Espèce en voie de disparition, folie réservée aux célibataires, mâles et latins de préférence? Vous n'y êtes pas du tout. Les constructeurs ont fait leurs comptes. Certes marginal, le marché de la décapotable résiste un peu mieux à la crise que les voitures destinées à monsieur Tout-le-Monde. D'ailleurs, il ne cesse de progresser. Les deux protagonistes de ce match ne sont-elles pas la preuve de cette demande boulimique pour tout ce qui décoiffe?

Même si nous n'accordons à l'esthétique aucun point dans notre classement, il n'en demeure pas moins que dans cette catégorie, c'est l'apparence qui importe. Tout comme certaines voitures sport exotiques, les cabriolets sont abordés au premier degré, jugés au premier coup d'oeil, achetés au premier regard. Une fois décapoté, aucun modèle ne peut laisser indifférent.

 

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Vie à bord

 

Ce match entre la G37 et la S5 amène inévitablement à se pencher sur le choix de capote des deux constructeurs. Très tendance, la marque japonaise cède à la mode des toits en dur, alors que le constructeur allemand préfère le souple. Deux approches que notre collègue Jean-François Guay analyse dans le cadre de l'après-match, plus loin dans ce cahier.

 

S'il permet de concilier les avantages d'un cabriolet et d'un coupé, le toit en dur escamotable impose des contraintes de style délicates à maîtriser dans le cas d'un véhicule quatre places. En outre, il réduit grandement la capacité du coffre. L'avantage de la toile par rapport à un toit rigide est qu'elle permet de préserver les places arrière et de garder un coffre convenable; sans compter qu'une capote en toile est moins complexe et moins coûteuse à réparer en cas de bris ou de panne. En revanche, malgré le soin apporté à la confection de la toile, celle-ci demeure moins imperméable aux bruits extérieurs et plus «sensible» aux actes de vandalisme.

 

Le choix du couvre-chef aidera sans doute certains acheteurs à prendre leur décision, mais d'autres facteurs sont également à considérer. Au quotidien, ces deux cabriolets sont-ils faciles à vivre? En d'autres mots, peut-on, à leur volant, s'affranchir des saisons et retrouver certaines fonctionnalités si chères au commun des automobilistes? La réponse mérite d'être nuancée. Sans prendre une avance déterminante, la S5 se révèle la plus agréable au jour le jour. Plus riche en accessoires (cela a un prix qui sera sévèrement jugé par la suite dans notre section budget, comme en fait foi notre tableau de pointage), l'allemande offre des détecteurs d'angle mort pour pallier la visibilité déficiente des cabriolets, une fois leur toit en place, et de vrais appuie-tête aux places arrière. La S5 offre par ailleurs plus de rangement à bord (y compris à l'arrière) que la G37, ainsi qu'une meilleure habitabilité. «Complètement ridicule», a dit un de nos essayeurs invités en réalisant, toit baissé, que sa mallette ne pouvait se glisser sous le lourd couvercle de la malle de la G37. Sans être un gouffre, l'espace de chargement de l'Audi est nettement plus vaste et pratique. De fait, contrairement à la G37, la S5 autorise le rabat des dossiers de la banquette arrière pour loger, disons, une ou deux paires de skis et quelques sacs de voyage (pas trop gros tout de même!).

 

 

La G37 prend sa revanche sur la S5 au chapitre de l'ergonomie. Ses commandes, moins nombreuses il est vrai, sont plus intuitives et donc plus facilement identifiables que celles de l'Audi.

 

Tant qu'il y aura du soleil

 

Comment faire de la vitesse sur des routes truffées de radars? Avec le cabriolet, vous trouverez la solution: le simple fait d'ôter la capote offre à 80 à l'heure la sensation de rouler à 160. On sent la chaleur, le vent, les odeurs et parfois même le froid. Surtout à bord de l'Audi qui, lorsqu'elle est privée d'un pare-vent, expose plus que la G37 ses passagers arrière au vent et à la double otite...

