Ce n'est pas demain la veille que les amateurs de véhicules dont le volant est à droite pourront circuler impunément avec n'importe quelle voiture du genre. L'interdiction de circuler sur la voie publique avec celles débarquées au Québec après le 28 avril dernier est prolongée. Au grand dam de certains.

Par arrêté ministériel, sur recommandation de la SAAQ, le ministère des Transports interdit pendant six mois supplémentaires « l'accès aux chemins publics aux véhicules routiers munis d'un poste de conduite à droite ». Échappent à cette réglementation, essentiellement, les véhicules du genre immatriculés au Québec avant le 29 avril 2009 ; les véhicules immatriculés à l'extérieur de la province ; et les véhicules fabriqués 25 ans et plus avant la date de leur importation au Canada.

 

Un arrêté similaire a été déposé il y a six mois. Il visait particulièrement les voitures sportives japonaises construites au tournant des années 90 ainsi que les petites camionnettes que sont les kei trucks. Pour justifier cette suspension, la SAAQ avait estimé que ces véhicules n'offraient pas la sécurité des véhicules de promenade.

 

Six mois plus tard, après avoir évalué les véhicules en question, la SAAQ a déterminé que le risque d'accident avec une voiture dont le volant est à droite est de 30 % plus élevé qu'avec un véhicule semblable dont le volant est à gauche, a appris L'Auto. Cette étude, en cours de rédaction, devrait être rendue publique d'ici deux ou trois semaines. Cette conclusion et cet échéancier forcent la prolongation de l'interdiction. Les autorités gouvernementales laissent la porte ouverte à de nouveaux commentaires durant cette période. « On veut des commentaires constructifs, des suggestions pour diminuer ce risque d'accident », a dit Gaëtan Bergeron, chef du service Ingénierie des véhicules à la SAAQ.

 

Haro sur les véhicules "légers"

 

Opposée à cet arrêté, l'Association des propriétaires de véhicules importés du Québec (APVIQ) ne comprend pas l'ajout d'une restriction qui s'applique aux véhicules dits « légers », identifiés par une taille qui n'excède pas 3,4 m de longueur et 2 m de hauteur et par une cylindrée de 660 cm3 ou moins et ce, peu importe à quel moment ils ont été immatriculés. Le nouvel arrêté stipule que ceux-ci ne peuvent emprunter des axes routiers dont la vitesse maximale est de plus de 70 km/h.

 

Propriétaire d'une Suzuki Cappuccino dont le volant est à droite, Nicolas Mailloux va devoir l'immatriculer comme véhicule à circulation restreinte. « Heureusement que ce n'est pas mon seul véhicule, a lancé le porte-parole de l'APVIQ. Je pensais avoir un droit acquis, et finalement je ne l'ai pas. Jusqu'où ça va aller ? »

 

Cette restriction vise les kei trucks et kei cars qui ne répondent pas aux normes de sécurité, dit-on du côté de la SAAQ. « L'homologation n'est pas du ressort de la province », a fait remarquer Nicolas Mailloux.

 

Pour George Iny, le problème fondamental n'est pas la conduite à droite mais la performance. « Si on avait du courage, on interdirait la vente de véhicules super puissants à des gens qui ont le permis depuis moins de cinq ans», a souligné le président de l'Association pour la protection des automobilistes.