclé pour se passer de l'option «céramique» (environ 12 000$), difficile à doser et coûteuse à remplacer.

 

Au final, considérant le prix demandé par certaines exotiques italiennes et les restrictions sur nos routes, la R8 Spyder fera amplement l'affaire. Musclée, exclusive et surtout agréable à conduire au quotidien, cette Audi n'a guère à envier aux monstres sacrés de Modène.

 

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Audi Canada.

 

ON AIME

 

Présentation minutieuse

Moteur rageur

Conduite au quotidien

 

ON AIME MOINS

Boîte R-Tronic

Coffre minimaliste

Entretien et réparation

 

CE QU'IL FAUT RETENIR

Prix: 190 000 $ (estimation)

Prix du modèle essayé: 214 000 $ (estimation)

Frais de transport: 2795 $

Garantie de base: 48 mois/80 000 km

Consommation obtenue lors de l'essai: 13,9 L/100 km (R-tronic) - 14,9 L/100 km (manuelle)

Moteur: V10 DACT 5,2 litres

Puissance: 525 ch à 8000 tr/mn

Couple: 270 lb-pi à 4500 tr/mn

Poids: 1725 kg

Rapport poids/puissance: 3,28 kg/ch

Accélération (0-100 km/h): 4,1 secondes

Vitesse maximale: 313 km/h

Mode: intégral (4 roues motrices)

Transmission de série: manuelle six rapports

Autres transmissions: séquentielle six rapports

Direction/diamètre de braquage: crémaillère/11,8 mètres

Freins/ABS: disque/de série

Pneus de série avant - arrière: 235/35ZR19 - 295/30ZR19

Capacité du réservoir/essence recommandée: 80 litres/super

Pour en savoir plus: www.audi.ca

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Le V10 qui grogne dans votre dos n'émet sans doute pas des sons aussi âpres et rudes que son «équivalent» chez Lamborghini, mais assurez-vous de bien visser votre casquette, ça déménage. En moins de 4 secondes, vous êtes déjà à 100 km/h.