Un grand jury fédéral américain a adressé une commission rogatoire au constructeur automobile japonais Toyota pour exiger des documents sur les défauts techniques à l'origine de millions de rappels de voitures dans le monde, a annoncé le groupe lundi.

Dans le système judiciaire des États-Unis, les grands jurys décident s'il existe ou non suffisamment de preuves pour justifier une inculpation et l'ouverture d'un éventuel procès pénal. Cette commission rogatoire a été émise le 8 février par le grand jury du district sud de New York, a précisé le groupe dans un communiqué. Toyota a par ailleurs indiqué qu'il avait reçu une requête similaire de la part de la Securities and Exchange Commission (SEC), le régulateur boursier américain.

 

La commission rogatoire concerne «les documents relatifs au système de freinage de la Prius et les dysfonctionnements des accélérateurs», a expliqué Toyota. La requête de la SEC concerne quant à elle «les dysfonctionnements des accélérateurs et nos pratiques de divulgation des informations», a-t-il ajouté.

 

«Notre entreprise et nos filiales sont prêtes à coopérer sincèrement avec les enquêtes, et sont en train actuellement de préparer leur réponse», a encore fait savoir Toyota dans ce communiqué adressé à la Bourse de Tokyo.

 

Toyota est visé aux Etats-Unis par de nombreux recours collectifs de la part d'automobilistes qui lui reprochent d'avoir tardé à révéler l'existence de défauts techniques sur ses véhicules. Si l'on en croit ces plaintes, ces défauts auraient provoqué au moins 34 morts sur les routes.

 

Toyota a dû rappeler depuis l'automne quelque 8,7 millions de voitures dans le monde, notamment son célèbre modèle hybride Prius, en raison de défauts dans le système de freinage ou les pédales d'accélération.

 

Le patronat japonais demande des réponses sincères de Toyota

 

Le PDG de Toyota, Akio Toyoda, doit témoigner mercredi devant une commission de la Chambre des représentants américaine qui enquête sur ces problèmes. M. Toyoda «doit s'efforcer de gagner la compréhension des consommateurs américains en révélant sincèrement les faits» au cours de son témoignage, a affirmé lundi au cours d'une conférence de presse le président de la principale organisation patronale du Japon, le Nippon Keidanren, Fujio Mitarai.

 

«Ce sera un dur moment, mais aucune mauvaise question ne sera posée. Il sera important de répondre sincèrement à chaque question», a-t-il ajouté.

 

Dans des documents internes dont l'existence a été révélée dimanche, le constructeur nippon se vante d'avoir minimisé l'impact financier de précédents rappels grâce à des actions de lobbying à Washington. Dans cette présentation effectuée l'an dernier, le patron de Toyota en Amérique du Nord affirme que le groupe a économisé 100 millions de dollars en négociant avec les autorités américaines un rappel limité pour les modèles Camry et Lexus ES en 2007 affectés par un défaut.

 

«Il est encore trop tôt pour commenter ces derniers documents internes, a estimé Tatsuya Mizuno, analyste chez Mizuno Credit Advisory. Mais s'ils viennent à être considérés comme une autre tentative de Toyota pour dissimuler des choses, cela va porter un nouveau coup à l'entreprise. Toyota n'est pas seulement confronté à un problème technique, mais aussi à un problème de gouvernance», a-t-il jugé.