Le bilan de Fiat s'améliore, mais le chiffre sous la ligne pointillée s'écrit encore à l'encre aussi rouge qu'une Ferrari...

Alors le grand patron de Fiat, Sergio Marchionne, compte sur plus de profits de la part de ses deux marques de luxe, Maserati et Ferrari, pour aider à sortir le reste de la compagnie du rouge.

 

Pour ce faire, Ferrari va lancer quatre nouveaux modèles haut de gamme, tandis que Maserati va viser un peu plus bas et offrir deux modèles à des prix relativement abordables, entre 55 000 euros (73 600$) et 70 000 euros (93 700$). On voit que ce ne sont pas encore des voitures économiques, mais c'est bien «meilleur marché» que la Maserati la moins chère, la GT, qui se vend environ 112 000 euros (150 000$).

 

C'est ce qu'a indiqué le président de Fiat, lors d'une présentation à Turin, mercredi, du plan d'affaires quinquennal de Fiat, le premier depuis que le constructeur italien a pris le contrôle de l'américain Chrysler. Ses propos ont été rapportés par le magazine spécialisé Automotive News Europe et par l'agence de presse Reuters.

 

Une nouvelle Maserati Quattroporte

 

Outre les deux nouveaux modèles moins chers, qui n'ont pas encore de nom, Maserati va lancer en 2014 une nouvelle version de son principal modèle, la Quattroporte, qui coûte actuellement entre 125 000 euros (167 000$) pour le modèle S, et 135 000 euros (181 000$) pour le modèle Sport GT S.

 

M. Marchionne veut que Maserati et Ferrari contribuent des revenus équivalents à 4,7 milliards de dollars canadiens en 2014, ce qui serait une hausse énorme (67%) comparée aux 2,8 milliards de dollars de 2009. La marge de profit combinée des deux marques est bonne, à 11,5%, mais M. Marchionne veut qu'elle monte à 15% d'ici cinq ans.

 

Pour ce qui est de Ferrari, M. Marchionne a donné un plan très détaillé de ce qu'il attend entre 2010 et 2014. Il veut que la firme élargisse la base de sa clientèle. La California sera redessinée d'ici trois ans, tandis que de nouveaux modèles prendront la place de l'Enzo (une voiture exotique de très petite série), de la Scaglietti 612 et de la GTB 599. Une déclinaison Spider du coupé 458 sera ajoutée. Aucun de ces modèles ne sera bon marché.

 

Une présentation-marathon qui a fait stresser les analystes financiers

 

La présentation de M. Marchionne a été un marathon de six heures, durant lesquelles il a décrit dans le détail les objectifs ambitieux de toutes les divisions de la compagnie, qui doit augmenter sa production totale de 40% d'ici cinq ans.

 

Son exposé a ravi les amateurs d'autos et les fans de Fiat. Alfa Roméo, Lancia, Ferrari et Maserati. Mais elle a fait se ronger les ongles aux nombreux analystes financiers aucunement intéressés par les nouveaux modèles d'autos. Ces derniers voulaient juste savoir si Fiat Autos allait être séparée des autres activités industrielles du Groupe Fiat. Il y a des années, la famille Agnelli, actionnaire principal du Groupe Fiat, avait fusionné les Ferrari avec les tracteurs de ferme, si on peut dire, en mettant Fiat Auto dans Grupo Fiat, avec les camions Iveco, le matériel agricole et la machinerie de construction CNH et les gros moteurs industriels et maritimes Fiat Powertrain Industrial.

 

La rumeur annonçait que Fiat Autos allait être séparée de Gruppo Fiat et les gestionnaires de portefeuille et autres investisseurs voulaient une clarification à ce sujet.

 

Arrivederci la ferme et viaggio sicuro les moteurs de navires

 

M. Marchionne les a fait attendre durant les six heures de sa présentation avant de cracher le morceau.

 

Au passage, il a dit ce qu'il pensait des rumeurs qui ont circulé au sujet de la nouvelle filiale Chrysler: «Bien des choses ont été écrites ces derniers mois sur Chrysler et son avenir. La communauté financière a été particulièrement active dans son anticipation des annonces d'aujourd'hui. Et, pour être honnête, certains des rapports financiers que j'ai lus, écrits par des gens que je considérais comme intelligents et raisonnables, ont pris l'allure d'articles de la presse à potins», a dit M. Marchionne, avant de décrire l'univers financier dans lequel Fiat évolue depuis 6 ans comme «des eaux infestées de requins».

 

Et c'est seulement après avoir cité à leur intention une maxime d'Albert Einstein - «l'imagination est plus importante que le savoir», qu'il a fini par dire, à la toute fin de son discours-fleuve, que les activités industrielles seraient extraites de Gruppo Fiat et lancées en Bourse dans une firme à part sous le nom de Fiat Industrial.

 

Sources: Gruppo Fiat; Automotive News; Reuters

Photo AFP

L'exposé de M. Marchionne a ravi les amateurs d'autos, mais elle a stressé les nombreux analystes financiers aucunement intéressés par les nouveaux modèles de voitures.