Le boom attendu des ventes de voitures en Inde, le troisième plus gros marché automobile d'Asie après la Chine et le Japon, enthousiasme les constructeurs mondiaux mais fait craindre le pire pour la circulation, qui frôle déjà l'apoplexie, et la déplorable sécurité routière.

Les ventes de voitures en Inde ont bondi de 40% en décembre par rapport au même mois de l'an dernier, à 115 268 unités, selon des chiffres publiés par la fédération indienne des constructeurs automobiles (SIAM). Selon de récentes prévisions de la fédération, les ventes, qui se montent à 1,8 million par an, devraient plus que doubler d'ici 2016, à la faveur de l'émergence d'une classe moyenne indienne et d'une ferme croissance économique depuis quelques années.

 

Les constructeurs mondiaux, déprimés par la mollesse des marchés occidentaux depuis le début de la crise économique, accourent sur le marché les uns après les autres, s'engouffrant avec enthousiasme sur le créneau de la petite citadine économique.

 

L'indien Tata avait fait sensation voici deux ans en dévoilant sa Nano, la voiture la moins chère du monde (environ 2000 dollars dans sa version de base) destinée aux familles indiennes qui s'entassent sur des mobylettes ou des triporteurs, faute de moyens pour s'acheter une voiture.

 

La Banque mondiale estime que le trafic routier dans les villes indiennes a augmenté de 15% par an depuis les dix dernières années, réduisant la vitesse moyenne des automobilistes aux heures de pointe de 5 à 10 km par heure. Alors que les grands axes routiers sont déjà saturés, dans un pays où moins de 10 personnes sur 1000 possèdent une voiture (contre 600 à 800 voitures pour 1000 habitants dans les pays occidentaux), quelle sera la circulation future?

 

Le ministre des Routes, Kamal Nath, a reconnu la semaine dernière «un déficit des infrastructures routières» en Inde, en marge de l'inauguration du 10e salon AutoExpo de New Delhi. L'Inde a un programme d'investissement de 500 milliards de dollars pour améliorer son réseau, avec l'objectif de construire 7000 km de nouvelles routes par an. Mais le pays en construit actuellement 9 km par jour quand il en faudrait 20 pour atteindre cet objectif.

 

Les routes indiennes, majoritairement des deux voies, ne sont pas non plus propices aux courses de vitesse, les automobilistes parcourant en général une cinquantaine de kilomètres par heure. Les camions et les bus, eux, plafonnent en général à 35-40 km/h.

 

Défi de sécurité

 

Une explosion du nombre de voitures sur les routes va aussi faire de la sécurité routière un impératif catégorique. Selon le ministre des Routes, il se produit chaque minute un accident grave et tous les quatre minutes une personne meurt lors d'un accident.

 

Parallèlement au salon AutoExpo, qui se tient jusqu'à lundi, la SIAM a organisé une semaine de la sécurité routière dans la capitale fédérale, rappelant sur des banderoles situées au carrefour le respect des feux de jour comme de nuit, la non consommation d'alcool au volant et le port de la ceinture.

 

«La sécurité routière est un problème très complexe car il inclut trois acteurs différents: les conducteurs, les constructeurs et les utilisateurs de la route» comme les carrioles, les piétons ou les paysans avec leur bétail, commente Pawan Goenka, président de la SIAM.

 

Pour le vice-président de Fiat India, Ravi G. Bhatia, la situation s'améliore: «on voit monter une nouvelle discipline au volant», assure-t-il.