Les États-Unis envisagent de demander aux constructeurs automobiles d'installer un système de freinage d'urgence sur tous les véhicules vendus sur leur territoire, a indiqué mardi le secrétaire américain aux Transports, Ray LaHood.

«Nous étudions la possibilité de recommander des systèmes de freinage d'urgence sur toutes les voitures» commercialisées aux États-Unis, a dit M. LaHood mardi aux élus de la Commission du commerce, des sciences et des transports du Sénat américain.

 

Une porte-parole de M. LaHood a ajouté que l'agence de sécurité routière américaine, la NHTSA, «envisage une réglementation» à ce sujet.

 

Ce système permettrait que les freins prennent le dessus sur l'accélérateur, notamment dans le cas où celui-ci se bloquerait, pour permettre d'arrêter la voiture en cas d'urgence. Le constructeur japonais Toyota, qui a rappelé près de neuf millions de véhicules dans le monde dont six millions aux États-Unis, principalement à cause d'accélérateurs qui se bloquent, a annoncé qu'il allait installer un tel système sur certains de ses véhicules.

 

Rappels Toyota: 52 décès

 

Par ailleurs, la NHTSA a indiqué mardi avoir reçu à la fin février des plaintes attribuant aux problèmes d'accélération de Toyota un nouveau total de 43 accidents graves aux États-Unis, ayant causé 52 décès.

 

Les sénateurs ont par ailleurs largement fait référence à un article du New York Times qui a assuré, après avoir passé en revue les plaintes liées à des véhicules Toyota enregistrées sur le site de la NHTSA, que certains modèles de Camry exclus des rappels en cours pourraient avoir causé plus d'accidents graves et de victimes que les Camry rappelées.

 

M. LaHood a rappelé que la NHTSA étudiait la possibilité que des problèmes d'électronique soient liés aux cas non résolus d'accélération involontaire chez Toyota.

 

Mike Johanns, sénateur du Nebraska (centre) a quant à lui donné un ton protectionniste à l'audition en lançant que le gouvernement japonais avait «une responsabilité» dans l'affaire des rappels Toyota et devait «s'assurer que les voitures qu'il envoie à l'intérieur de nos frontières sont sûres».

 

Tokyo «ne nous a pas traités de façon juste en matière commerciale», a-t-il dit, en référence aux précédentes interdiction d'importations du boeuf américain au Japon.

 

Des sénateurs se sont aussi émus du fait que deux ex-employés de la NHTSA soient partis travailler chez Toyota, ce qui aurait pu entraîner une attitude «complaisante» de l'agence envers le fabricant japonais. «Il ne semble pas que (les activités des deux employés en question) aient été interdites par la loi», a répondu M. LaHood, admettant toutefois que les normes éthiques et la loi «devraient être renforcées» et que les employés de la NHTSA devraient se voir interdire de travailler chez un constructeur automobile «pendant un certain temps» après avoir quitté l'agence gouvernementale.

 

Les parlementaires ont également cité un document interne de Toyota daté de juillet, où le constructeur se vante d'avoir négocié avec la NHTSA pour minimiser l'ampleur de certains rappels et d'avoir ainsi économisé 100 000$.

 

Selon David Strickland, le directeur de la NHTSA qui témoignait pour la première fois aux côtés de M. LaHood pour cette troisième audition parlementaire sur Toyota en une semaine, «les accusations selon lesquelles Toyota aurait négocié (avec la NHTSA) sont fausses» et «les employés de la NHTSA travaillent de façon indépendante».

 

Toyota a finalement annoncé pour sa part avoir créé un «comité spécial pour la qualité mondiale» mené par son PDG, Akio Toyoda, auquel siègera un ancien secrétaire américain aux Transports sous l'administration de Bill Clinton, Rodney Slater.