Ferrari ne laisse pas grand-monde indifférent et bien des passionnés d'automobiles pensent que Ferrari est synonyme de «trop»: trop flash, trop puissant, trop arrogant, trop latin, trop rouge, trop cher... Mais on dira ce qu'on voudra, il y a certaines choses que seul un Italien peut faire avec panache. Par exemple, annoncer un rappel sur 2400 Ferrari 355 et 355F1 construites de 1995 à 1999.

Dans un rappel rendu public le 27 novembre, le constructeur de voitures sport de grand luxe Ferrari demande aux propriétaires de F355 et de F355F1 d'aller visiter leurs concessionnaires, afin que ces derniers installent des cloisonnettes de partition à certains endroits le long du tuyau amenant l'essence au moteur.

Ce rappel est très inhabituel: normalement, un rappel implique un erreur de conception ou de fabrication ou l'incapacité de satisfaire les normes de sécurité. Mais ce n'est pas le cas ici.

Les héritiers spirituels d'Enzo Ferrari ne le disent pas comme ça, mais dans les faits, ils veulent rendre leurs voitures à l'épreuve des mécaniciens imbéciles qui sévissent dans certains ateliers de réparation.

Dans une lettre envoyée le 19 novembre à la National Highway Traffic Safety Administration américaine, Ferrari explique avoir découvert le problème quand il a été poursuivi au civil par un conducteur ayant subi des brûlures durant un incendie. Ferrari explique qu'elle a réglé l'affaire à l'amiable. Mais, en examinant les documents et déclarations fournies par le plaignant, le constructeur italien a voulu savoir comment la voiture avait pu prendre feu et a découvert l'erreur du mécanicien.

Or, il se trouve que lors d'une réparation précédent l'incendie, un mécanicien privé n'ayant aucun lien avec Ferrari a mal installé «des brides à vis situées à proximité de la canalisation d'essence et qui fixent le tuyau d'eau à la connexion du thermostat».

La lettre de Ferrari aux autorités routières américaines est rédigée avec un peu de morgue. Juste assez pour laisser sentir que les hommes en rouge sont choqués à l'idée d'un mécanicien indigne posant ses grosses pattes incompétentes sur une de leurs voitures.

L'erreur était «extrêmement étrange et aurait dû être évidente; tout technicien raisonnablement compétent l'aurait évitée», écrit le directeur technique Adam Rowley à la NHTSA. Ferrari «croit que l'erreur commise par cette échoppe était tellement claire et évidente qu'une répétition est improbable en l'absence de grossière négligence».

Et vlan!

D'ailleurs, la firme ajoute n'être au courant d'aucun autre incident du genre aux États-Unis, impliquant «une installation aussi grossièrement déficiente». Par contre, un porte-parole a dit au quotidien New York Times que Ferrari a déjà vu cette réparation incorrecte ailleurs au monde.

Quoi qu'il en soit, il reste qu'une répétition de cette gaffe, si improbable soit-elle, pourrait endommager la canalisation d'essence d'une de ses bagnoles et, peut-être, laisser couler de l'essence dans le compartiment moteur. Ce qui pourrait causer de la fumée et, dans les cas extrêmes, du feu.

Alors Ferrari a élaboré une modification qui, entre autres choses, aurait l'avantage de prévenir toute réparation négligente à l'avenir. Une Ferrari à l'épreuve des mauvais mécanos. Et à l'épreuve des poursuites en dommages et intérêts.

On a beau dire, Ferrari se donne le beau rôle dans cette affaire. Allez sur YouTube et faites une recherche avec «Ferrari» et «fire», la récolte est abondante.