L'homme que tout le monde craint chez General Motors, le président par interim Ed Whitacre, n'a pas pris de temps pour brasser les cartes à la direction du constructeur automobile fondé il y a 101 ans.

Trois jours après avoir exigé le départ du président Fritz Henderson, M. Whitacre, président du conseil d'administration, a fait plusieurs promotions qui auront comme effet de tester les cadres actuels de GM, avant de leur demander des comptes.

Le quotidien Wall Street Journal rapporte que M. Whitacre a dressé son nouvel alignement de cadres «en quatre heures». Le changement le plus visible annoncé par GM ce matin est le transfert du très populaire Robert Lutz (surnommé «Bob Maximum Lutz» par la presse automobile), qui cesse de diriger le marketing et retourne au développement de nouveaux produits. Cela le remet dans ce qui a été son travail durant l'essentiel de la dernière décennie.

M. Lutz, ancien pilote de chasseur-bombardier dans les Marines, ancien pilote de course est immensément populaire parmi les employés de GM et est la darling absolue de la presse automobile américaine, pour son franc-parler. Il avait été nommé responsable du marketing par l'ancien président de GM Fritz Henderson il y a huit mois.

Bob «Maximum» Lutz demeure un joueur-clé

Mais M. Whitacre, qui a assumé la présidence par intérim de GM mardi, l'a réaffecté. « Bob Lutz retourne à un rôle plus près de la conception de nouveaux véhicules », a dit une source anonyme de GM au Wall Street Journal. «Il demeure un joueur-clé dans l'équipe et joue encore un rôle très important (...) mais il ne fera plus de marketing.»

Outre ses fonctions au développement des nouveaux produits, M. Lutz demeure vice-président du conseil d'administration et devient conseiller spécial de M. Whitacre.

L'énergique septuagénaire Lutz avait d'abord prévu de prendre sa retraite cette année, mais avait été convaincu de rester à bord par Fritz Henderson il y a huit mois, dans le but apparent de maintenir une certaine continuité chez le plus gros des Trois de Detroit. Rappelons qu'à l'époque, GM se restructurait sous la protection du chapitre 11 de la Loi américaine des faillites.

M. Whitacre, nommé en juillet président du conseil d'administration de GM par le gouvernement américain, a exigé mardi le départ de M. Henderson parce qu'il exige une transformation plus rapide et plus profonde de la culture corporative de GM.

Ed Whitacre

Pas de congédiements pour l'instant

Selon le Wall Street Journal, le remaniement annoncé aujourd'hui par GM ne prévoit pas de congédiements pour le moment, mais reflète la volonté de M. Whitacre de confier à des leaders plus jeunes et plus forts des rôles de premier plan chez GM.

«Je veux donner aux gens plus de responsabilité et une autorité allant plus loin dans l'organisation, et ensuite leur demander des comptes», a écrit M. Whitacre dans un communiqué diffusé par GM vendredi. Cette méthode ressemble à ce que le pdg de Fiat et de Chrysler, Sergio Marchionne, a fait chez le constructeur italien il y a plusieurs années, et fait en ce moment chez Chrysler. C'est aussi une méthode employée par M. Whitacre quand il dirigeait le géant des télécoms AT&T.

Le remaniement ordonné hier par M. Whitacre crée à nouveau une direction spécifique de GM pour l'Amérique du Nord.

Parmi les principales promotions chez GM, Mark Reuss, 46 ans, qui devient président de GM Amérique du Nord. Il a brièvement dirigé l'ingéniérie du groupe après avoir été le patron de Holden Motors, la filiale de GM en Australie et en Nouvelle-Zélande. Mark Reuss est le fils de l'ancien président de GM Lloyd Reuss.

Une canadienne au sommet

La canadienne Susan Docherty, qui était déjà vice-présidente aux ventes américaines, se rapportera à M. Reuss et est elle aussi promue. Elle sera désormais responsable des ventes, du service et du marketing des véhicules pour toute l'Amérique du Nord.

Par ailleurs, dans une décision qui semble signaler une centralisation des fonctions autour du président par intérim, le vice-président aux communications Chris Preuss et toute son équipe sont retirés du département de marketing et se rapportent désormais directement à M. Whitacre.

Sur l'autre rive de l'Atlantique, le britannique Nick Reilly, très impliqué dans la restructuration de la filiale européenne Opel/Vauxhall, devient président de GM Europe. Il était président intérimaire d'Opel/Vauxhall depuis le mois dernier, à la suite de l'éviction de l'allemand Carl-Peter Forster. Forster avait ardemment soutenu le projet de vendre Opel à l'équipementier canadien Magna, jusqu'à ce que GM décide en fin de compte de garder Opel.

M. Reilly est remplacé à la tête des «opérations internationales» par Tim Lee, anciennement chargé de toutes les activités de production, qui a désormais autorité sur l'Asie-Pacifique, l'Amérique latine, l'Afrique et le Moyen-Orient, après avoir chapeauté les activités manufacturières du groupe à l'international.

Le directeur financier Ray Young, qui était donné sur le départ, est quand à lui confirmé dans ses fonctions.

Pour lire le communiqué de presse de GM, cliquez ici.

Avec AFP et Bloomberg

La canadienne Susan Docherty