Toyota peut bien penser et dire qu'elle a agit volontairement en suspendant, mardi, la vente de huit modèles frappés d'un rappel massif. Mais la loi américaine ne lui laissait aucun autre le choix.

C'est ce que rapporte le quotidien Detroit News. Le journal cite deux hauts responsables du gouvernement américain

Le premier affirme que Toyota était légalement obligée, aux États-Unis, d'arrêter de vendre les véhicules dont elle a annoncé le rappel le 21 janvier. Le rappel vise 2,3 millions de véhicules aux États-Unis (et 270 000 au Canada).

Le président de la National Highway Traffic Safety Administration, David Strickland, a déclaré que Toyota a pris «la bonne décision, moralement et légalement», en stoppant les ventes et la production des RAV4, Corolla, Matrix, Avalon, Camry, Highlander, Tundra et Sequoia. M. Strickland, qui est cité par le bureau du Detroit News à Washington, a ajouté que Toyota «se conforme à la loi. Ils nous ont consultés, nous les avons informés de leurs obligations et ils s'y sont conformés».

Ces huit modèles représentent 60% des ventes de Toyota en Amérique du Nord et M. Strickland a qualifié le geste posé par Toyota de «décisif», selon le quotidien de Detroit, une ville où les constructeurs étrangers sont perçus comme des menaces pour l'emploi local.

Le Detroit News met la description faite par M. Strickland en contraste avec la déclaration du porte-parole de Toyota aux États-Unis, John Hansen, selon qui la décision était volontaire.

«Une Toyota Prius traitée comme un petit bébé»

Par coïncidence, M. Strickland, le nouveau patron de la NHTSA, a fait sa première allocution publique à Washington, au lendemain de l'annonce de Toyota. Cette première apparition publique était prévue d'avance. Détail intéressant, le haut-fonctionnaire a indiqué au Detroit News qu'il conduit «une Toyota Prius traitée comme un petit bébé».

Les huit modèles visés par l'arrêt de production représentent 60% des ventes de Toyota en Amérique du Nord. Ils sont munis d'une pédale d'accélérateur potentiellement dangereuse, dans certaines circonstances «rares», selon Toyota.

L'autre dirigeant gouvernemental cité par le Detroit News et le Detroit Free Press est le ministre des Transports fédéral américain, Ray LaHood, interviewé par une station de radio de Chicago: «La raison pour laquelle Toyota a décidé de procéder au rappel et de stopper la production, c'est que nous leur avons demandé de le faire», a dit le ministre à la station WGN.

Pas encore de solution au problème

L'obligation légale, pour Toyota, de suspendre la vente des modèles rappelés découle du fait qu'elle n'a pas encore précisé à la NHTSA comment elle va s'y prendre pour régler le problème mécanique. Les concessionnaires doivent avoir la solution technique précise et définitive au problème, quand sera en marche le rappel des 2,3 millions de véhicules déjà sur les routes américaines.

À ce sujet, un porte-parole de Toyota a indiqué que trouver cette solution était «une question de semaines, pas de mois».

Le Detroit News a demandé au président de la NHTSA pourquoi Toyota n'avait pas cessé de vendre les huit modèles la semaine dernière, dès qu'elle a annoncé le rappel. «À ce stade-ci, vous devriez vous adresser à Toyota au sujet de ces décisions», a répondu M. Strickland. «Nous continuons à travailler et correspondre avec Toyota.»

M. Hansen, le représentant de Toyota, a expliqué au quotidien que la décision de suspendre les ventes avait pris un certain temps. Il a noté que tous les rappels de sécurité n'obligent pas l'interruption des ventes, et qu'en fin de compte, Toyota avait estimé qu'elle était tenue de le faire dans ce cas-ci.

Toyota dit avoir agi «très vite»

Le porte-parole de Toyota fait aussi remarquer qu'un rappel «découle d'une suite complexe de documentation et de rapports. On a déposé le rappel la semaine dernière» (le 21 janvier) «et on a suspendu les ventes hier» (le 26 janvier). «Tout ça s'est passé très vite.»

«Nous estimions qu'il nous fallait agir ainsi pour redonner une mesure de confiance à nos clients et leur montrer que nous prenons ceci très sérieusement», a dit M. Hansen.

Toyota doit maintenant décider si elle ordonnera ou non un rappel en Europe. Son rapport remis à la NHTSA indique que des signalements techniques lui sont parvenus à partir de décembre 2008 au sujet des pédales d'accélérateur des versions anglaises (conduite à droite) de ses modèles Aygo et Yaris.

L'an dernier, Toyota a décidé de changer de matériau dans la fabrication d'une pièce de ces modèles européens. Les événements récents pourraient l'inciter à aller plus loin.



Source: The Detroit News