 

On l'a déjà dit, la S5 est dotée d'un rouage intégral (quatre roues motrices) qui, il va sans dire, en fait un véritable cabriolet quatre saisons par rapport à la G37, qui compte (pour l'instant du moins) sur ses seules roues arrière motrices.

 

Sous un soleil, même blafard, l'architecture de la G37 révèle cependant une routière plus sportive que la S5. Sa direction, plus ferme et moins sensible aux imperfections de la chaussée, permet de cisailler les virages avec plus d'assurance; de plus, son rayon de braquage plus court rend les manoeuvres de stationnement plus aisées. Certains reprocheront sans doute à la G37 un roulement plus ferme qui se prête moins à la détente généralement associée à la conduite d'un cabriolet, mais il n'en demeure pas moins que des deux, c'est elle qui offre la meilleure tenue de route, la meilleure rigidité et l'agrément de conduite le plus relevé. Même si elle compte sur la technologie «Drive Select» qui permet notamment de modifier l'amortissement et la démultiplication de la direction, la S5 n'offre pas un «toucher de route» aussi précis que celui de la G37. Bref, l'Infiniti vire plus vite, freine mieux et accélère plus fort (malgré son déficit de couple) que la S5.

 

Pourtant, sur papier, la S5 promet d'être aussi, sinon plus sportive encore. Son moteur, un six-cylindres suralimenté par compresseur, offre non seulement sa puissance à l'intérieur d'une plage de régimes moins élevée, mais aussi beaucoup plus de couple. Toutefois, le rapport poids-puissance de l'allemande se trouve - malgré le poids incroyablement élevé de nos protagonistes - à la remorque de la japonaise. Cette dernière compte, il faut le reconnaître, sur une mécanique atmosphérique envoûtante par sa musicalité, sa réactivité et son «authenticité», ajouteront les puristes qui abhorrent les mécaniques aux performances dopées par des artifices extérieurs (compresseur ou turbocompresseur).

 

Pour transmettre puissance et couple aux roues motrices, Audi et Infiniti ont recours à une boîte semi-automatique à sept rapports. Les deux s'attirent des louanges pour leur souplesse et leur efficacité, mais celle de l'Infiniti nous est apparue, comme le moteur, plus réactive que celle de l'Audi. Mentionnons aussi que le constructeur japonais est le seul à offrir à l'acheteur (ou l'acheteuse) le choix d'une boîte manuelle.

 

Budget

 

Pénalisée pour sa consommation légèrement plus élevée, la G37 procure cependant une plus grande autonomie grâce à son plus grand réservoir. En outre, la japonaise se négocie à bien meilleur prix que la S5. En revanche, la valeur résiduelle de l'Audi est beaucoup plus élevée que celle de l'Infiniti, ce qui tend à réduire l'écart.

 

Au chapitre de la garantie et du réseau, l'allemande a l'avantage sur sa rivale nippone, qui a néanmoins le mérite d'offrir une garantie sur le groupe motopropulseur beaucoup plus généreuse que celle offerte par Audi (72 mois/110 000 km par rapport à 48 mois/80 000 km).

 

Au final, la S5 l'emporte devant la G37, mais non de manière très convaincante. Plus fonctionnelle, mieux adaptée à notre climat et à nos réalités quotidiennes, l'Audi pèche par un comportement moins herculéen que ne le laissait sous-entendre son label S. À ce chapitre, la G37, sans déployer autant de muscles, fait aussi bien. Dommage que l'aspect pratique (le volume de son coffre surtout) ait été à ce point négligé.

 

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L'Auto tient à remercier Jean-François Guay pour sa participation à la préparation de ce match.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale, La Presse

Les cabriolets d'aujourd'hui n'ont rien de spartiate. Ils disposent d'une puissante soufflerie capable de réchauffer l'intérieur de l'habitacle.